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Les larmes du roi

La dignité et l'humanité du peuple norvégien dans l'épreuve tragique qui lui est imposée par le combat d'un loup solitaire perdu d'avance, ne laisse d'impressionner. Un chagrin impassible, les dents serrées à casser, les fils d'Odin ne plieront pas sous l'assaut d'un Mythomane et de ses imitateurs possibles. Ils aiment leur société ouverte et fraternelle, ils en assument les richesses, les peines et les soins qu'elle réclame et aussi de nombreux inconvénients. Mais ils sont chez eux et nous le disent, et s'organisent comme ils l'entendent. La Haine ne passera pas. C'est ce que nous montre le champ de fleurs et de bougies déposées par les Osloïtes devant la cathédrale où fut célébré la messe de requiem pour les victimes du carnage d'Utoeya, sous la présidence du chef de l'Eglise de Norvège, SM le roi Harald V.
L'office du dimanche 24 juillet restera dans les mémoires. A côté d'un roi aux yeux rouges de larmes, d'une reine en sanglots, le premier ministre, la gorge nouée d'émotion, parvint à articuler les mots de leur détermination à tous : « Nous sommes un petit pays mais nous sommes un peuple fier. La Norvège n’abandonnera jamais ses valeurs ».
Il aurait pu ajouter que ce n'est pas le nombre de ses enfants qui fait une grande nation mais s'en est retenu pour ne pas être immodeste, travers d'usage général dans nos contrées latines. C'est toute la différence, mesure, étiquette, affabilité. Le roi Olav V, père du roi d'aujourd'hui, avait l'habitude de dégourdir ses chiens au petit matin sur l'esplanade du palais et rendait leur salut aux passants dans une simplicité royale. SM Harald V est le modèle des monarques du Nord. Autorité naturelle permettant d'ouvrir une accessibilité vraie. Scolarité à l'école publique, service militaire dans la cavalerie, troisième cycle à Oxford (histoire, économie, sciences sociales), il sera l'ambassadeur infatigable de l'industrie norvégienne. Excellent dans les activités sportives, il communie comme tous ses sujets avec la Nature tant à la chasse qu'à la régate puisque le Norvégien est d'abord un marin. A 74 ans, il enchaine les voyages diplomatiques et assure sa charge pour le meilleur bénéfice de son pays. C'est le job ; et ce pays marche bien, malgré de sévères contraintes climatiques et une géographie coupée en tous sens, si difficile à exploiter. Mais le défi répond au défi, à pays dur, crânes incassables. La vigueur nordique n'est pas célébrée pour rien, et cela depuis des siècles.
Il serait facile et cruel d'établir des comparaisons avec les condottieri de rencontre qui viennent à date fixe "réussir" leur vie chez nous dans des palais qu'ils n'ont jamais construits. Quels que soient leurs mérites, élus d'une faction, ils ne feront jamais l'exploit de réunir tout le pays derrière eux de manière spontanée. Ce "précipité" va de soi en Scandinavie. Le roi de tous appartient à chacun et il est infiniment plus que le chef du gouvernement des disputes courantes. Il est l'horloge pacificatrice de la république et l'âme visible de la nation. Nous ne savons comprendre.



Nota : ce billet est paru dans l'Action Française 2000 du 4 août 2011

Commentaires

  1. le pays marche bien grâce au pétrole et au gaz naturel, et il a le secteur public le plus important au monde!

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  2. Le pays marchait déjà bien avant l'exploitation du pétrole de la Mer du Nord. Il anticipe intelligemment l'assèchement des gisements en abondant un fonds de réinvestissement.
    (2) Avec seulement 15 habitants/km² sur un relief aussi accidenté pendu au cercle polaire, il faut la solidarité totale des 5 millions de norvégiens pour maintenir le pays ouvert. Donc l'importance de la fonction publique exprime cette exigence. On a le même résultat en Autriche pour les mêmes raisons.

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