Il est des pays dont la situation comptable est bien pire que la nôtre et qui empruntent à dix ans moitié moins cher que nous. Je citerai au hasard le Japon, la Barbade, Singapour ou les Etats-Unis. Les bons à 10 ans du Japon (AA-) sont achetés aujourd'hui 7 décembre au taux de 1,045%, ceux de Singapour (AAA-) à 1,043%, ceux du Trésor américain (AA+) à 2,08% alors que les triples A de l'Allemagne et de la France offrent des taux à 2,19% et à 3,26% respectivement. (source Bloomberg et MAS). D'accord, la Barbade (BBB-) est à l'encan et personne ne lève le doigt, mais ils ont les palmiers et les coconuts.
A la différence des nôtres, ces pays sont souverains. Leur politique fiscale et donc budgétaire peut être erratique, bonne ou moins bonne dans ses équilibres, du moins a-t-elle le mérite d'être connue, voire anticipée. Singapour à une bonne note à long terme et une assez mauvaise note à court terme (A-1+) parce que c'est un mini-Etat coincé entre deux géants musulmans hostiles, la Malaisie et l'Indonésie, et qu'il peut encaisser un mauvais coup. Les Etats-Unis croûlent sous les déficits mais sont gouvernés en toute transparence et des pronostics sérieux sont faisables, sans parler de la motivation populaire inhérente à l'Aventure américaine et de leur puissance militaire inégalée. Le Japon est un géant assoupi, mais toujours détenteur d'un savoir-faire industriel de haut niveau et d'un excédent commercial enviable, sans parler de la puissance de sa recherche appliquée. Ainsi donc les preneurs de bons - ces fameux marchés si décriées mais qui sont notre poumon artificiel - savent à quoi s'en tenir, mesurent les risques, s'en prémunissent en balançant leurs positions (hedging) et vont aux adjudications des Trésors publics relativement sereins.
Mais que sait-on du futur de la France, en campagne électorale qui pis est ? Et même du futur de l'Allemagne, se dit S&P : elle est le premier fournisseur de tous ses voisins malades de la peste. Dans les dix premiers pays destinataires des exportations allemandes, il y a cinq pays de la zone euro en crise existentielle, la Grande-Bretagne complètement désindustrialisée qui vit sur la City de Londres, la Suisse, la Pologne, les Etats-Unis et la Chine (source the CIA World Factbook). Seule la Suisse a une économie saine !
Notre budget vient d'être voté en déficit, notre commerce extérieur est à la ramasse - et ce n'est pas qu'une question de taux de change -, la croissance 2012 est expertisée à 0,50% soit epsilon, notre économie sociale est à bout de souffle, sauf à la RATP ! Quel pronostic de sort feriez-vous si vous aviez à prendre seulement un million d'euros de bons du Trésor français à 5 ou 10 ans aujourd'hui ? Carrément impossible. Et cette méfiance déteint sur tout le réseau bancaire international qui ostracise les banques de la zone euro faute de visibilité des politiques publiques, les annonces ne suffisent plus.
Quand Zig et Puce annonce la négociation imminente d'un nouveau traité de la Règle d'Or, ils sont jugés présomptueux quant à leurs chances d'aboutir et très arrogants à vouloir commander l'Union sans mandat spécifique, ce que vont leur faire comprendrre les "autres pays" européens, volontairement largués, au Conseil de vendredi. Le Premier anglais a ouvert les hostilités, as usual et les petits peuvent faire bloc
La seule issue pour la France est de réduire fortement ses déficits et surtout "nationaliser" sa dette. La Belgique a exploré la voie des "bons patriotiques" que suivent depuis longtemps d'autres pays comme le Japon, la Corée, Singapour mais aussi l'Italie, pays qui ont une dette publique détenue par leurs résidents et sont donc moins enchaînés aux caprices des marchés. Mais pour vendre des bons au peuple, qui ne soient pas pris pour des assignats, il faut lui donner confiance par une gestion assainie tout de suite, et que l'Etat montre l'exemple en coupant tout le bois mort de cette République faillie. Et il y en a des stères !
A défaut, les gens garderont le sentiment qu'ils concourent à la fortification des privilèges que la presse dénonce semaine après semaine, et ils auront raison. Remettront-ils leur avenir entre les mains molles de M. Hollande ? Si Mme Le Pen reconstruit un programme économique adulte, elle a ses chances. Mais François Bayrou, plus orthodoxe, aussi. Ce n'est pas la joie tout de même ! Qu'en pensent Jean et Louis ?
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15:30GMT : Standard&Poor's dégrade le crédit de la France de AAA à AA !
RépondreSupprimerLa zone "mark" de l'Euroland n'est pas touchée. Le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain (noté AA également) ressort à 1,855% à la même heure.
Il y a espoir que rien ne bouge dans l'immédiat, les marchés ayant anticipé la dégradation inéluctable, vu la pétrification budgétaire d'un gouvernement en campagne électorale. L'euro est au plus bas à 1,2662$, ce qui avantage les pays exportateurs et pénalisent les importateurs dont la France.