L'enquête de Pew Research montre par ailleurs que 74% des sondés croient que les sujets traités sont systématiquement partiaux. Ils étaient 66% de cet avis il y a deux ans.
Qu'en est-il en France ? Le sondage est dangereux pour l'institut imprudent, mais les résultats doivent être similaires. Il y manque le réflexe panurgien qui fait que ce matin toute la presse écrite et radiophonique nous gonfle avec l'anniversaire de la faillite de la Lehmann Brothers à New York l'an dernier, comme si les 365 jours qui nous en séparent signifient plus que 300 ou 400. Les journalistes sont de grands enfants. Ne doivent être pris au sérieux que les grands reporters qui mouillent leur chemise dans les zones de conflit. Le reste du troupeau... sont alimentaires.
Mais la question la plus drôle - si l'on n'en a jamais subi l'outrage - est celle de la fabrication de l'opinion par le journaliste "convaincu". On ne parlera pas aujourd'hui des interpelés présumés coupables par la presse et copieusement lynchés sous les hourras du lectorat - le tribunal populaire est le premier sport démocratique chez nous -, mais du crible des matériaux qui constituent l'information du jour. Ayant aboli les caches et les frontières, Internet permet au premier venu de puiser dans la grande citerne aux nouvelles, rien qu'en cherchant sur Google News par exemple, celles agrégées par ses nombreux sites étrangers. Pareil avec Yahoo et les autres agrégateurs. On s'aperçoit alors que la masse quotidienne est énorme.
De cela, les rédactions des journaux télévisés vont retenir une petite dizaine qui doivent fournir les cases préétablies à l'année pour l'information prédigérée de l'auditrice de quarante ans : Nicolas Sarkozy, France politique politicienne, France crimes justice et société, France politique étrangère, Barack Obama, Monde insolite, Sports, Cancer et maladies orphelines, Grippe porcine, Personnes âgées. Dix cases, dix infos, une par case, circulez ... "on est bourré" ! Sans trop solliciter le contenu de chaque information, il est facile d'orienter le journal à consommer par la ménagère, du simple choix des nouvelles "traitées".
On pourrait croire que les chaînes d'information en continu fourniraient plus de matériau. C'est faux. Gérées par des "marketteurs", elles tombent dans le même travers et criblent selon l'Audimat ce qui fera vendre les produits placés par leurs annonceurs. La TNT qui offre comme alternative aux grandes chaînes nationales deux chaînes comme Itélé et BFMTV en a fait à tous la démonstration. Les artifices meublant la répétition systématique conduisent même à restreindre le champ d'enquête quotidien.
Comment alors se tenir "informé" ? La pertinence de cette exigence étant le postulat de départ, car bien des gens vivent très bien et intelligemment sans "être informés". Pour les autres, pour les affamés, il n'y a qu'Internet ; désolé pour les réfractaires. Même les journaux lourds de sens comme Le Monde, qui autrefois répondait quotidiennement en toute épaisseur à l'exhortation de son fondateur : "soyez emmerdants", succombe au markéting et fabrique de l'information par conférences domestiques interposées quand il ne passe au bling bling, scandale et petit jeu. Complet comme jadis, intéresserait-il assez de lecteurs pour couvrir les frais ? On sait que non.
Finalement, nous devons déplorer l'abrutissement général qui d'un côté laisse cribler l'information sans rien dire pourvu qu'il y ait le match, et qui de l'autre nourrit les "journalistes" pour un travail de simple copie d'agence. Le temps de la grosse presse quotidienne qui disait tout est-il révolu ? On répond "non" si l'on habite à Singapour (The Straits Times) ou à Hong Kong (The South China Morning Post). Mais ici, elle a disparu, si tant est qu'elle aie pu se comparer un jour à ses confrères anglo-saxons.
Pour avoir la masse en France, il nous reste Internet, en créant l'outil d'agrégation de nouvelles de son choix. Un logiciel utile est RSSOwl qui permet à chacun de construire périodiquement son journal du matin avec les rubriques qui sont de son intérêt propre. C'est l'avenir, mais il faut brosser son anglais.
La presse écrite ... pour emballer le poisson !
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