LA DIPLOMATIE exige les deux qualités qui font le plus défaut à Nicolas Sarkozy, la discrétion et la patience. Nicolas Sarkozy veut parler au monde mais le monde ne l'écoute plus. Résultat navrant symbolisé par le naufrage de Bernard Kouchner et le refus d'Alain Juppé d'en prendre la succession. On a donc laissé les affaires courantes à Mme Alliot-Marie qui s'en sort comme vous avez pu le voir. Le même silence que nous avons décidé d'observer par pudeur ou par courtoisie à l'endroit de François Bayrou s'étend à présent au maire de Saint-Jean-de-Luz. Mais de quel aveuglement sinistre témoigne ce gouvernement ; et avec lui son régime ! Absence totale de vision devant les nouvelles complexités du monde. Oh ! certes, la République nous en avait déjà fait voir ! Qui ne se souvient de cette visite amicale proprement ahurissante du "visionnaire" François Mitterrand en RDA, à Berlin-Est, maintenue au lendemain de la chute du Mur ? En termes de relations internationales, Nicolas Sarkozy se fait à présent modeste. Au sujet de Ben Ali : « Nous n'avons pas toujours eu le recul nécessaire » affirme la principale victime collatérale de la révolution tunisienne. "Réserve" est désormais le maître-mot de nos relations avec le Maghreb comme avec l'Égypte, mais chacun peut y voir le retrait et l'impuissance de la France. C'est encore une manière convenable pour signifier que nous sommes sur la touche. Et dire qu'en 2007, le candidat Sarkozy entendait tourner la page des complaisances avec les partenaires africains et arabes. Que penser alors du soutien caricatural accordé à Ali Bongo et à son élection truquée au Gabon ? Que dire des droits de l'homme brandis à tout va mais sacrifiés lorsqu'il s'agit de se réconcilier avec la Chine ou la Russie ? Que penser de notre incapacité à peser sur le conflit israélo-palestinien ? Comment réagir devant l'appel de la France à créer un groupe de contact pour faciliter la mise en place d'un nouveau gouvernement au Liban et qui est resté sans réponse ? Le médiateur le plus probable semble être la Turquie, nouvelle puissance dans la région. Qui se souvient du beau projet d'Union méditerranénne présenté par Henri Guaino et qui a sombré corps et biens entre Tunis et Le Caire ? L'accumulation de tant d'échecs entraîne un isolement saisissant. Marc Savina (AF2000 #2810)
Clausewitz ne disait-il pas que "la guerre est un instrument de la politique... et n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens". La guerre n'a pas d'autonomie, elle n'est que la partie d'un tout et ce tout est la politique, que dans son segment étranger l'on nomme : diplomatie. Et réciproquement la diplomatie est à la guerre ce que le manche est au couteau, indissolublement liés.
Qui peut la guerre, a une diplomatie !
Les Etats-Unis peuvent porter le fer de la guerre dans toute plaie diplomatique du globe. La Chine peut en faire autant sur soixante degrés de longitude (75°E à 135°E) jusqu'à l'équateur. La Russie a 150° d'espace bien que limitée en latitude au 40°N. Tous les autres regardent le Grand Jeu, qui ne disposent que de forces d'auto-défense, projetables plus ou moins loin mais incapables seules de faire la guerre et de la gagner. On les coalise par projet.
Où en sommes-nous ?
Dans notre état de déliquescence économique, nos armées sont des variables d'ajustement budgétaire aussi longtemps que la guerre ne sera pas à nos portes, mais il sera alors trop tard pour les remonter.
N'ayant quasiment plus aucun moyen de contrainte, notre diplomatie n'a pas de... dents, que des postures. Elle est représentée ces temps-ci par une personnalité politique sans talents autres que celui de plaire à son maître, sans vista, sans projet (ce qui lui serait de toute façon interdit). On pourrait tout aussi bien y mettre un chimpanzé qu'on en retirerait le même usage à moindre frais. N'y a-t-on pas vu Kouchner l'esclaffé ? Que faire sans moyens pour apparaître encore (mais jusqu'à quand ?) dans les enceintes internationales de pouvoir ? De l'esbrouffe et appliquer le vieux principe de lâcheté : faible avec les forts, fort avec les faibles.
Marc Savina signale la complaisance montrée à la Chine et à la Russie, mais il ne dit pas que nous y sommes contraints car nous avons besoin de ces marchés comme le marathonien a besoin d'eau. Notre économie domestique est perfusée à l'exportation puisque nous produisons de moins en moins de biens sur place pour le marché intérieur, et donc que le moindre contrat enlevé à l'extérieur repousse un peu plus la banqueroute de notre économie de loisirs. Quelle idée juste vouloir imposer aux autres pays quand nous ne pouvons que la négocier. Après la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, la Chine prendra des bons du Trésor français. Croyez-vous que nous serons en capacité de lui faire alors les gros yeux ?
L'éditorial note le désintérêt des Libanais à notre offre de médiation pour former le nouveau gouvernement. Qui s'en étonne ? Comme me disait un journaliste de l'Orient-le Jour, au moindre problème libanais, on entend parler la France, même quand on ne lui demande rien. Elle ne peut quitter sa redingote de mandataire ni cesser de mettre son nez dans les affaires d'autrui, d'autant qu'elle est incapable de protéger le Liban contre aucun de ses voisins. La dernière guerre israël-hezbollah l'a démontré en long, large et travers.
Une fois le pays détruit sous le regard indulgent de nos observateurs, nous avons débarqué cinq (5) chars Leclerc tout blancs, dont trois sont opérationnels au même moment ! Ce n'est pas parce que le clan Hariri loge à Paris l'ancien président de la République qu'il faut croire que les Libanais n'attendent que nous. "Le monde ne nous écoute plus" dit Marc Savina, mais cela fait déjà longtemps que nous devons limiter notre discours aux Droits, en choisissant soigneusement nos interlocuteurs pour ne pas les fâcher.
Economique d'abord ! Pour renaître, ce pays a besoin de gagner sa guerre économique. Elle passe par la réduction de l'Etat soviétique qui le vampirise. Cessons ce modèle extravagant de la social-démocratie à compte d'autrui inventé par le Conseil National de la Résistance, et laissons faire la "race", une fois libérée. Elle n'est pas éteinte, on en voit les succès partout... à l'étranger. Laissons-la s'exprimer, inventer, innover, développer, réussir, s'enrichir, et s'il reste trois sous, mettons-les sur l'éducation.
Le futur Vergennes devra attendre le renouveau économique et financier de ce beau pays pour achever le Projet d'être à nouveau indispensables aux nations du monde. Même Hubert Védrine dans cet environnement en déclin serait médiocre !
Tuons le mammouth ! Au travail et vite !
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A propos de notre ministre des AE : "Aller passer les vacances en Tunisie, dans cette période, quand on est ministre des Affaires étrangères et qu'on représente la France partout où l'on se trouve, signe un défaut d'intelligence, un manque total de discernement, de la "bêtise" comme l'a déclaré Daniel Cohn-Bendit qui n'est pas tenu à mes précautions de langage. En elle-même, une telle démarche, si aberrante qu'elle offense même le simple bon sens, aurait dû entraîner dans l'urgence le départ de MAM." (L'avocat général Bilger dans Une France qui se paie de maux, le 7.2.11)
RépondreSupprimerMerci cher anonyme,
RépondreSupprimerLe billet incendiaire de Philippe Bilger est ici.
Il signale le différence entre la mansuétude à l'endroit de la Bêtise et la stigmatisation par le pouvoir de magistrats et greffiers simplement débordés (affaire Laetitia).
La classe diplomatique française descend les marches vers une vulgarité morale certaine. Après Villepin qui a ch... gracieusement dans les bottes de notre allié américain, Kouchner, le m'as-tu-vu cupide de référence affublé d'une houri acariâtre qui veut tout commander, voici l'andouille raide de St Jean de Luz, MAM !
RépondreSupprimerEt notre consul général à Hong Kong pique des bouteilles de vin au Jockey Club local !!!
Notre diplomatie n'est pas castrée, les eunuques faisaient de bons diplomates. Elle est in-si-gni-fiante.
Je pense comme vous que la voix du Quai n'a plus de signification. La rengaine des Droits ne suffit pas à asseoir une diplomatie sur la durée. L'originalité de la Politique arabe de la France vient de se fracasser sur les émeutes que nous n'avons en rien anticipées, alors que nous réclamons cette expertise particulière dans toutes les enceintes internationales d'analyse et décision.
RépondreSupprimerC'est Clinton et Obama qui font tout le "travail".