mercredi 2 février 2011

De charybde en scylla

La consultation de Google Analytics nous signale une forte hausse des visiteurs provenant d'Afrique du Nord qui, lorsqu'on les additionne, sont en troisième position entre Canada et Belgique. Que l'on ait recherché l'avis de Royal-Artillerie serait flatteur mais il est probable qu'à l'exception de la Tunisie où la moyenne du temps passé est de 1min 36s, - ces lecteurs avaient été accrochés au train des équipages par un billet monarchiste de septembre 2006 : Le Roi de Carthage - les autres ont fait le tour des blogues royco pour savoir ce que nous pensions de la "révolution en marche". Temps passé et taux de rebond nous l'indiquent. Allons-y donc.

La démocratie réelle résoudra-t-elle les problèmes causés par la dictature ? Bien sûr, dès que l'on expulse la dictature ! à la réserve près qu'ils n'en sont pas tous issus mais résultent aussi des fondamentaux de chaque pays et de la pertinence du régime économique choisi, parfois il y a longtemps.
Quand on creuse, on s'aperçoit que les gens réclament d'abord la justice au sens large et le minimum vital, pas la lune ! La captation de la valeur ajoutée produite dans le pays par une caste de vampires leur est donc insupportable, bien avant qu'ils ne s'indignent de l'insuffisance de cette valeur ajoutée globale et n'en comprennent les raisons.
Au Mahgreb, le cas de l'Algérie est à part. C'est un pays riche et prometteur colonisé par les familles issues des leaders de la guerre d'indépendance qui se sont réparti entre elles les flux de biens et matières. Le gouvernement est chargé d'agiter le tapis pour les maintenir dans leurs rentes respectives. Elles ne libèreront le pays que gavées à en crever, et ce ne semble pas être pour demain, les jeunes générations comptant bien prendre la suite.
Le cas du Maroc est spécifique mais pas autant qu'on l'analyse. Le Makhzen marocain n'est pas une aristocratie éclairée mais une grille féodale qui régente tout le royaume, sous le regard d'un roi entravé qui a beaucoup déçu, du moins ceux qui ne le connaissaient pas avant.
Les révoltes spontanées que nous observons dans le monde arabe ne sont plus mises à feu par le nationalisme, la lutte contre l'Occident, la défense des ethnies ou cultures minoritaires, ou même la faim. Elles sont déclenchées par le gap entre le monde libre et le monde arabe, l'insupportable défi de libertés en tous genres que leur vendent sur l'écran d'ordinateur les "pourrisseurs" anglo-saxons et leurs affidés européens. C'est CocaCola et les jeans Levi's 504 qui ont sappé le communisme. Aujourd'hui, Yahoo, Google, Facebook, Twitter ont pris la rélève de la subversion douce.

Les fondamentalistes musulmans le savent qui poussent à élargir le gap pour retourner à la charia et à la civilisation de piété et grandeur d'un passé lointain, mais de toutes les fermentations qu'ils ont semées, aucune n'a eu l'effet déclencheur spontané. Toutes leurs manifestations bruyantes sont organisées et soigneusement encadrées, ce sont des défilés. Ils rament maintenant partout derrière les "libéraux" en Jordanie, en Egypte. Ailleurs ils sont carrément dépassés.

Revenons à la Tunisie qui est le "pays sympa" d'Afrique du Nord. Time Magazine avait fait un article en novembre 2007 que nous complétions d'une entame enthousiaste : Ce pays démuni de tout sauf de courage a émergé jusqu'à devenir un petit dragon arabe sur le modèle asiatique. Et nous y combattions la rage démocraciste des Américains qui voulaient y forcer (déjà) leur modèle, par moult exemples de peuples prospères sans démocratie, en commençant par une question qui fâche, toujours la même : A quoi cela sert-il de promouvoir urbi (à l'ONU) et au monde les déclarations des droits de l'homme et du citoyen, si au final il s'en tape, ne s'intéresse qu'à la paix des villes et des champs, à l'éducation de ses gosses, à mettre un peu d'argent à la banque ? S'est-on posé la question de savoir si le citoyen veut l'être ? Des agitateurs "contre-révolutionnaires" mettent le ver dans la pastèque cérébrale en démontant la manipulation des puissants ou des riches sous les yeux incrédules des électeurs, en leur suggérant de laisser la stratégie entre les mains de professionnels honnêtes débranchés de la machine à fric. Hurlements des idéologues de l'égalitarisme pour qui c'est de la pornographie. Or les familles dynastiques de qualité peuvent jouer ce rôle désintéressé. Et les peuples ne s'y trompent pas qui naturellement privilégient aux affaires publiques les familles qu'ils connaissent.

C'est une définition de l'aristocratie comme régime politique, et les peuples qui lui préfèreront l'égalistarisme français seront malheureux, éternels insatisfaits, puisque le ressort de ce système est la promesse de satisfaire des envies réputées toutes légitimes. On sait bien que ce n'est pas possible sur terre, mais quel slogan mobilisateur !


Pour le moment, tout laisse accroire que l'Opinion recherche un homme providentiel - Ben Ali le fut en son temps quand il débrancha le géronte Bourguiba -, homme fort en pays de caïds qui va s'entourer des rois-mages pour redonner du travail à tous, après avoir fait des élections à la proportionnelle pour inaugurer le grand cirque des tribuns télévisuels. C'est tout vu.

De bonne foi, si le peuple tunisien est en quête d'un Etat juste qui favorisera la croissance économique pour assécher les poches de misère et donnera à chacun sa chance - attention, courage ! - il aurait intérêt à étudier une restauration monarchique qui est le mode représentatif le moins cher et le plus sûr en termes d'image extérieure, d'unité nationale et d'incarnation d'une vrai souveraineté. La dignité retrouvée de la fonction déteindra sur les étages subalternes où travaillera le nouveau gouvernement démocratiquement élu par un processus adapté aux moeurs du pays.

Evidemment que les tuteurs imposés (Etats-Unis, France, UE) déconseilleront ce choix qui en creux dénonce leur illégitimité, puisqu'ils sont les purs produits éphémères de la démocratie retravaillée à dessein et n'entendent pas laisser à autrui un avantage de temps long qui leur est inaccessible. Dès fois que ce petit pays deviendrait un Hong Kong à la charnière de la Méditerranée occidentale et orientale ! Vous n'y pensez pas !

Que le peuple tunisien se tienne à distance aussi de cette machine à normaliser tous les comportements que sera l'Union Pour la Méditerranée. Qu'il choisisse le grand large, sa position géographique s'y prête.

Finissons par les armes de la maison des Bey de Tunis.
Qu'elles vous donnent envie, amis de Carthage.

armes de la nouvelle Carthage

Sites tunisiens parlant de monarchie :
- Royaume de Carthage
- Réveil tunisien
- Nawaat

Les deux billets de Royal-Artillerie cités dans celui-ci sont :
- Le Roi de Carthage
- La rage démocratique

Une faute d'orthographe, de grammaire, une erreur à signaler ? Contactez le piéton du roi à l'adresse donnée en bas de page et proposez votre correction en indiquant le titre ou l'url du billet incriminé. Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

3 commentaires:

  1. La Tunisie montre aujourd'hui l'absence dramatique d'une alternative royaliste largement diffusée. Le Mouvement Royaliste Tunisien est embryonnaire, sans moyens, ni vecteur médiatique. La maison des Bey de Tunis a depuis longtemps jeté l'éponge.
    L'aubaine ne peut être saisie.
    Ces révolutions ne préviennent pas, prenons en de la graine !

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  2. Les Tunisiens ont été décervelés par leur république comme les Français avec la leur, c'est pourquoi ils ne pensent pas, dans leur immense majorité, à l'alternative royale.

    Merci, Catoneo, de nous avoir donné le lien du "Royaume de Carthage". Ce qu'y dit l'administrateur est d'une lucidité et d'une justesse merveilleuses. Je l'ai diffusé, avec son article, sur mon forum http://lafrancecouronnee.xooit.fr

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  3. La charte de Chaabouni en 45 articles est sur un autre site : Tunisie démocratique et laïque.

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