dimanche 20 septembre 2009

Cerises pour les Nuls

... ou comment l'étatisme vient aux impurgés¹.
cerisierVoici revenu le "temps des cerises" depuis que l'Opinion (le peuple d'avant) a découvert les secours extravagants portés par l'Etat aux nantis. Les milliards ont plu sur les banques et les grandes fabriques, quand au même moment s'asséchaient les trésoreries des petites structures de production. Quand les gros maigrissent, les petits meurent. Addictés à la perfusion nationale depuis la Libération, les « petits » immatriculés de la solidarité pépient maintenant comme poussins affamés autour de la poule étatique pour qu'elle les nourrisse ! Grosse de vent et de déficits, la poule France n'a d'autres choix que d'amuser la basse-cour, de la distraire ou de lui faire peur ; il n'y a plus de grains et les moulins sont à l'encan. Les criquets socialistes (nous tous) sont passés par là.

Le déclin de l'Occident tient pour beaucoup à la consommation échevelée du capital national par les Etats afin de s'attirer sinon les grâces du moins les votes de leurs électeurs, en même temps qu'on freine le travail pour le partager un peu entre nous et au sein du village global, mais surtout, pour que les individus se « réalisent » en dehors de lui ! Notre « civilisation des loisirs » a perdu le match par défaut : l'Asie n'est pas venue sur la pelouse ! Elle en reste à la « civilisation du labeur » et s'inquiète d'abord de nous racheter les fleurons de nos économies, pour fournir ses propres marchés.
Incapables de contrer l'assaut d'un demi-monde contre l'autre, nos sociétés sont écrasées par des Etats pachydermiques dont le destin est d'enfler sans cesse en dévorant leur propre substance dans des schémas de solidarité universelle à compte d'autrui, autrui étant maintenant les enfants à naître de nos enfants pas encore nés ! Chapeau la démocratie de masse ! Qui va faire la guerre économique ? Le Nombre commande, le Nombre a peur de manquer, le Nombre signe l'armistice tout de suite et veut sa retraite à taux plein !

Charles Maurras disait un jour : "La brève destinée de ce qu'on appelle la démocratie dans l'antiquité (il parlait d'Athènes) m'a fait sentir que le propre de ce régime n'est que de consommer ce que les périodes d'aristocratie ont produit. La production, l'action demandait un ordre puissant. La consommation est moins exigeante : ni le tumulte, ni la routine ne l'entrave beaucoup. Des biens que des générations ont lentement produits et capitalisés, toute démocratie fait un grand feu de joie."

A l'observation du désordre actuel, on pourrait attendre aujourd’hui une analyse en contrechamp de la part des royalistes qui, pour franchir la Crise, renverseraient l'Etat et privilégieraient le génie humain, l'inventivité de l'espèce, la créativité anarchique des talents dispersés. Et que fleurissent un million de bonnes idées, en libérant les esprits, en désintoxiquant les mentalités, en débondant les énergies. Que nenni ! Résonnant au souvenir d'un colbertisme historique, formatés comme toute la population française par l'école marxiste du Plan bien qu'ils le nient, des royalistes² en appellent à l'Etat ! Misère ! Il en est même un, qui sur l’Aventin de son socialisme masqué, veut renationaliser le crédit et le grand appareil de production. Cette médecine de routine n'a que l'avantage d'être compréhensible par des esprits moyens, réglés bas dans le médian de la courbe de Gauss démocratique. Les partis de la vraie gauche, Mélenchon surtout, partagent cet enthousiasme de l'Etat revenu car il peut faire du chiffre ! On forcera le passage par le Nombre, on bouffera la galette... et « l'Allemagne paiera ! ».

Que fait un royaliste en pareil équipage ! Il fait bloc très naturellement avec l'Ordre des choses maurrassien qui prime toutes choses. Il en appelle donc à réorganiser le mammouth, à remettre le pouvoir aux bureaux. Sans croire à la particule élémentaire sociale qu'est l'individu. Il a tort, car rien ne se relèvera en amalgamant des sots dans la meilleure construction publique. Il faut trier les décideurs de nos sociétés en favorisant le succès dans des cadres réglementaires souples, et rabaisser les suceurs de roue innombrables.

Cette approche libertarienne subit un refus pavlovien dans le microcosme royaliste. Le motif en vigueur est aujourd'hui la Crise du Capitalisme. Diantre ! Si on scrute l'affaire, on voit bien que c'est l'intrusion de l'Etat dans la sphère financière qui a déclenché le typhon. Les « bons pourris » (subprimes pour les initiés) n'auraient jamais été négociés par la profession s'ils n'avaient pas été garantis par des institutions hypothécaires américaines sponsorisées par le Gouvernement³. Or, l'intrusion des administrations Carter et Clinton à des motifs sociaux sur les marchés de primo-accession immobilière, avait détruit leur équilibre en les finançant par de l'inflation en projet... que Greenspan puis son successeur Bernanke s'acharnèrent à brider ! C'est fou ! Qu'on noie les étatistes !
Vive la Liberté et le Roi.

kirsch

Note (1): ce billet, sans les notes 1 et 2, a été publié dans le journal L'Action Française 2000 du 3 septembre 2009 (n°2777).
Note (2): principalement les gaullistes de gauche "royalistes" de la NAR.
Note (3): Fanny Mae et Freddie Mac sont des GSE, government-sponsored enterprises, maintenant nationalisées.



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1 commentaire:

  1. Je ne peux que souscrire à votre analyse.

    Toutefois, pour ce qui est des agissements des administrations démocrates, il est toujours curieux de constater que leurs principaux soutiens financiers ... se trouvent à Wall Street !

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