mercredi 28 juillet 2010

Nos universités d'été

carte des UDT 2010
(A) 8 au 11 juillet (72000 Le Mans) - XVIIe Université du Centre d'Etudes Historiques
Thème: Henri IV, premier roi Bourbon
Clic info: CEH (inscription pour mémoire)

(B) 19 au 23 juillet (49240 Avrillé) - XXème Université Saint-Louis (Partie I de l'Union des Cercles Légitimistes de France)
Thème: La Monarchie à travers les siècles : Une solution pour demain ?
Clic info: UCLF

(C) 23 au 25 juillet (49000 Angers) - XXème Université Saint-Louis (Partie II de l'Institut de la Maison de Bourbon)
Thème: Autorité et pouvoir dans les monarchies et républiques
Clic info: IMB

(D) 29 juillet au 1er août (30250 Sommières) - Xe Session du Groupe de Liaison Royaliste (Manants du Roi)
Thème: L'identité française
Clic info: GLR

(E) 16 au 21 août (Bretagne) - Camp des identitaires
Thème : une autre jeunesse enracinée
Clic info : Zids

(F) 20 au 29 août (18160 Lignières) - Camp Dextra (CMRDS assoc)
Thème: Guerre intérieure et retour aux sources
Clic info: Dextra

(G) 23 au 29 août (05140 La Faurie) - Camp Maxime Real del Sarte du Centre Royaliste d'Action Française
Thème: De la nation à la monarchie
Clic info: CMRDS

(H) 25 août (49590 Fontevraud l’Abbaye) - Rencontres Fonteuvristes
Programme: Messe (11:00), pique-nique (12:45) et chapitre de la Charte (15:00)
Clic info: Charte

(I) 28 et 29 août (75007 Paris) - VIe Université d'été de l'Alliance Royale
Thème: La crise de l'autorité
Clic info: AR

(source : liste SYLM complétée)

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La Fée Bleue en Afrique

Ce billet est paru dans l'Action française 2000 du 15 juillet 2010 dans la catégorie "optimisme forcé". Il célèbre le courage et le talent des peuples africains qui méritent plus que tous autres de vivre et mourir au pays. Augmenté de cartes et illustrations, ce billet passe en archives RA.

Il y a quelque chose d'insolite dans le défilé de troupes nationales africaines en tête de l'armée française ce quatorze juillet 2010. Non pas que nous soyons chagrins de l'empire perdu, encore moins que nous fassions mauvaise mine aux soldats de ces pays qui sont aussi la chair de notre histoire, mais l'indépendance, qui succède toujours à un asservissement, se fête chez soi seul ! Le président Gbagbo a raison. C'est sans compter le logiciel médiatique du pouvoir qui a lancé l'année du "Tirailleur Sénégalais" comme il l'aurait fait de la fève de cacao. Sachant tous leur bravoure aux combats de métropole pendant les deux guerres mondiales, nous saluons en ces troupes la mémoire de leurs pères. Laissons cette obsession élyséenne d'une "com" à tout prix et prenons le chemin de Chasselay dans le Rhône.

assaut des tirailleurs en septembre 14
Nous nous souvenons
La nécropole sénégalaise est l'un de nos derniers cimetières des troupes noires puisqu'elle a recueilli les restes de cent quatre-vingt-huit tirailleurs du 25ème, submergés le 20 juin 1940 au château du Plantin dans l'axe de la Nationale 6, après deux jours de combats héroïques contre un régiment d'avant-garde de la division allemande "Grossdeutschland" qui venait prendre Lyon. Les vainqueurs (à cent contre un) trièrent les blancs des noirs, et massacrèrent tous ceux-là en exécution d'un ordre permanent du général Guderian. Le Tata (enceinte sacrée) de Chasselay nous rappelle que ces jeunes noirs (la plupart originaires de Guinée) attaquèrent pour l'honneur de leurs officiers, la Coloniale ne se rendant pas sans combattre. On notera que l'armée française était en pleine débâcle après le discours radiophonique du maréchal Pétain du 17 juin 1940, avertissant les unités au feu de l'imminence d'un armistice, et que Lyon venait d'être déclarée ville ouverte sur demande expresse du président Herriot. Respect au 25°RTS et au 405°d'Artillerie de DCA qui l'épaulait.

le Tata en 1942
Sarkozy et Kouchner veulent-ils montrer à la tribune des invités venus du monde entier que notre influence africaine est intacte ? Tous les contempteurs de la France en Afrique savent sur leurs dix doigts que l'heure française est au reflux, au plan militaire déjà, mais d'abord sur les facilités budgétaires de l'APD(1) qui étrécissent chaque jour. Le Livre Blanc de M. le ministre Morin, établi sur une logique comptable, mais comment faire autrement en prévision de la banqueroute, ne laissait que deux points d'appui maritime sur le continent noir, Dakar ou Libreville et/ou Djibouti, mais la montée en puissance de la nouvelle base aéronavale d'Abou Dhabi, en face d'un Iran promis à la vitrification, réduira probablement notre dispositif à un seul, un éventuel second point d'appui abritant des moyens prédisposés sous cocon. En accompagnement de ce retrait, nous participons à la mise sur pied d'une défense interafricaine et renégocions nos accords bilatéraux. Notre position future sera bien plus saine, même si nos communautés nationales perdent la garantie d'une protection instantanée. A nous de convaincre que nous sommes utiles, plus utiles et moins cupides aussi que les nouveaux maraudeurs. Qu'en pense la "cellule africaine" de monsieur Guéant ? Veut-elle encore faire les "rois" ?

Une décolonisation ratée, à preuve l'émigration

L'Afrique française (AEF et AOF) fut décolonisée par la Cinquième République au début des années soixante après que les protectorats du Maroc et de Tunisie aient été libérés en 1956. Seuls deux territoires sans Etats dignes de ce nom furent conservés, le temps de leur créer un vrai gouvernement : Djibouti, réformé en 1967, gagnera son indépendance par référendum populaire en 1977 ; l'archipel des Comores votera la sienne en 1973 (effective en 1975), Mayotte refusant l'aventure. L'archipel n'est toujours pas stabilisé. Djibouti s’en sort bien.

famine et conflits - Documentation Française
Un demi-siècle après, chacun peut juger de la faillite d'une utopie, ce continent ne se développant pas, quels que soit la latitude, la géographie, les ressources, la dominante ethnique, le régime politique, et il est bien difficile de saisir une cause prépondérante à ce marasme. Certes, on se goberge de chiffres de croissance plus ou moins fabriqués afin de clamer dans les enceintes fréquentées par les bailleurs de fonds que le développement se fait bien. Mais epsilon plus cinq ou dix pour cent, ne fait quand même pas grand chose !

Ces difficultés ne doivent pas nous décourager. Elles nous obligent à trouver des voies différentes que celles suivies jusqu'ici. Nous devons nous intéresser à l'Afrique pour deux raisons. Nous avons une communauté de culture avec l'Afrique francophone – qui a inventée la francophonie, ne l'oublions pas - et même une certaine connivence au niveau de l'individu de part et d'autre de la mer. Personnellement je me sens bien plus d'affinités avec un Malien, un Camerounais, un Togolais, un Sénégalais qu'avec aucun ressortissant balkanique. Croiser un Congolais à Yiwu (2) et c'est un quart-d'heure de "perdu" à giberner. Je ne ressens rien des caucasiens et autres ukrainiens, moldaves ou géorgiens que je compare à des doryphores.
La seconde raison est que la pression migratoire africaine sur l'Europe est trop forte pour y être toute employée, mais elle ne pourra être contenue qu'en zone d'embarquement. C'est l'émigration qu'il faut soigner. Il n'y a donc pas d'autre choix que d'obliger les pays de départ à se développer. Comment ?
C'est ici que l'on commence à s'arracher les cheveux. Les organismes de développement désintéressés existent du plus gros au plus petit, de la TICAD japonaise à Africa Works du chanteur Youssou N'Dour. Les banques et caisses de développement débondent les fonds sans arrêt et tout le flux ne disparaît pas dans le sable de la corruption. Mais au résultat, peu de résultats.

Un plan Marshall précis et intelligent

Foin des récriminations perpétuelles, faudrait-il n'avoir qu'une idée, une seule bonne idée vraie, quelle serait-elle ? La voici. Mobiliser une fraction des moyens détenus par les dix ou douze grands acteurs(3) BTP de la planète sur un programme continental d'électrification générale, en le finançant par une minuscule ponction des flux interbancaires quotidiens, le tout placé sous le gouvernement de la Banque Mondiale.
A partir de l'énergie fossile ou renouvelable disponibles localement, multiplier les centres de production électrique et les réseaux de distribution pour former une grille électrique couvrant tout le continent jusqu'au dernier village. Sans détailler le programme, encore moins le raccorder aux disputes hydroélectriques en cours, on sait déjà que d'apporter la force ou même simplement la basse tension dans un village change radicalement l'activité de la communauté résidente. Reste à étudier une tarification progressive qui tienne compte de la vitesse (ou de la lenteur) d'enrichissement de chaque district électrique. On verra très vite les effets de la mécanisation sur l'irrigation, sur le traitement plus facile des récoltes, la possibilité de conserveries, sur l'artisanat de production, les services puis sur l'industrie. Les villes aussi et leur quartiers pauvres devront être servies. Mais il est un effet de levier plus puissant encore si la grille électrique prend dans ses mailles une grille ferroviaire. Les Etats africains sont capables de prendre en charge la rénovation voire l'extension de leurs réseaux ferrés, à charge pour nous de fournir le courant et les locomotives électriques adaptées.

hydroélectricité africaine
Le premier avantage de ce programme de grille électrique, avant même de l'avoir réalisé, est la force du signal donné à tous les Africains : une bataille d'infrastructures pour un développement abouti va se concrétiser par une efficacité mesurable par chacun. On n’est plus dans le vent des inaugurations époustouflantes de ponts sans route, d’aérodromes sans avions, d’entrepôts vides. Les gens mesureront le progrès à l’installation de leur compteur individuel. Le deuxième avantage est de mobiliser les ressources BTP supplétives des entrepreneurs locaux voire à susciter la création d'entreprises faisant de la vraie valeur ajoutée. Le troisième avantage est la mobilisation générale de main d'œuvre par tout le continent car les centrales et leurs lignes, et les chemins de fer, convoquent beaucoup de bras vaillants et distribuent autant de salaires.
L'écueil de tout programme de cette envergure est de manger les crédits en bureaux d'études, souvent créés spontanément par les fils de ministres intègres, sinon par les agences nomenclaturées des banques de développement ; il suffit de lire le Journal officiel de l'Union européenne (JOUE) dans ses pages attributives de travaux pour voir le carnage financier. L'intérêt des grands groupes BTP est de pouvoir s'en prémunir, et l'abondement direct de la Banque Mondiale aux sièges des contractants bipasserait les tyranneaux africains voraces(4) et leurs réseaux de prédation.

Quel décideur politique d'envergure aurait une idée concrète pour l'Afrique ?
Celui qui a deux entreprises de BTP en tête du top-ten mondial ? Suivez mon regard. Peut-être alors celui qui en a trois ? La Chine (encore !) reconquiert l'Ouest agité de l'empire du Milieu par un plan massif de développement de sept cent quatre-vingt milliards de yuans(4). Comment donc ? Par la superposition d'une grille électrique et d'une grille ferroviaire sur son piémont himalayen (Gansu, Guizhou, Hunan, Sichuan, Yunnan) et ses déserts nordiques (Xinjiang et Mongolie). Où les centrales hydrauliques ne seront pas possibles, ils construiront des centrales solaires et nucléaires. L'énergie est latente, la main d'œuvre est disponible, l'argent sera bien placé. En Afrique, c'est pareil, à la réserve près du commandement unifié !



Notes :
1. Aide Publique au Développement dans le cadre onusien des 0,7% du PNB
2. Yiwu est le plus grand supermarché de gros du monde dans la province chinoise du Zhejiang
3. Les grands du BTP mondial sont (classés par le chiffre d'affaires) : (1)Vinci (France), (2)Bouygues (France), (3)China Railway Group (RPC), (4)China Railway Construction Corp. (RPC), (5)Hochtief (RFA), (6)CCCC (China Communication Construction Company – RPC), (7)ACS (Actividades de Construcción y Servicios - Espagne), (8)Kajima (Japon), (9)Ferrovial (Espagne), (10)FCC (Fomento de Construcciones y Contratas - Espagne), (11)Acciona (Espagne), (12)Eiffage (France), (13)Skanska (Suède). On connaît aussi les texans Fluor et KBR (Kellogg Brown & Root) et le californien Bechtel, grands contractants en Irak.
4. Voir les motifs du remerciement de notre excellent ambassadeur Rufin à Dakar, viré par la Carrière pour avoir dénoncé (par messages codés !) la satrapie sénégalaise du vieux Wade. Les décodages ont fuité dans la presse, et la place fut libérée.
5. Communiqué de la NDRC (Commission Nationale de Développement et Réforme) pour le 12° Plan qui débute en 2011, repris par le Quotidien du Peuple du 6 juillet 2010. Contrevaleur à aujourd'hui : 80 milliards d'euros.
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dimanche 25 juillet 2010

Chimère du royal-socialisme

lys en marteau et faucillesCela fait bien des mois que je retiens mon stylet à la lecture du blogue de Monsieur Renouvin qui sert de faire-valoir au sinistrissime¹ professeur Sapir, éminent soviétologue du Front De Gauche Buffet-Mélenchon, et chaviste à ses heures, pour résumer. Ce n'est pas bien d'interpeler la personne avant d'en présenter ses idées, mais c'est l'été et je n'ai pas encore pris de vacances ! La Wikipedia livre un article aussi copieux qu'élogieux de cet océan de sagesse putéolienne, à se demander s'il n'a pas été écrit par lui-même. Vous devez faire l'effort d'y aller avant de continuer ce billet. Désolé.

Dans le grand attelage de la nouvelle révolution hétérodoxale qui va briser l'ultralibéralisme à l'agonie, le patron de la Nouvelle Action Royaliste enfourche le cheval du gaullisme de gauche et appelle au ralliement les immenses cohortes des orphelins de l'Histoire (le H est intentionnel) qu'il identifie nommément en ces termes : Nous ? La masse militante importante, peut-être considérable, formée par les orphelins du gaullisme, les socialistes patriotes, les anciens du Parti communiste, les syndicalistes déçus par leurs chefs, les libéraux qui ont pris la mesure, grâce à Maurice Allais et Jean-Luc Gréau, de la catastrophe libre-échangiste.
Son billet de consensus révolutionnaire se clique ici.

Que déplore-t-on ? L'accroissement des inégalités sociales, la vénalité des charges publiques, la friquisation² de la corporation politique, l'enfoncement de toutes nos lignes économiques par la globalisation, mais pas un mot sur le Grand Remplacement qui n'est pas un sujet consensuel dans une réunion de vieilles taupes.

Malgré le venin instillé dans le corps social par le socialisme castrateur et en dépit d'une longue expérience grandeur nature qui réussit à asservir près de quatre cent millions d'hommes à l'ouest de l'Himalaya, il est des idéologues qui reviennent nous expliquer que de toute l'histoire contemporaine nous n'avons jamais connu le "vrai socialisme", celui des lendemains qui chantent forcément, ou par force ! Que vient faire un royaliste dans la galère bolchevique reste pour moi un mystère. Un concours de circonstances, doux euphémisme pour masquer une démarche de ralliement démocratique et dévoiler le vice conceptuel de base. Les ânes sont gris, voire bruns mais pas rouge vif !

L'autre jour, Régis Debray qui en connaît un rayon de ce bord, nous disait que l'âme de la France était morte le 17 juin 1940 ! Je converge sur cette "hypothèse" après en avoir compris les causes. Très raccourci, une guerre d'épouvante décidée par des régimes démocratique et monarchique méprisant l'homme, une guerre atroce nourrie du sang de la fine fleur des pays affrontés par la "levée en masse", une revanche qui a décompressé dans le sas socialiste avant de reprendre des tours jusqu'à l'holocauste mondial que nous savons. Sur ce parcours, la France a disparu, vaincue comme jamais elle ne le fut de son histoire depuis Alésia ! C'est la sclérose en plaque du socialisme associé à un pacifisme béat qui la priva des moyens de contenir l'ogre national-socialiste qu'elle avait suscité à ses frontières par un traité de haine en 1919, en oubliant de débander l'Etat d'un adversaire dangereux. Le cartésien aime les grands ensembles faciles à modéliser. Il fut servi !

Au sortir de la nuit d'une Occupation quelque part méritée, le vainqueur radiophonique du jour - au commencement était le verbe, dit le Livre - ramena à la surface tous les poissons politiquement crevés qui avaient présidé au désastre et les réinstalla aux manettes comme si de rien n'était ; le plus ahurissant ne fut-il pas de confier la rédaction du code du travail à un certain Thorez, déserteur notoire. Le nouveau maître appliqua un programme socialiste fondé sur les nationalisations les plus larges et sur l'implication de l'Etat dans tous les rouages économiques. Et comme Dieu se reposa au septième jour content de lui-même, Charles De Gaulle, déçu quand même un peu que le culte de sa personnalité ait été enrayé par la dureté des temps, partit à la retraite, besogne achevée.

Nous savons que la situation actuelle de ce pays dans sa composante morale et civique est une des pires du monde libre parce que nul n'a pu défaire depuis la Libération le filet de la soviétisation. On la rebadge sans cesse. Ça va mal ? On repart sur les vieilles lunes égalitaristes en voulant punir la réussite, la fortune ! Le réflexe autarcique revient au goût du jour bien qu'il soit impraticable, même en Corée du Nord ; l'idéologie d'une "organisation démocratique"³ qui redistribue la pénurie et encadre étroitement la production individuelle afin d'en répartir le plus vite possible les fruits sur le plus grand nombre, oisifs compris, fait flores, et la débureaucratisation du pays enfin lancée doit être stoppée. Il faut du monde pour surveiller le saupoudrage à tous, hors peines ou mérites.
Les propositions de Jacques Sapir sont reprises ici. Tout ce que nous n'avons pas su saisir d'opportunités stratégiques depuis la constitution du Marché Commun était fondamentalement mauvais, et c'est l'Allemagne qui nous a coulé. Ben voyons, il faut se rapprocher de la Russie et du Vénézuela, et la marmotte ... se pince jusqu'au sang, croyant rêver.

Le chef d'état que nous avons aujourd'hui est le premier à avoir voulu rompre carrément avec la soviétisation, mais il n'a pas les épaules pour le faire et compense ses insuffisances par la propagande d'idées simples qui n'aboutissent pas. Faut-il pour autant retourner aux vomissements antérieurs, à la frime grandiose gaulliste dont il ne reste rien d'utilisable, à la liquidation giscardienne du patrimoine industriel, à la fonctionnarisation mitterrandienne de toute la société, à l'européisation constitutionnelle de tous nos droits telle que la fit Chirac ?
Ne peut-on avoir une seule fois l'humilité d'aller regarder ailleurs comment sont organisés ou inorganisés les peuples qui fonctionnent, quels principes suivent-ils, ont-ils d'ailleurs besoin de principes, de guides ?
Non ! La solution est dans nos hautes écoles, nous savons tout, pour tout le Monde, et si ce pays ne marche plus depuis la fin du Second Empire, c'est la faute à pas de chance ! Nos principes sont excellents, dans leur pureté conceptuelle. Circulez, place à la Théorie !

Monsieur Renouvin termine (et nous aussi) par une révélation qui montre quand même la queue de la chimère. Cette masse pourrait s’organiser au sein d’un Parti républicain (royalistes compris, car nous avons tous le même souci de la chose publique) ou si l’on veut être plus précis d’un Parti patriote révolutionnaire. Mais Dominique de Villepin, enfermé dans la droite gaulliste et Jean-Luc Mélenchon, qui se voit seulement en héros de la gauche radicale, refusent d’accomplir leur propre révolution afin de devenir des hommes de rassemblement. Ils nous déçoivent mais surtout ils font courir un risque très grave au pays : la percée fulgurante d’un tribun de la plèbe qui reprendra le thème nationaliste et l’adaptera à la crise économique et sociale.
Le bellâtre permanenté et l'hurluberlu stalinien déçoivent. Nous sommes rassurés.

chimère éléphant-chimpanzé-iguane

Note (1): à gauche de la Gauche.
Note (2): toujours l'immortalité de la Coupole dans le viseur. On oublie que l'enrichissement politique est vieux comme Jacques Coeur et qu'il a bordé tous les gouvernements de Mazarin à Chirac.
Note (3): Maurras criait à la contradiction.

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jeudi 22 juillet 2010

La République se noie dans le fric

billets de cent eurosLa valse des euros donne le vertige, à tel point qu'au bout d'un mois de woerthitude à la télé, j'ai acheté une Porsche d'occase à moins de cent mille euros, commande que j'ai dû annuler en sursaut la honte au front, après avoir tapé mon accès "compte en banque" qui pouvait juste m'en acheter une roue.
La secrétaire-comptable de Liliane Bettencourt aurait reçu une prime de départ de 400.000 euros (2,6MFF) de la main de la fille de la milliardaire, en sus des indemnités contractuelles du même ordre de grandeur. Le "coiffeur" de la précitée éponge un milliard sans motifs plus profond qu'une propension naturelle à une irrésistible gaité, puisqu'on le sait de la jaquette, quand Belmondo se serait fait soulagé d'une prime à la saint-claude de ***.*** euros selon la police belge . Mme Woerth se laisse embaucher chez Clymène SAS, structure privée de Mme Veuve Bettencourt, pour 200.000 euros par an (109000FF/mois) sur les conseils empressés de son mari de ministre dans le besoin (censuré). Le premier venu des merdeux court à la City de Londres et vend on ne sait quoi de la république contre un concours bancaire anglais à l'oeuvre de sa vie ; et les pédégés de réforme, dont celui de la firme cosmétique en vue, tout comme le patron de Kerviel d'ailleurs, célèbre éjaculateur précoce de la Corbeille, nagent dans des retraites en or massif, histoire d'amortir les ice-creams d'une jeunesse vénale. D'où la Porsche :(

Quand notre valeureux premier ministre déclarait que vingt conseillers par ministre était amplement suffisant - ignorez leur salaire si vous êtes cardiaque -, il leur donnait beaucoup de mou dès lors que la fonction prépondérante de ces cabinets est devenue, depuis l'établissement du quinquennat, la "communication" du titulaire, à se demander qui travaille les dossiers tant l'image projetée est exigeante et coûteuse. Bah ! les mesures déclamatoires en tiennent lieu. Les Roms sont un problème (sans blague ?) et force restera à la loi... du Milieu. Quant au kärcher, non..., c'était une saillie pour faire la une du Parisien !

l'avion présidentiel
Au chapitre de l'esbrouffe, la priorité donnée au palais volant du président de tous les Français qui vont tirer la langue d'avoir succombé aux sirènes de la social-démocratie à crédit, tellement longue la langue qu'on la leur coupera, est une pure provocation. Le Premier Cameron se rend aux Etats-Unis sur un vol British Airways accompagné de son seul directeur de cabinet, quand son homologue français embarque autant de copains que la cabine du jet présidentiel peut en prendre ! On se souviendra bientôt de tous ses voyages inutiles à nos frais, en commençant par la prise de barrette canonique au Latran avec l'inimitable Bigard et le non moins bouffon curé à pins clignotants dont j'ai déjà oublié le nom. D'accord, ils n'ont pas pris Zahia, elle n'est pas catholique comme dit Frêche.

Vous cherchez des milliards, vous ne les trouverez pas tous là certes, mais ce serait un bon début de ramener l'Etat stricto sensu au niveau que nous pouvons payer, à savoir peu de choses !

défilé de mode à MantesCette démarche implique une révolution des mentalités simple d'expression et terriblement compliquée d'application. L'Etat doit à tout prix se désengager de la société car il s'y noie et s'y corrompt, pour revenir sur ses fonctions régaliennes.
Exemple d'actualité : depuis le Discours au Congrès de Versailles du 23 juin 2009 - cette date détrônera Marignan dans les mémoires écolières - le tumulte est grand sur la burqa et beaucoup s'y sont ridiculisés. Que fait l'Etat dans ce chébec ? Si trois cents andouilles se plaisent à divers motifs de vivre encagées, qu'avons-nous à délibérer ? Il suffit que l'administration prenne des mesures de bon sens qui n'ont même pas besoin d'être couchées dans un règlement. A la Poste, on prend le courrier de l'emburquée mais elle ne peut retirer de l'argent de son compte puisque son identité est invérifiable. On ne donne aucun enfant à la sortie de l'école à une emburquée. Aucune démarche, aucun formulaire ne peut être entreprise ou rempli par une emburquée, qui ne peut pas non plus conduire de véhicule, etc...
Et on passe aux vrais sujets. Devinez.

François FillonProfitons-en pour signaler au lectorat distingué qui ose fréquenter ce blogue que l'agence chinoise Dagong Global Credit Rating a dégradé sa note de confiance sur dette souveraine française de AAA à AA-moins¹. Ce ne sont que des niaques, clame l'intourist de Bercy, sauf que les bailleurs de fonds chinois aussi frileux que les autres ne se hasarderont désormais à prendre du papier français que si le taux est beaucoup plus rémunérateur que celui appliqué au papier mieux noté. Mécaniquement le service de la Dette s'alourdit et comme prévu, ce poste budgétaire vient maintenant en tête des dépenses de l'Etat devant l'Education nationale et la Défense. L'africanisation de notre gestion avance. Cette gabegie, fondée sur l'emprunt hebdomadaire de notre trésorerie courante, ne pourra durer longtemps. Peut-on maintenant réformer avant que tout s'effondre ? Avant de passer les députés qui ont voté les déficits en Haute Cour ? On l'a déjà dit ici, il faut impérativement détruire les corps surnuméraires comme le Sénat ou le Conseil économique et social et réduire au minimum budgétaire les corps résiduels comme l'Assemblée nationale qui assumerait très bien son rôle avec trois cents députés seulement. On détruira aussi les officines, agences et commissions de copinage (comme le truc à Boutin). Le signal ébranlera le sentiment d'impunité de la haute administration et des cabinets ministériels et une saine crainte, dont on peut régler l'intensité par une exagération subtile des peines, fera renaître l'éthique de la fonction publique chez les "survivors".

Philippe BilgerLa grande nouvelle est que d'autres pays y sont parvenus. Philippe Bilger, avocat général près la Cour d'Appel de Paris, a rencontré un pays de la sorte par le truchement de l'ambassadeur du royaume de Suède en France, Gunnar Lund. Il nous dit tout le bien qu'il pense de ce pays propre et froid dans un billet de son (excellent) blogue intitulé L'Etat irréprochable existe.
Je rêve d'un Etat débarrassé des ors et des pompes ridicules d'une République rapiécée cinq fois, qui n'en finit pas de se régénérer en achetant ses clients avec leur propre pognon ! C'est du proxénétisme.
Avec un roi obsédé par le meilleur état possible de son royaume, qui ne compterait ni peines ni soins comme l'était Frédéric II de Prusse, qui se lèverait à quatre heures² pour décider en expert l'ordre du jour dans un appareil modeste de gouvernement direct, ce serait le top ! Faudra-t-il aller voir dans les brumes de la Baltique comment ça marche ?
A coup sûr ! Au dessous de nous, ils sont déjà tous morts.

Note (1): Le signe "moins" dans les notations donne un pronostic négatif, une dégradation. Les premiers de la classe sont la Norvège, le Danemark, le Grand Duché, la Suisse, Singapour, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Note (2): au soleil :)


PS: On relira avec profit Le Roi sur les cendres, billet archivé au 9 juin 2008, nous approchons doucement de cette issue.

banderole de l'Alliance Royale
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mardi 13 juillet 2010

Parade du Quatorze-Juillet

Gais et contents, nous marchions triomphants,
En allant à Longchamp le coeur à l’aise,
Sans hésiter, car nous allions fêter,
Voir et complimenter l’armée française

...... chantait Paulus et nos aïeux de la Belle Epoque en 1886 à l'Alcazar. Nous reconstruisions la meilleure armée du monde et nous en avions exporté les cadres et règlements jusqu'au Japon, faisant de cet extrême empire notre allié le plus sûr ; mais contre personne, la France n'ayant aucun contempteur plus grand dans la région que le royaume du Siam !
dessin tirailleur sénégalaisNous avancions partout, Marchand n'avait pas encore retraité de Fachoda jusqu'à St Roman de Codières, l'Afrique était soumise, l'Asie à notre main, et dans son roman primé par l'Académie Goncourt - Les Civilisés - Claude Farrère allait torpiller en 1905 un croiseur de Sa Gracieuse Majesté Edouard VII sur la rivière Saigon.
Cette époque de la Grande France est révolue. Le rédacteur-piéton en a connu l'avatar ultime qui se nommait Union Française, et tout petit, en était autant impressionné que fier, en y ajoutant ce qui à cet âge est naturel, une affection sincère pour tous les enfants de ce bel empire, de quelque race soient-ils. On donnait son obole au collecteur des Missions Etrangères de Paris ou des Pères Blancs pour l'instruction des petits cochinchinois, et mes soeurs coupaient leurs longs cheveux en offrande pour scolariser les congolaises, ce qui avait le don d'agacer ma mère. C'est ce contact précoce avec "ce monde à nous" qui m'a prévenu de tout racisme dans la relation à autrui. Sauf si vraiment l'autre en fait beaucoup, car je ne cours pas après la béatification du Saint-Siège !
Les traces dispersées de l'empire sont à la merci du premier corsaire venu, endogène ou exogène, et notre seule défense est apparemment de faire ami-ami avec tout le monde, le roi Abdallah d'Arabie séoudite est l'invité d'honneur à la tribune de la Concorde demain. Kouchner est le prototype inoxydable de la diplomatie de cocktail qui sait encaisser n'importe quelle avanie, le sourire aux lèvres. Nos positions rémanentes au Proche Orient sont contestées parfois violemment par nos "amis" de la région, avec qui nous ne saurions nous fâcher de peur qu'apparaisse aux yeux des champagnisants la nudité du Quai¹.
Encore un peu de champomy, votre émir ?

Demain sera un quatorze-juillet colonial
. La belle affaire ! Défileront des tirailleurs noirs affranchis de leur sujétion française depuis cinquante ans, nos spahis à cape et la Légion derrière son chapeau chinois, pales évocations d'un passé extérieur glorieux et révolu. Cette irisation du défilé masque le programme de contraction de nos forces et de leur allonge, qui est dans les tuyaux depuis que le plan de rigueur drastique nous est imposé par les marchés.
Pas d'argent, pas de suisses.
M. Morin n'en finit pas de détricoter son Livre Blanc pour en reprendre de la laine. Le contrat opérationnel entre les Armées et la Nation ne cesse de se réduire à mesure de la pénurie de crédits. Secret Défense fait un billet là-dessus que nous évitons de récrire. Lisez-le, c'est bon. Il en ressort que nous allons passer au format Bénélux. Reste à trouver les mots pour le vendre. La cellule "Com" en soupentes présidentielles s'y emploie avec un rare bonheur.
Quatorze-Juillet demain, parlons donc de l'armée !

largage de paras
Les contrats opérationnels entre l'exécutif, le parlement et l'état-major sentent un peu le vieux bidon d'essence. Quand le format chiraquien projetait cinquante mille hommes hors-métropole pour défendre nos ressortissants ou nos intérêts ultramarins, le test en vrai grandeur que fut l'opération Daguet dans la première guerre du Golfe dénonça l'impraticabilité du schéma. Nous avons peiné à sortir dix mille hommes et un escadron de chasseurs diurnes d'attaque au sol (Sepecat-Jaguar). Il avait fallu déshabiller pour cela les garnisons métropolitaines. Nous voyons aujourd'hui nos difficultés à faire rouler les effectifs dans les opérations d'Afghanistan, sans parler du retard à rattraper dans le soutien, l'appui et l'équipement de nos troupes.
Nous ne sommes plus la seconde armée du monde à pouvoir entrer en premier sur un théâtre d'opérations conventionnel, comme le proclament des généraux imbibés. Ou alors, s'il n'y a qu'un petit millier de va-nu-pieds en face !
Nous n'avons pas non plus d'autonomie logistique. Un retrait américain d'Afghanistan du modèle Saïgon-1975 nous laisserait sur le cul à Kaboul. Camerone II !

Le Livre Blanc prédisposait que nos armées devaient pouvoir projeter 15000 hommes sur un théâtre majeur, en même temps que 5000 autres sur un théâtre secondaire (Françafrique), tout en conservant 10000 hommes sur pied de guerre en métropole : total 30000. Impossible. Effectifs au niveau requis, taux de disponibilité des matériels, nous en empêchent.
le 2°REI ouvre la pisteNiveau requis :
Les opérations d'Afghanistan ont au moins l'avantage d'avoir mis le doigt sur l'insuffisance des formations d'infanterie et sur la désuétude des chaînes de commandement. Riposter sous le feu des affreux, derrière un mur de torchis attaqué à la mitrailleuse lourde, sur ordre exclusif de la salle d'ordinateurs de la rue Saint-Dominique à Paris, au motif que l'unité est au contact d'un village habité, est proprement surréaliste. L'officier au contact sait où est son devoir. La guerre en jeu-vidéo pour nos si nombreux généraux climatisés, est obscène, parce qu'il y a des morts qui se sentent pas, ne gémissent pas, ne pleurent pas.
Mais nous avons trop longtemps joué aux humanitaires pour que l'adaptation à la guerre soit facile. Le nouveau patron du Collège Interarmées de Défense ne réclame-t-il pas de revenir à la désignation initiale d'Ecole de Guerre. Il en aura fallu du temps pour se désinhiber !

Nous ne pouvons plus nous payer le luxe d'afficher un dispositif multi-rôle et d'une certaine manière de tromper nos alliés sur nos capacités. Allons à l'essentiel. Notre capital est notre terre. Cette terre est très grande, puisqu'au-delà d'un des plus beaux pays du monde - la France reste la première destination touristique - nous avons la deuxième zone économique exclusive maritime du monde. C'est notre capital. Le préserver pour nos enfants est notre devoir. Il mérite tous les sacrifices, à commencer par celui de l'existence de nos ennemis ! Qu'enfin sur nos marches nous n'ayons plus à subir les humiliations que d'aucuns s'autorisent à notre égard, testant notre volonté à rester si loin de nos bases.

La béance historique de notre frontière du nord-est étant dans les mains de l'Alliance atlantique, notre zone d'effort est désormais à la mer. Tout le reste en découle. Le prochain défilé du quatorze juillet devrait être une parade navale.

tir exocet
Note (1): se reporter à la charge de l'ambassadeur Rufin (viré de Dakar fin juin) contre l'inanité des services diplomatiques officiels, par exemple sur Libération
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jeudi 1 juillet 2010

Le Reich en pente douce

Ce billet en version intégrale est paru dans l'Action Française 2000 du 17 juin 2010, sous le titre "Face à la crise, Berlin fait cavalier seul". Les illustrations ont été ajoutées. Il entre en archives RA.


Merkel by Chappatte, ©GlobeCarton
[] Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne se quittaient plus à en croire l'Elysée. Ensemble ils réprimandaient les mauvais élèves, écrivaient aux commissaires de M. Barroso, proclamaient au Conseil des gouvernements, riaient au dîner protocolaire, montaient en ballon, mais lundi soir 7 juin, avaient acté leur séparation de biens. A l'heure de son bouillon, Madame le chancelier avait en effet éconduit notre gentil président pour ne manger qu'un sandwich au bureau ! Il est revenu à Berlin lundi dernier 14 juin sur convocation, pour entendre les mesures de gouvernance de l'Euroland retenue par la Chancellerie. Entretemps M. Fillon avait récité dimanche à la presse son plan de rigueur pour mettre un peu de sérieux dans les bagages présidentiels.

Dans la presse internationale, il est rarement question des actions d'un couple franco-allemand. C'est dommage. On y parle d'abord de la relance américaine dans la douleur d'un chômage inhabituel là-bas ; du plan britannique de rigueur drastique motivé par l'inflation de la fonction publique ; de l'impressionnant plan prussien de destructions budgétaires pour quatrevingt-six milliards d'euros calculés à la virgule du million près ; et parfois, concurremment avec le problème espagnol de défaut à l'échéance, on évoque sans s'y attarder le flou artistique des mesures françaises qui tardent à prendre effet et font monter le taux des CDS (1). A l'instar de nos politiques (hors-micros), nul ne croit à notre capacité d'économiser une partie seulement des cent milliards déclarés par M. Fillon, surtout avec vingt-deux mois de campagne électorale présidentielle.
La France, tout entière dévouée au verbe – l'Elysée est envahi de "rédacteurs" -, joue les utilités à Bruxelles, se vante d'être le môle fédérateur, passe au pupitre plus qu'à son tour dès qu'un projecteur s'allume, mais l'auditoire consulte sur l'iPhone les dernières nouvelles de Berlin.
Que veut faire l'Allemagne ?
Disons tout de suite qu'à l'exception de leur balance commerciale, leurs chiffres sont arithmétiquement presque aussi mauvais que les nôtres, mais ne résultent pas des mêmes causes. Surinvestissement là, surconsommation ici. Puisque c'est un billet économique, deux données comparées entre la RFA, la France et le Royaume-Uni dans l'ordre : déficits publics respectifs pour 2010 de 145mds€ ou 5,5% pib, 174mds€ ou 8% pib et 189mds€ ou 11% pib ; dette publique au 1er janvier 2010 : 1700 mds€ ou 73% pib, 1500mds€ ou 78% pib et 930mds€ ou 68% pib ! Trois grands malades donc. On ne pronostique au moment que la guérison d'un seul.

Wolfgang SchaubleL'approche luthérienne de la crise est certes égoïste mais surtout intraitable. Aucune des solutions avancées par Paris n'est retenue par Berlin et quand elle doit s'y plier, l'Allemagne ajoute le codicille qui en coupe les effets. La dernière en date est la garantie demandée aux Trésors nationaux sur les prêts octroyés aux malades par le FESF (Fonds européen de stabilité financière) de 440 milliards. La France généreuse demandait la garantie solidaire illimitée de tous et la pérénisation du fonds. L'Allemagne ne garantit les fonds levés qu'à hauteur de sa propre contribution et limite ce dispositif à trois ans. Quand la France demande à mollir sur le pacte de stabilité actuel (le fameux 3-60(4) pour ne pas enrayer la reprise, l'Allemagne exige son durcissement et l'obtient, même si la déchéance automatique du pécheur est reportée. Et lorsque M. Sarkozy veut marquer son passage d'une pierre blanche en institutionnalisant les sommets des chefs d'Etat de l'Eurogroupe, la chancellerie y voit une perte de temps, d'argent et se contente d'exiger la déclaration de banqueroute des Etats incapables de redresser leurs comptes ! On ne peut pas s'opposer plus ! La posture de "couple" que cultive les responsables français et la presse à reluire en est d'autant plus ridicule que chacun sait que nos cousins sont agacés de ce concubinage prétendu.

Quand nous reprochons à nos cousins germains le coût exorbitant de leurs tergiversations - Bercy diffusait le message à Bruxelles le 7 juin qu'en « janvier, ça nous aurait coûté 15 milliards, aujourd’hui 750 milliards » - ceux-ci laissent comprendre ne pas vouloir perdre leur belle jeunesse à écouter les "sentiments" des uns et des autres traduits en douze langues de réunions en réunions. Pendant les travaux, la vente continue ; ils prennent chez eux les mesures non-concertées qu'ils jugent appropriées. Le divorce est-il consommé ? Peut-être pas comme cela, mais la communauté d'intérêts a fondu. Nous ne jouons plus dans la même cour. Nous avons la grandeur, ils ont l'industrie.

François BaroinAvons-nous donc si tort que cela dans notre critique du provincialisme teuton ?
Les économistes les plus affûtés de la place jugent que le raidissement allemand est une approche primaire de la crise et que la purge décidée à Berlin ressortit aux médicastres de Molière. Le réglage d'une reprise attelée au redémarrage des pays émergents sur fond de crise de confiance monétaire doit être minutieux, et d'autant plus qu'il s'applique à seize pays différents dont trois mourants. Nul ne doute que les services allemands soient à la hauteur des analyses exigées par une situation complexe, mais la tétanisation de la chancellerie traduit-elle une émotion confinant à la panique ? Les pires scenarii ont été passés en revue à Berlin en partant du constat que l'économie à réparer ressemblait à une économie de type post-guerre-perdue. Déficits étatiques et sociaux géants, dette abyssale en boule de neige, activité ralentie. La social-démocratie a dévoré les pays d'Europe, mais dans le coeur de Merkel, c'est bien la Soziale Marktwitschaft(2) qui est en cause, malgré l'Agenda 2010 lancé par le chancelier socialiste Gerhard Schröder. L'Allemagne travailleuse et déjà reformée vit encore au-dessus de ses moyens. C'est la Deutschland AG über alles qui est menacée dans ses fondamentaux même si elle travaille bien. Il n'est donc plus temps d'affiner les dosages avec des voisins, et si le débat est virulent au sein de la nouvelle coalition du pouvoir, le consensus est large dans le pays que cette fois sera celle de l'Allemagne première servie. Le monde repart-il sans l'Europe, que l'Allemagne achète cette opportunité. D'où le désintérêt manifeste pour les solutions communautaires qui traînent en longueur, sans parler de l'exaspération à subir la morgue française et sa personnalisation un peu vulgaire.

Finalement la locomotive rhénane a décroché du train européen, ou bien c'est nous. Elle avance aujourd'hui sur des marchés planétaires quand la France vit ses chances en Europe, un compartiment parmi d'autres du jeu stratégique allemand. La charge émotive de premiers partenaires réciproques a fusé, l'avenir est aux BRICs. Notre désindustrialisation – provoquée pour partie par l'Agenda 2010 précité qui contractait notre marché extérieur de prédilection - ne nous permet pas de suivre.

gerhard SchroederEn 2003, Gerhard Schröder (en photo) décida d'enrayer le déclin en fédérant toutes les forces vives dans un pacte national de combat pour gagner la mondialisation. Il impliquait le patronat, les syndicats, la fonction publique, le Bundesrat représentant des länder, le Bundestag et le gouvernement. Décapage à l'acide du code du travail, fusion et alignement des allocations chômage et sociales sur la moins élevée, assurance maladie réformée et suppression des indemnités journalières maladie, chasse aux niches fiscales, modération des taux d'impôts directs, refonte de la taxe professionnelle, taxation des opérations de bourse, amnistie fiscale des repentis... du déjà dit chez nous mais aujourd'hui seulement. En écho, l'industrie est revenue progressivement aux quarante heures et le défi fut accepté par tous bon gré mal gré³. En juin 2008, avec un budget exécuté en excédent, deux Allemands sur trois demandaient une plus grande protection sociale. C'est finalement la crise grecque qui a stoppé la revendication. Le gouffre qui s'est ouvert en une nuit sous les pieds de ce beau pays où beaucoup d'Allemands vont en vacances, a rameuté au rempart. Le pacte Agenda 2010 a porté fruits. Le commerce extérieur allemand approchera bientôt le trillion d'euros à l'export avec un solde positif de vingt pour cent ! Avec de tels résultats, vous obligez les autres à vous écouter ! Avec les nôtres, vous restez seul.
Ainsi certains pays du Nord sont-ils prêts à s'accrocher à la locomotive et une réunion des ministres des finances germanophones (exit les interprètes indiscrets) s'est tenue officiellement sur les questions de transparence bancaire le 14 février 2010 à Luxembourg, réunion à laquelle assistaient autour de Wolfgang Schäuble, le Grand Duché, l'Autriche, le Liechtenstein et la Suisse. Certains y ont vu les prémices d'un Euromark réservé aux peuples tristes et besogneux, mais la sécession n'est pas encore mûre, si d'aucune manière exclue. Seraient intéressés, les Pays-Bas, la Finlande et la Slovénie.


l'euro est un mark
Quoiqu'il en soit, les choix allemands nous regardent-ils ? Eux nous ignorent, mais nos économies sont encore imbriquées au dixième et la répercussion sera immédiate en France. Nous pouvons regretter mais un peu tard d'avoir dépensé tant de moyens et d'énergie à conserver un statut grandiloquent de "grande puissance" au lieu de mettre le paquet sur l'économique. Avoir les moyens de sa politique est un préalable incontournable de nos jours où l'Intendance ne suit jamais mais précède. Notre Etat est comme une tunique de Nessus qui traînerait par terre ; la France industrielle est un fantôme.

Notes :
(1)Credit Default Swap, valorisation du risque souverain sur les marchés
(2)Une économie de marché sociale
(3)Les lois Hartz durcissant des conditions d'embauche et d'indemnisation ont créé de nouveaux mots : Prekariat, Unterschicht que l'on traduirait par "lumpenprolétariat".
(4)Déficit budgétaire limité à 3% de Pib et dette publique sous les 60% de Pib




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