Quand Otto Hahn (†1968 Göttingen) fit porter au Naturwissenschaften de Leipzig l'annonce de sa découverte à la veille de Noël 38, il savait qu'il avait inventé le feu prométhéen. Mais était-il le seul ? Depuis une décennie au moins, depuis le soupçon monstrueux qu'une énorme force était captive de l'atome, tous les physiciens du monde étaient aux cent coups pour être le premier des géants, et nous ne citerons, après Albert Einstein soi-même qui poussait ses calculs, que Frédéric Joliot, Niels Bohr, Lise Meitner, Fritz Strassmann et Otto Frisch, pour faire court. La Science leur rend grâce d'avoir osé, mais ils furent plus nombreux et de partout ; à la fin de l'année 1939, une centaine de "communications" étaient tombées dans les corbeilles à courrier des revues savantes. Trois ans plus tard, Enrico Fermi réussissait la première fission nucléaire en laboratoire à l'université de Chicago.
S'il n'est pas sûr que le propre de l'homme soit le rire, les chats pouffent, on n'en peut dire autant de son "vilain défaut", la curiosité. Casser l'atome réputé irréfragable était LE défi lancé à l'espèce humaine. N'était-ce point se grandir, approcher la sublime inquiétude du Créateur ? Ce grand mythomane qu'est le Mortel ne rêve finalement que d'être un jour incendié par le regard de Zeus, comme le voulut jadis Sémélé transformée en charbon à regarder son éternel d'amant.
Quel physicien aurait appréhendé de trouver la combinaison du coffre à vérités ? Tous naissent dans la science et prennent des risques incalculables pour confronter leur "imaginaire" aux réalités, fussent-elles explosives. Il n'a pas le préalable de l'interrogation. Plus tard, plus vieux.
Le délire de la Création
Dans les années 40, il ne s'agissait encore que de casser le petit jouet pour libérer de sa gangue la formidable énergie qui avait embouti ensemble les éléments de l'atome. Le défi était la fission du noyau élémentaire. Il fut relevé et dépassé. Imaginez maintenant que le "vilain défaut" propose à la communauté scientifique de recréer l'atome. On accède ainsi aux manettes du Grand Horloger. Le chaudron du savant va créer de la matière et non plus du rayonnement. Elle se pèse, elle est concrétisée ! Nous parlons maintenant de la fusion thermonucléaire : écraser deux atomes légers pour en faire un seul plus lourd et dégager quatre fois plus d'énergie que par le procédé de fission créé par Fermi et ses pairs, c'était la promesse d'entrer dans le club des génies cosmiques. Notre soleil, les étoiles, en font autant chaque jour, il suffisait donc de comprendre la procédure. Et la communauté savante fit la bombe H.
De la bombe A d'Hiroshima à la bombe H le facteur puissance est de mille ! Si l'on percuta des bombes H à l'essai dans les déserts et sous les mers, l'équilibre de la terreur est-ouest évita qu'on s'en amuse, et que faire sinon ? Cette fusion des atomes pouvait maintenir en haleine les équipes de chercheurs s'ils obtenaient plutôt qu'une bombe, une coulée de fusion contrôlée en continu, comme un drainage retardé d'énergie captive. L'équation est toute d’arrogance, mais on a osé : cette "arrogance" s'appelle ITER. Le monde scientifique construit à Cadarache un réacteur expérimental sur crédits internationaux. L'Union européenne, les BRICS, le Japon et les Etats-Unis et même le Kazakhstan - pourquoi le Kazakhstan ? - se sont mis ensemble pour voir ça : obtenir une filière industrielle produisant du courant électrique à partir de la fusion. L'Homme n'avait jamais osé en vraie grandeur.
Une affaire d'ingénieur
Faire le dieu n'est pas une occupation innocente et devant les images terrifiantes de l'éjaculation atomique de 1945, l'émoi fut toujours difficile à contenir chez les peuples craintifs. Puis vinrent les explicateurs sous-diplômés qui prirent le micro aux savants et le cri s'est répandu en écho des temps jadis heureux, d'un bord à l'autre de la planète : "Back to the trees !". Et chacun de grimper !
Les écologistes n'ont pas complètement tort, même s'ils sollicitent beaucoup la vérité en instrumentalisant les accidents industriels de la filière à dessein dans une procédure de communication fondée sur l'incertitude future comme le font tous les jours les agents d'assurances. Mais un citoyen moyen non irradié peut comprendre que les gens capables de domestiquer Vulcain le seront aussi pour venir à bout de ses rebuts ultimes. L'alarme entretenue par les partis naturalistes sur l'accident de Fukushima¹ cache soigneusement que ces réacteurs américains simplifiés étaient déjà obsolètes avant le tsunami. Les mêmes de critiquer ensuite les surcoûts du prototype EPR de Flamanville qui sont pourtant motivés par des exigences de sûreté nucléaire.
Tout est donc bon contre l'industrie, même s'il s'agit d'une filière française d'exception, reconnue et enviée dans le monde entier. Que pèsent ces considérations patriotiques, donc débiles, contre l'avenir radieux des moulins à vent qui ventileront les chèvres à fromage ! Et puis, le principe de précaution constitutionnalisé a bétonné le doute. Dans le doute, couche-toi !
Si nous avons de remarquables ingénieurs, ce sont les pastourelles folkloriques qui doivent gouverner la France nous rabâchent les Verts. Et eux d'araser tout ce qui peut représenter une affirmation de force dans ce pays. Après l'atome ? l'automobile, le rail, l'aéronautique, les canaux, les barrages, l'agro-alimentaire et cette inutilité géante qu'est notre industrie du luxe, devront obéir aux dévots de la désindustrialisation heureuse dans ce fameux meilleur des mondes où chacun pèsera chaque soir après le brossage des dents à la sciure, sa production de CO².
De toutes les énergies canalisées par l'homme, l'atome est la plus "intellectuelle", la plus avantageuse pour une planète surpeuplée. C'est une énergie dangereuse, son exploitation ne peut être galvaudée, mais vouloir s'en priver convoque auparavant des énergies substitutives du même rapport quantité-prix. L'avenir est ouvert.
S'il n'est pas sûr que le propre de l'homme soit le rire, les chats pouffent, on n'en peut dire autant de son "vilain défaut", la curiosité. Casser l'atome réputé irréfragable était LE défi lancé à l'espèce humaine. N'était-ce point se grandir, approcher la sublime inquiétude du Créateur ? Ce grand mythomane qu'est le Mortel ne rêve finalement que d'être un jour incendié par le regard de Zeus, comme le voulut jadis Sémélé transformée en charbon à regarder son éternel d'amant.
Quel physicien aurait appréhendé de trouver la combinaison du coffre à vérités ? Tous naissent dans la science et prennent des risques incalculables pour confronter leur "imaginaire" aux réalités, fussent-elles explosives. Il n'a pas le préalable de l'interrogation. Plus tard, plus vieux.
Le délire de la Création
Dans les années 40, il ne s'agissait encore que de casser le petit jouet pour libérer de sa gangue la formidable énergie qui avait embouti ensemble les éléments de l'atome. Le défi était la fission du noyau élémentaire. Il fut relevé et dépassé. Imaginez maintenant que le "vilain défaut" propose à la communauté scientifique de recréer l'atome. On accède ainsi aux manettes du Grand Horloger. Le chaudron du savant va créer de la matière et non plus du rayonnement. Elle se pèse, elle est concrétisée ! Nous parlons maintenant de la fusion thermonucléaire : écraser deux atomes légers pour en faire un seul plus lourd et dégager quatre fois plus d'énergie que par le procédé de fission créé par Fermi et ses pairs, c'était la promesse d'entrer dans le club des génies cosmiques. Notre soleil, les étoiles, en font autant chaque jour, il suffisait donc de comprendre la procédure. Et la communauté savante fit la bombe H.
De la bombe A d'Hiroshima à la bombe H le facteur puissance est de mille ! Si l'on percuta des bombes H à l'essai dans les déserts et sous les mers, l'équilibre de la terreur est-ouest évita qu'on s'en amuse, et que faire sinon ? Cette fusion des atomes pouvait maintenir en haleine les équipes de chercheurs s'ils obtenaient plutôt qu'une bombe, une coulée de fusion contrôlée en continu, comme un drainage retardé d'énergie captive. L'équation est toute d’arrogance, mais on a osé : cette "arrogance" s'appelle ITER. Le monde scientifique construit à Cadarache un réacteur expérimental sur crédits internationaux. L'Union européenne, les BRICS, le Japon et les Etats-Unis et même le Kazakhstan - pourquoi le Kazakhstan ? - se sont mis ensemble pour voir ça : obtenir une filière industrielle produisant du courant électrique à partir de la fusion. L'Homme n'avait jamais osé en vraie grandeur.
Une affaire d'ingénieur
Faire le dieu n'est pas une occupation innocente et devant les images terrifiantes de l'éjaculation atomique de 1945, l'émoi fut toujours difficile à contenir chez les peuples craintifs. Puis vinrent les explicateurs sous-diplômés qui prirent le micro aux savants et le cri s'est répandu en écho des temps jadis heureux, d'un bord à l'autre de la planète : "Back to the trees !". Et chacun de grimper !
Les écologistes n'ont pas complètement tort, même s'ils sollicitent beaucoup la vérité en instrumentalisant les accidents industriels de la filière à dessein dans une procédure de communication fondée sur l'incertitude future comme le font tous les jours les agents d'assurances. Mais un citoyen moyen non irradié peut comprendre que les gens capables de domestiquer Vulcain le seront aussi pour venir à bout de ses rebuts ultimes. L'alarme entretenue par les partis naturalistes sur l'accident de Fukushima¹ cache soigneusement que ces réacteurs américains simplifiés étaient déjà obsolètes avant le tsunami. Les mêmes de critiquer ensuite les surcoûts du prototype EPR de Flamanville qui sont pourtant motivés par des exigences de sûreté nucléaire.
Tout est donc bon contre l'industrie, même s'il s'agit d'une filière française d'exception, reconnue et enviée dans le monde entier. Que pèsent ces considérations patriotiques, donc débiles, contre l'avenir radieux des moulins à vent qui ventileront les chèvres à fromage ! Et puis, le principe de précaution constitutionnalisé a bétonné le doute. Dans le doute, couche-toi !
Si nous avons de remarquables ingénieurs, ce sont les pastourelles folkloriques qui doivent gouverner la France nous rabâchent les Verts. Et eux d'araser tout ce qui peut représenter une affirmation de force dans ce pays. Après l'atome ? l'automobile, le rail, l'aéronautique, les canaux, les barrages, l'agro-alimentaire et cette inutilité géante qu'est notre industrie du luxe, devront obéir aux dévots de la désindustrialisation heureuse dans ce fameux meilleur des mondes où chacun pèsera chaque soir après le brossage des dents à la sciure, sa production de CO².
De toutes les énergies canalisées par l'homme, l'atome est la plus "intellectuelle", la plus avantageuse pour une planète surpeuplée. C'est une énergie dangereuse, son exploitation ne peut être galvaudée, mais vouloir s'en priver convoque auparavant des énergies substitutives du même rapport quantité-prix. L'avenir est ouvert.
Sans la note ci-dessous, ce billet a paru dans La Toile n°13 (20 février 2012), trimestriel monarchiste dépoussiérant de la Conférence Monarchiste Internationale.
Note (1): le Japon va redémarrer progressivement ses réacteurs nucléaires pour fournir l'électricité actuellement produite par les centrales thermiques à des coûts exorbitants qui obligeraient à des hausses massives des tarifs particuliers et entreprises. Seize centrales sont en cours d'examen par l'AIEA et deux ont déjà reçu leur bon d'exploitation.
Note (1): le Japon va redémarrer progressivement ses réacteurs nucléaires pour fournir l'électricité actuellement produite par les centrales thermiques à des coûts exorbitants qui obligeraient à des hausses massives des tarifs particuliers et entreprises. Seize centrales sont en cours d'examen par l'AIEA et deux ont déjà reçu leur bon d'exploitation.
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