Hier dimanche, centenaire de Tuiga. Le gotha amariné était là. A la barre de l'évènement, SAS le prince souverain de Monaco. Mémoire.
Quand William Fife III livra son 15mJI¹ au dernier duc de Medinaceli sur le Firth of Clyde en 1909, il vit que le bateau était vite et beau, à l'image du fameux Hispania d'Alphonse XIII dont il était la copie dans un but de régate à chances égales. Il n'imaginait peut-être pas qu'il irait plus loin que les courses de baies où se mesuraient les yachtmen les plus riches de la planète. Or Tuiga eut une belle vie de course, ...mais un palmarès de second, derrière le yacht Hispania... par déférence pour son roi.
Racheté, à un armateur norvégien qui le laissait pourrir à Chypre, par le Yacht Club monégasque pour en faire son navire amiral, Tuiga² fut restauré chez Fairlie's à Port Hamble comme la plupart des Fife rescapés de la guerre. Le chantier offre son album de photos ici. On y voit le vieux 15mJI arrivé au chantier fatigué de vivre, et renaissant à la fin.
Contrairement aux apparences, ce n'est pas qu'une histoire d'argent. Atteindre cette perfection de carène dépasse déjà l'ordinaire, on fricote avec les dieux. Et ceux qui ont couru "hors-jauge" avec des JI anciens contre des voiliers modernes s'extasient devant la force du moteur, jusqu'à l'ennui qui finit par surgir à force d'être devant sans ne plus voir personne.
Le plaisir de la régate est dans la promiscuité des coques et des voiles, dans le "marquage à la culotte", l'anticipation, la manoeuvre impeccable ou intimidante, le salut courtois de la fin ; un vieux "JI" bien entretenu tue la promiscuité. Il est déjà loin !
Les gentlemen de ce temps étaient des gens spéciaux qui fendaient la vague avec des Formula One de 40 à plus de 100 tonnes de déplacement, surtoilés, en casquette et blazer, sans brassière ni ligne de vie. Une aristocratie au plein sens du mot, qui n'adoraient pas le "principe de précaution" qui nous gouverne en tout. Où sont-ils passés ?
Les casquettes et blazers ont été revendus aux émirs et aux Russes, mais la moelle de tueurs de vagues a survécu dans les grands yacht clubs français auxquels nous agrégeons sans sa permission celui de la Principauté.
Dimanche dernier, le prince Albert et ses invités ont mis tout dessus pour sortir cette oeuvre d'art et montrer qu'il tiendrait la dragée haute à quiconque le défierait. Mike Horn³ était à la manoeuvre et un supplément d'âme avait été convoqué par la présence de Jacqueline Tabarly et de sa fille Marie.
Pen Duick I, le plus beau de la série des Pen Duick, était un Fife III lancé à Cork en 1898. C'est lui qu'Eric Tabarly quittera dans la nuit du 12 au 13 juin 1998 en rejoignant l'Irlande, sans brassière ni ligne de vie, à l'ancienne.
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Note (1): la Metre Rule (ou jauge internationale) avait été adopté en 1906.
Note (2): coque: 23,18 m ; maître-bau: 4,15 m ; tirant d’eau: 2,87 m ; déplacement: 39 t ; voilure en côtre: 370 m² après restauration.
Note (3): aventurier de la grande tradition des explorateurs suisses (clic)
Comment ne pas signaler le calendrier Classic 2010 de Beken of Cowes en cliquant ici.
RépondreSupprimerHublot a édité une montre commémorative des 100 ans de Tuiga
RépondreSupprimerCes vieux bateaux de jauge donnent les sensations que l'on retrouve dans les Maserati anciennes, rapides, indestructibles, toujours à l'arrivée.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression de catoneo a fait une Sète-Tanger sur mon 8Mji dans les années 80 ?
RépondreSupprimerJe me trompe ?
Mât dans l'eau au Cap de Creus, non ?
:)
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