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Bonus à gogos

On a fait fort lors de la réunion des banques à l'Elysée. Les gnomes en soupente ont vendu à l'omnispécialiste le bonus-malus du dioxide de carbone ou des primes d'assurances applicable aux primes des traders. Comme tout ce qui descend des galetats du cabinet noir la mesure sur son épure a des allures d'usine à gaz :
« En réalité, ce système va consister à étaler dans le temps les bonus perçus par les traders. A la fin d’une année donnée, le trader recevra un tiers du bonus qui lui est dû en cash. Les deux autres tiers lui seront versés sous la forme d’actions durant les deux années suivantes. Et ces titres ne pourront eux-mêmes pas être vendus avant deux ans. Au cours des deux ans pendant lesquels le trader attend les deux derniers tiers de son bonus, un certain nombre de critères seront contrôlés. Il s’agira par exemple de vérifier que le bonus perçu correspond bien à un bénéfice ou bien encore de contrôler les conditions de sa performance. Si les critères (dont aucune liste n’a été rendue publique, ndlr) n’ont pas été respectés, le trader peut perdre tout ou partie des deux tiers qu'il lui reste à percevoir. » (source 20minutes.fr)
trader

Le prurit réglementaire français convaincra-t-il les autres places financières lors du G20 du 24 septembre à Pittsburgh ? Poser la question c'est déjà rire un peu. On déteste notre foutoir bureaucratique autant que notre irrésistible propension à donner la voie à suivre. Les primes font partie des contrats de trading et motivent les acteurs qui se défoncent comme des malades pour s'établir dans ce monde ingrat avant l'âge de 40 ans. J'en connais un personnellement à Canary Wharf et son histoire est édifiante. Maîtrise de math en poche, il végétait comme pion à Louis le Grand en attendant que sa recherche d'emploi percute enfin, quand un copain le convainquit de prendre le train pour Londres et de faire le tour des banques. Le master intéressa tout de suite une des grandes banques de la City et il fut engagé au back office pour faire des mathématiques appliquées au marché, auxquelles je ne comprends d'ailleurs rien. Le salaire est copieux et les deux premières années la prime annuelle fut de 200.000 livres sterling. La troisième année, on lui confia le back office de Madrid car c'est un bon, et la prime monta !
Mais c'est du soixante heures par semaines et vingt jours de vacances qu'il passe en plongée au fond de la Mer Rouge ! Chasser le poisson vivant c'est son truc. Il ne mange que du poisson frais, pour le phosphore ! Il sait qu'il n'ira pas jusqu'à soixante ans à ce train, mais qu'il aura une belle maison-piscine quelque part dans le monde libre, et peut-être une gouvernante pour la tenir, une bonne pour ses enfants, une femme normale et de l'argent qui travaillera gentiment dans un paradis tropical. Il suffit d'avoir le niveau et le courage ... et le talent. Pas très communiste tout ça !

Les dispositions de l'Elysée n'intéressent personne pour la simple raison que ce ne sont pas les primes qui ont déclenché la Crise financière mondiale mais tout simplement l'immixion déjà ancienne de l'Etat américain dans les mécanismes de marché. Tout a commencé avec les lois Carter de 1977 qui ont encadré étroitement le développement du marché hypothécaire en forçant les prêts à risque. Les administrations démocrates nous ont mis dans le lac. Obama est sur cette ligne ! Les prêts à taux zéro français aussi. On y reviendra.
Et de tout cela beaucoup conviennent loin des caméras et micros. Mais l'Etat est par essence invasif, dictatorial et en démocratie, bête ! Aussi profite-t-il de toute fissure même momentanée dans l'économie pour glisser son lierre et grossir. Le problème reste toujours l'Etat !

miss Univers 09La mesure prise aujourd'hui à l'Elysée contre les traders est un coup d'épée dans l'eau qui a éclaboussé les écrans de télévision, ce qui était le but recherché. Reste à savoir s'il restait du monde devant l'écran pour avaler l'information, tant les gens se contrefoutent de toute cette agitation qu'ils savent vaine. Miss Univers est vénézuélienne et montre déjà son meilleur profil taille basse (censuré) et sa moue bitchy, ce qui enthousiasme les banquiers cochons. Mme de Fontenay n'aimera pas, mais le comité Miss Univers ne lui demandera rien, sauf bien sûr si elle décide de participer au G20 avec ses clients !


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Commentaires

  1. Le premier revers de raquette aux propositions franco-allemandes a été retourné par Gordon Brown d'ordre et pour compte de la City de Londres. Courtois mais ferme.
    (plus d'info sur Capital.fr)

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