Il y avait trois os dans le borsch : le bouclier anti-missiles implanté en Pologne et Tchéquie pour parer les tirs balistiques iraniens, la réduction des stocks de têtes nucléaires entre les deux "grands" à l'échéance rapprochée des Start-1 et la libre-pratique de l'espace aérien russe vers le théâtre d'opérations afghan. Les Russes ont abouti sur leurs arrière-pensées et ce serait faire injure aux staffs du Pentagone et du Département d'Etat de prétendre qu'ils les ignoraient. Reste la question qui tue : Barack Obama croit-il ses technocrates ? Normalement oui, puisqu'il en est un autre.
Nous n'entrerons pas dans une dispute sur la pertinence du bouclier, une idée de Ronald Reagan. Il eut été certainement plus efficace d'inviter la Russie, l'Allemagne et le Royaume-Uni dans le schmilblick Starwars, sinon au départ du moins aujourd'hui. Les Russes retirent de leurs entretiens avec les Américains que le projet reste porté par l'Administration Obama pour la même raison stratégique, l'Iran aura un jour la bombe, et donc que la recherche et développement symétrique d'un missile perceur de bouclier ne lui sont pas interdites. Le motif n'est que de maintenir la dissuasion (tous azimuts) au niveau requis. Cette course entre le canon et le blindage est vieille comme la poudre et coûte cher. Justement, les accords dégagent les crédits.
La réduction paritaire des têtes nucléaires est un cadeau à la Russie puisque, vu les quantités en stock, on entame l'overkill. Or maintenir pareil stock n'est plus à la portée d'une "superpuissance" dont le PIB reste inférieur à celui de l'Italie (38% de retard fin 2008 sur la Péninsule). Détruire ces stocks (sur crédits américains comme Start-1 ? Pourquoi pas ?) est une excellente affaire financière pour le budget central et les vecteurs et têtes maintenus suffiront largement à dissuader quiconque pour longtemps : 1100 vecteurs et 1650 têtes nucléaires à terme, contre 1600 et 2790 aujourd'hui. A-t-on parlé du nouveau missile balistique russe RS-24 à charges mirvées pour passer le bouclier ? Sans doute, le voici en image sur plateforme Topol.
Que penser de la percée diplomatique de l'équipe Obama sur l'épineux problème afghan ? Que du bien puisque désormais les Américains pourront passer par le ciel russe pour se ravitailler. Un diplomate russe vous dirait que de graisser le piège à loup facilite plutôt la prise. La Russie s'est épuisée à détruire le système narco-féodal afghan et le régime moderne qu'elle installa à Kaboul ne survécut pas à son retrait. L'Amérique joue sur le même échiquier, un état narco-féodal pourri depuis la tête, un régime social dont la libéralisation doit être maintenue ouverte comme on le fait en piste et à mains nues de la gueule du lion, et une accumulation de moyens dans certaines limites budgétaires destinés à contrer l'accumulation de guérillas sans limites connues. Si l'Amérique s'enfonce, elle y perdra sa puissance hégémonique, et même son "aura". Et les Russes pensent qu'elle s'enfoncera.
Il fallait s'occuper d'al-Qaïda et aller les détruire jusque dans les chiottes, puis laisser les ruines fumer pendant dix ans ! Pour y atteindre le Pentagone devait mettre en question la souveraineté illusoire du Pakistan sur les FATAs¹ en effaçant la frontière des cartes aériennes. Question de légitime défense. Au lieu de quoi on prêcha la croisade, et nous partîmes gais et contents, derrière Chirac...
Avant de quitter la région, Obama dut apprécier la résistance mentale de son amie la Turquie à qui personne n'avait rien demandé mais qui s'est jetée aux pieds de l'Empereur de Chine en condamnant les désordres provoqués au Turkestan oriental par le peuple ouïghour, peuple turc le plus à l'Est ! Bizness oblige ! Pour s'aplatir nous savons faire, inutile de rechercher pareil renfort pour l'Europe. Méditons plutôt sur l'exigence de puissance pour tout pays ayant l'ambition d'échanger avec les autres et craignons que la nôtre ne soit plus qu'un hologramme.
Tout le reste de la rencontre est du pipeau journalistique, aucun des locataires du Kremlin n'a besoin de rencontrer Obama pour le connaître et réchauffer des relations douchées par la résilience de l'Ours au Caucase ! Pensez que toute la bureaucratie suprême russe provient de l'ex-KGB.
Note (1): zones tribales autonomes administrées par Islamabad.
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Graisser le piège ! C'est un sibérien qui a dit ça ? Parce qu'il s'agit bien pour le tandem Poutine-Medvedev de prendre le Yankee au piège afghan !
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