Dans tout le moyen âge, il n'y a pas d'histoire plus simple et plus splendide, pas de tragédie plus douloureuse que celle de la pauvre petite bergère qui, par sa foi passionnée, a relevé sa patrie des profondeurs de l'abaissement et du désespoir pour subir la plus cruelle et la plus honteuse des morts, de la main de ses ennemis.
L'élévation et la beauté morale du caractère de Jeanne ont conquis les coeurs de tous les hommes ; et les Anglais se rappellent avec honte le crime dont elle fut victime.
Mais ce n'est ni pour son amour de son pays, ni pour sa bravoure sous les armes, ni pour ses visions mystiques, que le monde entier glorifie Jeanne d'Arc. C'est parce que, à une époque sombre et cruelle, elle prouva, par ses paroles et par ses actes, que l'esprit de la femme chrétienne vivait encore parmi les plus humbles et les plus foulés aux pieds, et portait à profusion d'incomparables fruits. Fut-il jamais nature plus droite, plus tendre, plus pure, plus profondément pieuse ?
Avant même qu'elle n'eût obtenu accès auprès du roi et qu'elle eût levé son étendard, le peuple partout crut en elle. La force de sa volonté, la hauteur de ses pensées, l'intensité de son enthousiasme domptèrent toute opposition;
Envers les prisonniers elle est douce et compatissante. Même pour les Anglais son âme est pleine de pitié. Elle les invite à se joindre à elle pour une grande croisade contre l'ennemi de la chrétienté.
Et quand, avec l'aide de quelques traîtres, trouvés parmi ses compatriotes, ils l'ont enlacée dans un filet et l'on fait condamner à une horrible mort, ses dernières paroles sont des paroles de pardon pour ses bourreaux.
En Jeanne d'Arc l'Eglise romaine honore un type auquel non seulement une nation, mais le monde entier² rend hommage, le type de la chrétienne, bonne, tendre et pure, à une époque sensuelle et sans pitié.»
(Publié dans le Times de Londres fin 1897 et signalé par Joseph Fabre, député de l'Aveyron, dans son "Mystère" en trois actes, La Délivrance d'Orléans, Hachette Paris, 1915)
(1) L'article ci-dessus est publié le lendemain de l'introduction de la cause de Jeanne d'Arc au Saint-Siège par l’évêque d’Orléans
(2) A cette époque les empires britannique et français tiennent à eux deux la planète
(2) A cette époque les empires britannique et français tiennent à eux deux la planète
Le troisième procès de la Pucelle d'Orléans, celui-ci en béatification, fit suite au voeu parlementaire du député Fabre en 1884 pour l'institution d'une fête nationale de Jeanne d'Arc. Le voeu fut approuvé par le Sénat en 1894 pour être fixée au deuxième dimanche de mai, jour de la délivrance d'Orléans ; voté par l'Assemblée nationale en 1912 sur requête du président du Conseil, Raymond Poincaré. Il était juste temps, la Grande Guerre approchait ! Jeanne d'Arc ne sera canonisée qu'en 1920.
Nous terminerons ce billet commémoratif par un extrait du Mistère du Siège d'Orléans (Gallica), pièce en vers jouée au XVème siècle devant les contemporains de la Pucelle. C'est l'armement de Jeanne, où l'on retrouve le mythe d'Excalibur (Vers 10475 et suite pour les érudits):
Le Roy
Or ça, Jehanne, ma doulce fille,
Vollez-vous doncques estre armée ?
Vous sentez vous assez agille
Que vous n'en soyez point grevée ?
Car tout le lon d'une journée
Porter harnois sur votre dous
Vous en serez bientôt lassée,
Belle fille, qu'en dites-vous ?
La Pucelle
En nom Dieu, je le porterai bien :
Faites qu'il soit puissant et fort ;
Car je ne m'en soucie en rien.
Je me sens puissante et de port.
Le Roy
Outre plus qu'il faut avoir,
Une épée ; devisez-la :
On vous la portera pour voir.
Faite tout comme il vous plaira.
La Pucelle
D'épée point on n'en fera ;
Car j'en ai une toute quise,
Et, s'il vous plaît, prendre on l'ira
En un lieu où elle est assise.
Dès longtemps y a été mise,
Du temps des grands princes et rois,
Derrière l'autel et église
Sainte Catherine Fierbois.
Le Roy
Mais qui la vous a enseignée ?
L'avez-vous donc autrefois vue ?
Si vous êtes acertainée
Qu'elle y soit, comment l'avez sue ?
La Pucelle
Sire, je ne la vis jamais,
Ni je n'y fus oncque en ma vie ;
Mais je sais bien qu'elle y est,
Et l'y trouverez, vous affie.
Le Roy
J'y enverrai, n'en doutez mie....
Sus, messager, légèrement
Va chercher l'épée à ma mie
Et fais bien et diligemment.
La Pucelle
Or va, et soye vigilant
Porte-la vite, je t'en prie.
Le Roy
Or ça Jeanne, puis cependant
Il vous faut bannière jolie.
La Pucelle
Un étendard avoir je veuil
Tout blanc, sans nulle autre couleur,
Où dedans sera un soleil
Reluisant ainsi qu'en chaleur.
Et au milieu, en grand honneur
En lettres d'or on écrira
Deux beaux mots d'insigne valeur.
Qui seront : Ave Maria.
Et au-dessus notablement
Sera une majesté
Pourtraite bien et joliment
Faite de grande autorité.
Aux deux côtés seront assis
Deux anges, dont chacun riendra
D'une main une fleur de lis ;
L'autre le soleil soutiendra.
Puis après, il me conviendra
Avoir un cheval de poil blanc,
Lequel cheval me portera,
Et que il soit fort et puissant !
Le Roy
Or ça, Jeanne, ma douce fille,
Voulez-vous doncques être armée ?
Vous sentez-vous assez agile
Que vous n'en soyez point grevée ?
Car tout le lon d'une journée
Porter harnois sur votre dous
Vous en serez bientôt lassée,
Belle fille, qu'en dites-vous ?
La Pucelle
En nom Dieu, je le porterai bien :
Faites qu'il soit puissant et fort ;
Car je ne m'en soucie en rien.
Je me sens puissante et de port.
Le Roy
Outre plus qu'il faut avoir,
Une épée ; devisez-la :
On vous la portera pour voir.
Faite tout comme il vous plaira.
La Pucelle
D'épée point on n'en fera ;
Car j'en ai une toute quise,
Et, s'il vous plaît, prendre on l'ira
En un lieu où elle est assise.
Dès longtemps y a été mise,
Du temps des grands princes et rois,
Derrière l'autel et église
Sainte Catherine Fierbois.
Le Roy
Mais qui la vous a enseignée ?
L'avez-vous donc autrefois vue ?
Si vous êtes acertainée
Qu'elle y soit, comment l'avez sue ?
La Pucelle
Sire, je ne la vis jamais,
Ni je n'y fus oncque en ma vie ;
Mais je sais bien qu'elle y est,
Et l'y trouverez, vous affie.
Le Roy
J'y enverrai, n'en doutez mie....
Sus, messager, légèrement
Va chercher l'épée à ma mie
Et fais bien et diligemment.
La Pucelle
Or va, et soye vigilant
Porte-la vite, je t'en prie.
Le Roy
Or ça Jeanne, puis cependant
Il vous faut bannière jolie.
La Pucelle
Un étendard avoir je veuil
Tout blanc, sans nulle autre couleur,
Où dedans sera un soleil
Reluisant ainsi qu'en chaleur.
Et au milieu, en grand honneur
En lettres d'or on écrira
Deux beaux mots d'insigne valeur.
Qui seront : Ave Maria.
Et au-dessus notablement
Sera une majesté
Pourtraite bien et joliment
Faite de grande autorité.
Aux deux côtés seront assis
Deux anges, dont chacun riendra
D'une main une fleur de lis ;
L'autre le soleil soutiendra.
Puis après, il me conviendra
Avoir un cheval de poil blanc,
Lequel cheval me portera,
Et que il soit fort et puissant !
Or ça, Jehanne, ma doulce fille,
Vollez-vous doncques estre armée ?
Vous sentez vous assez agille
Que vous n'en soyez point grevée ?
Car tout le lon d'une journée
Porter harnois sur votre dous
Vous en serez bientôt lassée,
Belle fille, qu'en dites-vous ?
La Pucelle
En nom Dieu, je le porterai bien :
Faites qu'il soit puissant et fort ;
Car je ne m'en soucie en rien.
Je me sens puissante et de port.
Le Roy
Outre plus qu'il faut avoir,
Une épée ; devisez-la :
On vous la portera pour voir.
Faite tout comme il vous plaira.
La Pucelle
D'épée point on n'en fera ;
Car j'en ai une toute quise,
Et, s'il vous plaît, prendre on l'ira
En un lieu où elle est assise.
Dès longtemps y a été mise,
Du temps des grands princes et rois,
Derrière l'autel et église
Sainte Catherine Fierbois.
Le Roy
Mais qui la vous a enseignée ?
L'avez-vous donc autrefois vue ?
Si vous êtes acertainée
Qu'elle y soit, comment l'avez sue ?
La Pucelle
Sire, je ne la vis jamais,
Ni je n'y fus oncque en ma vie ;
Mais je sais bien qu'elle y est,
Et l'y trouverez, vous affie.
Le Roy
J'y enverrai, n'en doutez mie....
Sus, messager, légèrement
Va chercher l'épée à ma mie
Et fais bien et diligemment.
La Pucelle
Or va, et soye vigilant
Porte-la vite, je t'en prie.
Le Roy
Or ça Jeanne, puis cependant
Il vous faut bannière jolie.
La Pucelle
Un étendard avoir je veuil
Tout blanc, sans nulle autre couleur,
Où dedans sera un soleil
Reluisant ainsi qu'en chaleur.
Et au milieu, en grand honneur
En lettres d'or on écrira
Deux beaux mots d'insigne valeur.
Qui seront : Ave Maria.
Et au-dessus notablement
Sera une majesté
Pourtraite bien et joliment
Faite de grande autorité.
Aux deux côtés seront assis
Deux anges, dont chacun riendra
D'une main une fleur de lis ;
L'autre le soleil soutiendra.
Puis après, il me conviendra
Avoir un cheval de poil blanc,
Lequel cheval me portera,
Et que il soit fort et puissant !
Le Roy
Or ça, Jeanne, ma douce fille,
Voulez-vous doncques être armée ?
Vous sentez-vous assez agile
Que vous n'en soyez point grevée ?
Car tout le lon d'une journée
Porter harnois sur votre dous
Vous en serez bientôt lassée,
Belle fille, qu'en dites-vous ?
La Pucelle
En nom Dieu, je le porterai bien :
Faites qu'il soit puissant et fort ;
Car je ne m'en soucie en rien.
Je me sens puissante et de port.
Le Roy
Outre plus qu'il faut avoir,
Une épée ; devisez-la :
On vous la portera pour voir.
Faite tout comme il vous plaira.
La Pucelle
D'épée point on n'en fera ;
Car j'en ai une toute quise,
Et, s'il vous plaît, prendre on l'ira
En un lieu où elle est assise.
Dès longtemps y a été mise,
Du temps des grands princes et rois,
Derrière l'autel et église
Sainte Catherine Fierbois.
Le Roy
Mais qui la vous a enseignée ?
L'avez-vous donc autrefois vue ?
Si vous êtes acertainée
Qu'elle y soit, comment l'avez sue ?
La Pucelle
Sire, je ne la vis jamais,
Ni je n'y fus oncque en ma vie ;
Mais je sais bien qu'elle y est,
Et l'y trouverez, vous affie.
Le Roy
J'y enverrai, n'en doutez mie....
Sus, messager, légèrement
Va chercher l'épée à ma mie
Et fais bien et diligemment.
La Pucelle
Or va, et soye vigilant
Porte-la vite, je t'en prie.
Le Roy
Or ça Jeanne, puis cependant
Il vous faut bannière jolie.
La Pucelle
Un étendard avoir je veuil
Tout blanc, sans nulle autre couleur,
Où dedans sera un soleil
Reluisant ainsi qu'en chaleur.
Et au milieu, en grand honneur
En lettres d'or on écrira
Deux beaux mots d'insigne valeur.
Qui seront : Ave Maria.
Et au-dessus notablement
Sera une majesté
Pourtraite bien et joliment
Faite de grande autorité.
Aux deux côtés seront assis
Deux anges, dont chacun riendra
D'une main une fleur de lis ;
L'autre le soleil soutiendra.
Puis après, il me conviendra
Avoir un cheval de poil blanc,
Lequel cheval me portera,
Et que il soit fort et puissant !
600ème anniversaire
Célébration importante à Orléans (clic)
Temps forts des célébrations à Domrémy-la-Pucelle (clic)
Nous reviendrons pour la fête nationale du 13 mai 2012 à Paris.
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