Mathématiquement, la consommation n'ayant jamais plus baissé depuis 2005 - on a atteint le stock de fumeurs endurcis -, la vente taxée se ratatine, privant le Trésor Public de juteuses recettes pour un dommage sanitaire de niveau constant. Déjà dans les soupentes, des gnomes en charge de notre "liberté" - ils s'en grillent quelques-unes dans l'effort - phosphorent sur le moyen de faire entrer du cash pour sauver les incurables et le budget du bon monsieur Fillon.
Plus six pour cent ! C'est qu'il a fallu contenter tout le monde et son chien, ménager les buralistes, plaire à Bercy et entendre Bachelot. Gouvernement du consensus... on attend le prochain sondage pour savoir si l'on a eu raison d'augmenter ; le seul "verdict" est la popularité.
Les tarifs ont été publiés au Journal Officiel de la République française : Cliquez ici sans attendre. Mercredi sera publié celui des pâtes fraîches au blé dur.
Aucun paquet ne vaut moins de 5,10€ et le Caporal à rouler dit "gros-cul" est à 6,90€ le cube de 40g.
Mais de quoi est donc fait le prix d'une clope ? La Douane qui sait tout nous fait le décompte sur 5 euros :
- On va d'abord donner 40¢ au buraliste, qui va financer son stock et l'assurance de son stock.
- Le Trésor Public va prendre 3,20€ de droit de consommer¹ (et il en reste qui fustigent la gabelle de l'Ancien régime).
- Le Trésor va se taxer lui-même et appliquer une TVA de 16,3856% sur le prix de vente officiel (TTC) au détail, soit 82¢.
- Restent 58¢ à Imperial Tobacco pour apporter le paquet au bureau de tabac, fabriquer les vingt cigarettes, acheter les feuilles au planteur et les tirer vers la manufacture.
Votre bonheur est donc apprécié à 80% de la valeur d'un bien de consommation courante. Vous êtes en pays socialiste ; la chute du Mur, c'était un hologramme pour les benêts.
La culpabilisation des fumeurs qui accompagne la campagne de désintoxication - vaine à ce jour en terme de consommation - pourrait nous faire croire que l'Etat n'est pas à sa place dans cette invasion des comportements privés. Mais que si ! Dès que vous vous abonnez à la solidarité nationale, vous cessez la privatisation de vos comportements et moeurs et n'est-il pas normal que la société compte ses sous et le coût de nos extravagances ? Le spéléologue, l'alpiniste, n'ont pas à convoquer en garantie la solidarité nationale s'il ne cotisent pas spécifiquement à cette assurance collective, onéreuse pour tous.
Finalement, nous beuglons contre la plantation de bornes à notre liberté de faire, de dire et même de croire, mais nous nous sommes jetés nous-mêmes sous le joug du contrat social qui dispose de ce qui est bon pour tous. La République raisonne par grandes masses et soumet l'intérêt général à la loi du Nombre. Il serait mieux que le régime qui lui succèdera, s'intéresse d'abord à chacun des hommes composant cette société et, en matière de santé, range les cas à risque volontairement assumé dans la sphère des assurances privées.
Fumez tant qu'il vous plaira - mais sans ennuyer votre prochain - vous n'aurez pas de couverture sociale publique. En attendant que le consommateur mûrisse, vive la tradition des gabelous et des Mandrins, sel ou tabac, il n'y a pas mort d'homme... en dévalant du col.
PS : en ramassant mes souvenirs, je n'ai pas celui d'avoir "sorti" de France une cartouche en douce.
Note (1): Destination des sommes collectées sur le droit de consommation :
*Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés : 32,46 % fumeurs et non-fumeurs ;
*Fonds de financement des prestations sociales des non-salariés agricoles : 52,36 %, planteurs inclus ;
*Fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante : 0,31 % (fumer en travaillant sur l'air des Sept Nains de Blanche Neige)
*Fonds de financement de la protection maladie complémentaire de la couverture universelle du risque maladie : 1,88 % (?!)
*Fonds national d'aide au logement : 1,48 % (?!)
*Budget général : 11,51 % dans le trou noir.
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