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Deux tabous

Monsieur Sarkozy s’est projeté hier soir dans son second quinquennat, mais doit attendre les premiers effets des mesures du rapiéçage annoncé à Toulon pour déclarer sa flamme à Marianne. Tous les protagonistes ayant abaissé la visière, la campagne présidentielle est lancée… qui ne remet en cause ni le modèle social, ni le régime parlementaire incapable d'autogestion. Le président cherche à financer le modèle que le monde entier nous envie, surtout au Sahel, et ne peut le réformer sérieusement, protégé qu'il est dans le corset démagogique qui seul le tient debout !

Aucun des candidats, même produit hors-nomenklatura par la société civile, ne voit ou n'ose parler du mirage de la social-démocratie et chacun de trouver son explication qui, bien sûr, ne remet pas en question les principes qu'il persiste à porter malgré les évidences aveuglantes qui vont nous percer au coeur. Question d'étoffe ? Il en faudrait pour bousculer les tabous occidentaux en fin de course, et nous n'avons que des petits formats. Que de chimères, que de licornes idéologiques adorons-nous !
Le premier de ces tabous est la vie à crédit, le second, la concurrence régulatrice des profits, non qu'ils soient mauvais en eux-mêmes mais parce qu'ils sont exercés dans le plus cynique des égoïsmes par des gens déresponsabilisés, mentalement hors de la société qui les entoure.

A compte d'autrui
Le syndicaliste qui marche sous le calicot pour aggraver le déséquilibre de sa caisse sociale à renflouer dare dare par les contribuables est un irresponsable. Ceux-ci ne lui doivent rien ! Et pourtant nous sommes champions du monde de la grève des planqués de la nation qui convoquent tout le monde à leur bien-être, même les usagers qu'ils pénalisent durement par leurs mouvements sociaux. Toujours plus ! C'est fini dans quelques mois. Fini peut-être à la chevrotine.

Quand les termes du crédit excèdent la durée de vie de l'emprunteur, il est légitime que ses ayant-droits se dispensent d'en assurer les échéances en refusant la succession. A accepter l'héritage, ils s'exposent à céder du capital pour clôturer le prêt. Le nombre croît de ceux qui refusent d'être chargés d'une dette publique obligatoire et démesurée, fondée non sur des investissements productifs pour les générations futures - eux - mais presque uniquement due au rembourrage annuel des édredons de la social-démocratie de confort, qui n’est pas remise en cause à Toulon ; ce qui est carrément populiste.
Quand les motivations des los indignados auront précipité en un front du refus fiscal - ce que Raymond Barre anticipait de son vivant déjà - ces messieurs du Conseil national de la Résistance, qui ont mis le pays dans le sac de la soviétisation, auront du souci à se faire, Hessel en tête.

L'autorégulation
Le second tabou est porté par mes amis libertariens qui, derrière Bastiat, Hayek, et quelques autres vivants ceux-là, ont toutes les bonnes raisons de croire que le libéralisme pur, la monnaie privée, l’autorégulation par la punition infligée par les marchés, tous systèmes débridant le génie natif de l’espèce humaine, portent en eux la promesse de lendemains qui chantent. Ils comptent sans l'orgueil des Etats devenus partout invasifs de la sphère économique depuis la grande dépression, aux sources même du capitalisme "sauvage". Associée à cette intrusion, la volonté de fabriquer un homme typé du berceau à la tombe, est le plus sûr présage d'un totalitarisme qui ne dit pas son nom. La démocratie est une voie d'esclavage soft par le haut rendement du moteur de la Médiocrité découlant de la loi du Nombre. C'est un régime d'élite dont le succès convoque la vertu à tous les étages et une forte identité nationale, autant dire l'impossible.
Et l'Etat fausse tout.
Les masses abêties dès l'enfance glapissent au pied des pupitres pour qu'il en soit ainsi. Pour plaire à leur impatience légitimée - ils veulent, donc ils auront - on cueille le fruit de l'arbre, le même que l'on va débiter ensuite en bois de chauffage pour cuire la confiture ! Tout est fou, tout est faux. La concurrence des intelligences est faussée, celle des savoir-faire est faussée, l'exploitation des rentes naturelles ou industrielles est faussée, et la mauvaise monnaie finit toujours par chasser la bonne comme va nous le montrer le remplacement d'une devise internationale de qualité par des piastres latines sans valeurs, à des motifs filandreux promus par des contemplatifs, étrangers au monde des affaires mais attentifs à toujours plaire au peuple en le brossant dans le sens du poil. Quittera-t-on l’euro sur un sondage d’opinion ? Gag possible !

Prenant en compte l’invasion étatique et le peuple en demande d’asservissement, il ne faut plus prôner le libéralisme foisonnant, pur, naturel, bio, mais le libéralisme réglé, un libéralisme de synthèse et en édicter les règles, à commencer par le partage des responsabilités entre l'Etat et la nation. Qu'on nous applique à nous, acteurs économiques, la séparation des pouvoirs et que cesse le "modelage" de l'économie par des gens qui n'en font aucune et qui n'y savent que ce qu'ils en ont lu !

Réarmons symétriquement la nation dans son mental et sa morale afin qu’elle retrouve sa dignité, une conscience collective, et perde cette addiction au pillage des générations suivantes. Du travail !
Ces réflexions n'ont aucune chance d'imprégner la campagne électorale qui vole en rase-mottes vers la seule issue qui vaille : le Nombre. Votez, nous nous chargeons du reste ! C'est tellement compliqué. Un slogan des Pompes funèbres générales qui nous appelait à mourir zen. Nous finirons par en mourir. Mais qui s'occupera du reste ?


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