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Blogues de jasmin

Ayant une affection gratuite pour la Tunisie qui n'a rien à voir avec ma compatriotitude forcée de la Guêpe de Bizerte, je sillonne depuis les évènements les blogues qui ont fleuri à la Révolution de Jasmin, et qui forment, je crois, la meilleure source de réinformation sur ce pays. Lentement réinsérés par leur classe politique dans le cadre caïdistique des Etats arabes pré-révolutionnaires, les Tunisiens libérés ont détecté la reprise en main du nouvel Etat par les professionnels, seuls capables, laissent-ils croire, de gérer l'héritage laissé par Ubu-Ben-Ali. Ainsi les élections ont-elles été repoussées du 24 juillet au 23 octobre pour organiser "intelligemment" la coalition de gouvernement, ce qui aura au moins le mérite de mieux voir les oreilles du lapin, car il faudra bien éditer des programmes. Je parle bien sûr du lapin létal, gardien du Grail des Monty Python.

Arabasta a écrit sous le signe de l'Anarchie rationaliste un antimanuel de la politique pas piqué des hannetons. Il permet d'abord de mémoriser quelques-uns des caciques inoxydables du nouveau régime et au détour, de nous offrir quelques définitions savoureuses comme celle des islamistes :
Une personne qui prie dans la rue et qui fait de la politique dans les mosquées
Les rieurs resteront le dernier rempart contre la vague fondamentaliste parce qu'il y a de quoi faire avec les barbus du Prophète quand on les connaît bien. Ces chansonniers sont nombreux en Tunisie, même parfois ultra-féroces comme Zizirider. Ils ont le même humour acide que les Cairotes. Les deux révolutions ont semble-il percuté.

Plus sérieux, des blogueurs politiques suivent les méandres du nouveau pouvoir en cherchant à canaliser entre les deux rives de la révolution le flux de la Réforme, sous un torrent d'articles et commentaires sur les réseaux sociaux. Ils avouent y avoir beaucoup de mal comme Lina Ben Mhenni, prof d'anglais ci-dessous, qui diffuse ses idées sur un blogue A Tunisian Girl qui n'est pas girlish du tout. Par les liens de blogue à blogues on découvre vite ce monde où il se passe vraiment quelque chose aujourd'hui et maintenant.

Un même aveuglement les relie tous.
C'est le système démocratique par essence, ce « triomphe du tas » disait Barbey d'Aurevilly, qui va confisquer leurs espoirs de liberté et justice, au nom du politiquement-souhaitable-mais-pas-plus. Prendre la revendication populaire dans tout son désordre et diversité, la mettre en musique sur une portée bien droite, la revendre ainsi au plus nombreux, allier ses résultats à ceux obtenus par ses compères, obtenir légitimement les clés du château, s'y fortifier et relancer l'histoire pour vingt, trente ans, tel est le scénario de la réforme arabe empruntant les codes de la démocratie conquérante. Sauf, sauf...
...si un peuple parvenait de lui-même, car c'est un cadeau qu'aucune Nomenklatura ne fera jamais, à créer une démocratie du type helvétique où ses représentants sont à son service sous contrat mal payé de durée strictement déterminée.
Le site monarchiste du Réveil Tunisien ne va pas jusque là mais le dernier édito de Hasni, A vous de jouer, le fait bien comprendre.
Sa conclusion :
« Nous avons tout à inventer. Les partis politiques, l’opposition, la majorité, le régime politique. Mais aussi les syndicats (au pluriel), l’école, la santé, la culture, la solidarité, la justice. Et encore la place des jeunes dans notre société. Eux qui ont montré l’exemple et qui sont l’immense majorité des citoyens. La place des femmes car on a beau louer le modèle tunisien, en la matière il y a encore du chemin à faire pour l’égalité. J’oublie des centaines et des centaines de chantiers, j’en suis sûr. L’environnement en premier lieu, le pillage des ressources naturelles, le massacre des côtes, l’urbanisation incontrôlée, les usines puantes et polluantes, la gestion des déchets, de l’eau, de la voiture. Non j’arrête là, car ces chantiers, ces centaines de chantiers doivent être mis en œuvre avec le plus grand d’entre eux, le chantier de la démocratie. A vous de jouer.»
(clic vers l'article complet)

Pour le "prestige" de la Nation en pays méditerranéen, pour incarner l'histoire et la justice, il serait bienvenu de remettre les Beys comme le proposait Me Kamel Chaabouni sous Ben Ali, bien avant la chute de la Maison Trabelsi. On voit les effets bénéfiques de l'impulsion royale au Maroc. Le projet de révision de la constitution demandé par le roi est déjà prêt et il sera soumis à référendum dès le mois de juillet. On n'imaginerait jamais pareille vélocité en France.
Deux blogues qui militaient dans notre sens sont inscrits au Roycoland sous le nom de leur rédacteur : Vers un royaume de Carthage et Tunisie démocratique et laïque. On y apprend beaucoup. Me Chaabouni est aujourd'hui très présent dans le débat constitutionnel comme on peut s'en rendre compte dans son projet de constitution, même s'il a rajouté beaucoup de sucre dans le thé à la menthe, avec l'espoir sans doute de "participer" et retourner le régime depuis l'intérieur du cercueil.

On trouve aussi sur le web tunisien des blogues d'archivage, comme Tunisie d'Antan qui est à découvrir dans toute sa richesse sur la période ottomane ; et News of Tomorrow qui nous parle entre autres choses de l'époque des Beys.





A noter que beaucoup de ces blogues sont hébergés chez Blogger (Google) aux Etats-Unis et donc hors d'atteinte.

Commentaires

  1. Que diriez-vous d'une " opération Kerkennah " cher royal piéton ?

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  2. Il faut que la neige dans la boule magique tunisienne retombe au fond pour voir qui fera le père Noël. Réponse le 24 octobre.

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  3. Si vous nous promettez " Noël Noël " pour le 24 octobre, je serais enclin à faire l'hypothèse qu'il y a une réponse positive subliminale dans votre texte évocateur de la lampe magique d'Aladin, Bizerte et Saint Louis obligent ! ...

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