Si l'ADN anarchiste du Cévenol prédispose au libéralisme, il faut un peu organiser l'espace autour de lui pour assouvir complètement sa liberté. C'est le rôle de l'Etat (au sens large) qui s'arroge le développement et l'entretien de tout ce que le particulier, seul ou groupé, ne peut faire de lui-même. L'empilage des groupes d'intérêts individuels et leur interactivité repoussent sans cesse le périmètre utile de l'Etat, en théorie. La résilience des structures étatiques qui procurent des avantages évidents à leurs serviteurs, combat ce rétrécissement du domaine "public". La meilleure défense étant l'attaque : l'Etat enfle de lui-même.
Vue de la planète Mars, la Terre apparaît pourtant très mal gérée, bien que le logiciel dominant pour ne pas dire exclusif soit celui où l'Etat s'implique dans les affaires économiques et sociales, toujours et de plus en plus loin dans le détail ! A force d'organiser les sociétés humaines, un tiers des hommes mangent pas ou mal, deux tiers sont pauvres, un petit sixième a les dents du fond qui baignent, et personne n'ose prédire d'autre issue que catastrophique. Les habitudes sont tenaces et le modèle n'est pas remis en cause, simplement on le considère perfectible. La faim du sahélien est perfectible.
Mais on ne peut être "libertarien" uniquement contre l'Etat. Attention, il est des postières girondes qui pourraient vous faire apostasier, sans parler des airatéputes aux yeux félins et des polissonnes de l'Opéra. Non ! On est (naît) libertarien parce qu'on croit en l'homme. Pas le bon sauvage, pas le ravi de la crêche, ni le curé d'Ars, mais parce que l'on croit en l'entreprise humaine, cette impatience de faire, cette mégalomanie intrinsèque à l'espèce, cette vanité à marquer le bref instant de son passage en ce bas-monde, cette revendication à la dignité dans l'indépendance. Lâchez la bride à l'homme, il réussira. Si ce n'est lui, ce sera son frère, son fils, sa nièce, quelqu'un.
Pour l'en empêcher, il faut le "châtrer" et le distraire par la sur-consommation. C'est le programme du socialisme actuel, mais c'est aussi le programme de tout Etat qui sort de ses gonds institutionnels et se mêle d'économie politique.
Regardez la renaissance de l'empire chinois. Elle est fondée exclusivement sur l'homme, le Han, le sel de la Terre et fils du Ciel. Le vieux Deng - pas un tendre, qui a lâché les chars sur les étudiants de Pékin - a retourné dans tous les sens le futur de la Chine populaire pour se convaincre qu'elle n'en avait aucun. Pourtant ce peuple trimillénaire avait tout réussi dans le passé et ses gènes étaient toujours là, cachés, brimés, latents. Que risquait-il à 76 ans, le hakka rieur ? Qu'on le pende par les c... sur la place du marché ? Elles ne l'auraient pas soutenu ! Organiser le peuple était une imbécillité dès que la Révolution était terminée; il fallait débonder les initiatives individuelles, toutes les initiatives individuelles du champ économique, proclamer l'enrichissement des coeurs vaillants, et pour pallier la révolte de la nomenklatura, lui offrir de montrer l'exemple en préemptant des terres à bâtir, en l'impliquant dans le développement économique à base d'implants étrangers, en lançant des banques d'affaires non plombées par les conglomérats anciens, in fine lui laisser acheter ces fameuses "benzies" qui la faisaient tant baver, et envoyer les gosses poursuivre leurs études aux Etats-Unis !
Le Han qui compte en dormant, qui joue en bourse comme nous au tric-trac, a fait le reste. Les usines "dérèglementées" ont surgi comme des champignons. Il fallait à tout prix être plus riche que son voisin, accumuler les appartements, les objets rares, les putes russes, et lui montrer que sa maîtresse officielle était plus belle que la sienne. En trente ans (30 ans !), comme une Atlantide à rebours, de l'océan de misère chinois est sorti un empire d'une force telle qu'on ne parle plus que de G2 dans les affaires du vaste monde. La première équipe de secouristes débarquée en Haïti avant-hier est chinoise !
Notre problème à nous Français, qui avons moins souffert du communisme que les Chinois, est que notre socialisme est beaucoup plus sophistiqué et que son lait est sucré au départ pour bien addicter le nouveau-né citoyen. Aucune contrainte ici. Pas de commune populaire obligatoire, pas d'ouvriérisme obligé, pas de petit foulard rouge à l'école. L'opium édulcoré, la canada dry de la schnouf dogmatique. On vaseline le peuple.
Il n'est que de voir la succession de revendications puériles ou carrément stupides qui passent sur nos écrans. Au moindre pet de travers, à moi l'Etat ! Les aiguilleurs du ciel travaillent-ils quatre-vingt-quatre jours par an que c'est déjà trop, vu la souffrance dans les tours de contrôle. Les conducteurs du RER A conduisent-ils trois heures et demi par jour avec six semaines de congés et la retraite à 55 ans que c'est "l'exploitation de l'homme par l''homme".
Reste-t-il des gènes de conquête dans la population des veaux ? C'est tout le débat économique, dans un pays plombé par un modèle social somptuaire, obsolète, ridicule, par des prétentions extravagantes à régenter les autres plutôt que nous-mêmes ; et par une dette inadmissible sur un territoire béni des dieux, le plus beau du monde (et j'en ai vus !). Il faut détruire d'urgence "l'organisation" de nos moeurs économiques, euthanasier les syndicats incapables de recouvrer des cotisations, débander les services centraux extérieurs au domaine régalien, et foutre tout ce beau monde à la mise en valeur des Kerguelen ! Lancer la souscription nationale pour les "Exodus".
Plus sérieusement, vous irez sur les sites libertariens suivants qui développent le vrai "libéralisme économique" avec plus de pédagogie que je ne saurai le faire.
D'abord à tout Français tout honneur, le site de François Rideau, Bastiat.org. Frédéric Bastiat (1801-1850) est un économiste landais très connu au Nouveau Monde, région insatiable de recherches et développements. Son oeuvre est pleine et le site indiqué vous y conduit partout. Comptez une petite semaine. Si vous sortez dîner en ville déjà demain soir contentez-vous des Harmonies économiques qui sont en ligne. Vous dénoterez brillamment, les temps étant aujourd'hui au gaullisme de gauche revenu !
Après lui, vous pouvez passer par l'Ecole autrichienne d'économie (Menger, Von Böhm-Bawerk, Von Mises, Hayek et Rothbard) en traversant par exemple le site du Québécois Libre. Tous condamnent l'intervention de l'Etat en économie et sont mal vus des fonctionnaires qui régentent le général et le menu dans nos sociétés policées et nous enfument quand leur modèle implose. Le krach de la Lehman Brothers est typique de la malfaisance de l'interventionisme, mais on l'a habillé de "finance sauvage" pour ne pas avouer que les indiens de Wall Street ne savaient danser autour du feu que si l'Etat garantissait le bois de chauffage. Ils continuent de plus belle, sans que le doute effleure quiconque que l'Etat remontera les ruines qu'ils laisseront.
En passant, si l'Islande avait confié sa circulation monétaire sous "contrat de monnaie" à une banque familiale privée, les Islandais ne seraient pas dans le marasme actuel. Les plombs auraient sauté, préservant l'essentiel.
Je termine sur l'approche anarchiste de Friedrich Hayek de "L'Ordre Spontané" que rapporte la wikipedia : il s'oppose aux intellectuels « constructivistes » qui établissent des « projets de société » dont il dénonce le « scientisme ». Dans une perspective épistémologique, il s'attache à montrer que nul ne peut appréhender le monde dans sa complexité, y compris les gouvernants. Tout projet de société collectiviste, toute tentative de gestion rationnelle et globale de la société ne tient nécessairement pas compte de l'autonomie des personnes et de l'imprévisibilité de leurs actes, et est vouée à l'échec. Par « constructivistes », Hayek désigne principalement les socialistes mais également les « conservateurs » qui entendent modeler la société conformément à leur idéal.
On pourra compléter avec profit (je n'ai pas peur de le dire) par un billet de Royal-Artillerie, Europe, que faire de la démocratie et par l'article de l'AF2000 du 3 septembre 2009, Cerises pour les nuls.
L'anarchie plus Un, disait Maurras.
Ce soir, je suis hayékien.
Salut.
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Je suis hindigné (avec un H expiré comme dans F.von Hayek). Au nom du droit imprescriptible des pingouins à disposer d'eux mêmes, je proteste avec la dernière énergie contre toute déportation d'indésirables qui ne soient pas manchots aux îles Kerguelen.
RépondreSupprimerN'importe comment il faut relancer nos chantiers de l'Atlantique. L'empereur suivra le phoque dans le fût à graisse ! Et le communiste fera la corvée de bois !
RépondreSupprimerKerguelen, immense phalanstère austral ! Tout un programme.
:)