Notre cycle politique piscicole s'ouvre par un éloge de la pêche au coup. Il y a quelque chose d'hypnotique dans la pêche au coup. Suivre des yeux le bouchon dansant jusqu'à ce qu'il plonge enfin ou disparaisse dans un moment d'apnée de la conscience participe de la focalisation intense procurant l'hypnose.
Combien de pêcheurs au coup s'évadent ainsi bien calés sur le pliant et voyagent en songe ? Presque tous, et les quelques-uns qui ne voyagent pas rêvent autrement, d'un bon repas, d'un bon film, aux cuisses chaudes de leur belle, tout ce que l'imagination humaine leur sert en cerveau.
Que vous pêchiez en Chanel, en short italien, en Vieux Campeur ou dans votre vieux treillis d'infanterie, c'est valable, à condition que l'esche soit fraîche et goûteuse et que vous sachiez manier le brin.
Il a disparu ! D'un coup. Et la ligne se tend. Sans aucun délai de décompression, le rêve est éjecté, le pêcheur cherche à ferrer de toute son attention, en finesse, captivé par le dosage de la force passant du poignet à la canne. Le réflexe est roi, la technique est reine, il n'est plus temps de réfléchir ou de comprendre, tout se fait d'instinct... et le poisson sort.
Les désœuvrés qui longent les rivières les mains derrière le dos se demandent ce que font tous ces types immobiles, statufiés, sur un poste meublé d'un attirail bizarre, l'oeil fixe sous la visière. Ils ne savent pas ou font semblant d'ignorer que le moindre bonjour ou la moindre question emmerde diablement le pescaïre qui doit s'extraire du procédé pour répondre par politesse.
Alors, si vous lui demandez s'il a voté avant de venir, il y a une chance sérieuse pour que vous finissiez la promenade à la nage, ce qui n'est que justice.
je trouve cette article intéressant et dans toute sa réalitée
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