Ce billet a paru dans l'Action Française 2000 du 16 juin 2011, sans les notes. Il ne s'agit pas du Queen Elizabeth 2, rassurez-vous ! Le billet entre dans les archives de Royal-Artillerie.
Le Trésor américain sera-t-il en défaut avant le Trésor grec ? Vingt-cinq milliards de coupons d'obligations lui seront présentés au 15 août mais le blocage de l'endettement public par la majorité républicaine au Congrès annonce le défaut. Ce défaut, même de quelques jours ou quelques heures, dégraderait durablement la notation du pays bénéficiant actuellement du "triple A", comme l'anticipait Standard & Poor's dès le 18 avril. Fitch Ratings et Moody's le menacent d'un humiliant «B» comme ils en donnent aux gitans sud-européens. Tout déclassement renchérit mécaniquement le prix de l'argent emprunté sur les marchés et creuse le déficit. Mais il est possible de se passer des marchés en empruntant la voie dite non conventionnelle¹ du Quantitative Easing (QE) ou assouplissement quantitatif des règles de prudence.Pour comprendre, revenons à la "crise des subprimes".
Lors de la découverte des hypothèques pourries de 2008 accumulées par la politique d'argent facile d'Alan Greenspan, les actifs des banques qui en comptaient beaucoup, émiettées dans une multitude de titres, furent subitement dégradées à tel point que tout l'interbancaire faillit geler comme le Saint-Laurent en hiver. Aucune banque ne faisait plus dès lors confiance à sa voisine, la craignant aussi chargée qu'elle-même. L'économie commençait à se gripper tel un moteur sans huile. Tout s’arrêterait et les caisses vides des entreprises jetteraient à la rue les employés par dizaines de millions.
Ben Bernanke², président de la Réserve Fédérale des États-Unis (FED) vit arriver le krach. Pour prévenir la congélation, en bon keynésien, il noya les banques de liquidités prêtées par la FED à un taux proche de zéro. Ce fut le QE-1. Mais le moteur de la consommation tournait quand même au ralenti parce que les Américains qui achètent tout à crédit en étaient privés par leur banque méfiante ; et la croissance ne repartit pas franchement ; or c’est l’éponge des erreurs. En relais du QE1, Obama fit donc injecter massivement de l’argent public sur crédits budgétaires en creusant les déficits déjà énormes, à peu d’effet au résultat, car le malade ne réagit pas à la perfusion. En novembre 2010, Bernanke décida de prendre des bons du Trésor tirés sur du vent pour couvrir ses propres émissions de liquidités. C’est le QE-2. Ce dispositif inflationniste extrêmement inflammable qui a vu la FED préempter 75% des émissions du Trésor, se termine au 30 juin prochain. Ils n’oseront pas le QE-3. Donc retour aux crédits budgétaires ? Non ! C’est là le hic.
Les Républicains font chanter la présidence en exigeant la réduction des dépenses publiques de 2500 milliards de dollars sur dix ans sans taxation supplémentaire, en contrepartie de leur accord au rehaussement du plafond d’endettement de l’État au-dessus de la limite constitutionnelle³. Les Républicains étant le plus souvent des possédants, il y a peu de chances qu’ils fassent sauter la Banque. C’est plutôt un exercice de lutte gréco-romaine, mais tous les détenteurs de bons du Trésor américain sont aux cent coups, les Chinois les premiers au seuil de la menace à peine voilée, car un mot tabou circule : banqueroute.
Notes
(1) La voie conventionnelle est la manipulation du taux directeur de la banque centrale qui induit le taux d'escompte des effets pris en pension et le taux interbancaire d'échange de liquidités entre banques.
(2) Ben Shalom Bernanke est un monétariste nommé à la tête de la FED par Georges W. Bush en remplacement du gourou Greenspan (In Alan We Trust !). Le poste étant très exposé, Obama n'a trouvé personne pour aller y prendre les coups et a maintenu à la FED le président en fonction.
(3) Ce plafond est de 14,3 trillions de dollars.
(1) La voie conventionnelle est la manipulation du taux directeur de la banque centrale qui induit le taux d'escompte des effets pris en pension et le taux interbancaire d'échange de liquidités entre banques.
(2) Ben Shalom Bernanke est un monétariste nommé à la tête de la FED par Georges W. Bush en remplacement du gourou Greenspan (In Alan We Trust !). Le poste étant très exposé, Obama n'a trouvé personne pour aller y prendre les coups et a maintenu à la FED le président en fonction.
(3) Ce plafond est de 14,3 trillions de dollars.
''Les Républicains étant le plus souvent des possédants''
RépondreSupprimerPure cliché, la ''masse'' actuellement est républicaine et ceux qui sont les bénéficaires de la politique de la FED sont généralement démocrate ou bien Rino.
L'article suggère qu'il s'agit des Républicains élus soit à la Chambre des Représentants soit au Sénat qui sont en position de bloquer la demande présidentielle.
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas de la masse des Joe-Six-Pack qui bien sûr n'auraient droit selon vous à aucune allocation de par leur statut patriotique, ce dont je doute, même si l'on sait que les couches défavorisées ou indolentes comme vous le pensez, ont une sympathie pour le parti démocrate qu'elles font élire.
Quant aux RINO que vous évoquez, je doute qu'ils fassent la queue aux guichets sociaux puisque par définition ils sont internationalistes et plus souvent que les socialistes mouillés dans des affaires transmondiales.
Merci néanmoins d'avoir posé un commentaire sur ce billet difficile.
Certains "gitans" sont déjà passés à CCC, la note du Zimbabwe. Je pense à la Grèce qui est en faillite avérée mais qui ne peut pas déclarer sa banqueroute parce que les banques prêteuses de France, d'Allemagne et ailleurs sont trop mouillées.
RépondreSupprimerExcellent article de Gilles Dryancour chez Turgot sur le défaut grec:
RépondreSupprimerhttp://blog.turgot.org/index.php?post/Gilles-Gr%C3%A8ce2
C'est définitif !
Le Washington Post signale ce matin que le Secrétaire au Trésor Timothy Geithner jette l'éponge mais restera en fonction jusqu'à la fin de la dispute des déficits au Congrès.
RépondreSupprimer