La lettre ouverte (et donc libre de droits) d'un « exilé » libre à Jean-Luc Mélenchon, publié par Les Echos avant le premier tour de l'élection présidentielle (le 17 avril exactement) mérite qu'on s'y arrête. M. Paul Dubrule est co-Président/Fondateur d'ACCOR, premier opérateur hôtelier mondial, leader en Europe, présent dans 92 pays avec plus de 4 400 hôtels et 530 000 chambres ! Pas un miquet. Il a optimisé sa gestion patrimoniale en habitant en Suisse, dans un pays qui traque les gaspillages et a besoin de prélever bien moins d'argent de ses contribuables que son grand voisin occidental en faillite chronique. Il ne fait pas mystère d'économiser deux millions de contributions sur les revenus retirés de son activité économique et des rentes qu'il s'est créées par le travail.
Il s'adresse à l'apparatchik hispano-marocain qui n'a jamais bossé que deux ans dans sa vie, comme professeur de français au lycée technique de Lons-le Saunier, mais a rédigé d'abondance de la doctrine au mètre pendant des lustres dans les revues où il a sévi pour le compte du Parti socialiste. Sa licence de philosophie, un talent de plume et une gouaille méditerranéenne ne le destinaient pas à donner l'assaut dans la guerre économique mondiale. M. Dubrule, si ! Dans la lettre ci-dessous, l'entrepreneur se moque du tribun payé au mois qui n'a jamais rien risqué, mais gentiment.
Cher Monsieur Mélenchon,
Vous parlez trop de moi, pas toujours en termes sympathiques, mais qu'importe. En revanche, vous devriez mieux vous informer pour ne pas déformer la réalité par une méconnaissance des sujets que vous évoquez - ce n'est pas juste, ni même honnête vis-à-vis de ceux qui vous suivent, vous et vos idées.
Passons sur le terme « exilé fiscal » qui est in-approprié, vous le verrez plus loin. Vous condamnez sans procès et me jetez à la vindicte populaire par ignorance et parce que cela vous arrange.
Savez-vous que je vais payer cette année, en 2012, suivant mes dernières estimations environ 1.250.000 euros d'impôts, en France ? J'ai bien dit en France, et chaque année. Les procès en mauvaise citoyenneté et en incivisme, contre celui (ou ceux) que vous appelez l'« exilé fiscal », servent sans doute votre discours, mais sont faux et manipulatoires. L'« exilé fiscal », que je suis selon vous, a donné plus d'impôts à la France que M. Jean-Luc Mélenchon.
Vous êtes un magnifique tribun, j'avoue même prendre plaisir à vous écouter. L'ennui, c'est que le charisme allié à la démagogie a toujours conduit, de tout temps et dans tous les pays, quand ils ont triomphé, à des dérives politiques et à des drames sociaux.
J'ai créé ACCOR avec Gérard Pélisson. J'étais seul au début, et quand nous avons pris notre retraite, nous étions 160.000. Nous avons toutes et tous payé des impôts et nous continuons tous d'en payer, y compris l'entreprise que nous avons créée.
Mais cette question d'impôts est secondaire à côté de la fierté d'avoir permis à ces 160.000 cadres et employés d'avoir un métier et un emploi, et pour beaucoup, grâce à la formation, d'aller de promotions en brillantes carrières.
Mais au-delà de vos effets de tribune et de bateleur de l'indignation, j'ai la conviction que, comme vos adversaires désignés, vous nourrissez votre propre forme de « stigmatisation », pour reprendre un terme en vogue : en l'espèce, à l'égard de tous ceux qui entreprennent, ceux qui souhaitent changer leur propre vie, ceux qui ont envie de construire. La réussite financière est souvent un moteur pour ceux-là, mais ne constitue qu'une gratification dans un parcours dont la finalité est très souvent beaucoup plus noble. Vous connaissez mal les entrepreneurs et ce qui les anime, à savoir la passion de l'aventure humaine et collective.
Bien heureusement vous ne serez pas élu mais vous ferez un score non négligeable. Vous aurez vendu de l'illusion à ceux qui rêvent du grand soir. Je ne voterai pas pour celui qui est le plus beau, le plus charmeur, le meilleur tribun, le plus cultivé ou celui qui prône « l'insurrection » politique.
Je voterai pour celui qui travaille, qui a le courage de prendre des décisions et, quand l'une d'elle s'avère mauvaise, de la corriger et de repartir de l'avant, non pas un « démolisseur » mais un « bâtisseur », qui n'a pas peur d'être parfois impopulaire même si cela n'est pas vraiment bon en période électorale. Je voterai pour celui qui croit à la force des projets collectifs que sont les entreprises pour transformer nos sociétés, les rendre meilleures, plus justes et plus intégratrices. Pour le besoin du pays et de ceux qui y vivent, celui-là doit gagner.
Cher Monsieur Mélenchon, vous pouvez continuer à vous servir de moi dans vos meetings, cela ne me dérange pas, mais vous abusez ceux qui vous font confiance. Vous avez besoin d'exister et cette élection vous donne une tribune qui vous permet de briller et vous brillez au détriment de ceux qui vous suivent.
Dans l'attente de vous lire, je vous prie de croire en mon estime mitigée.
Paul Dubrule
Vous parlez trop de moi, pas toujours en termes sympathiques, mais qu'importe. En revanche, vous devriez mieux vous informer pour ne pas déformer la réalité par une méconnaissance des sujets que vous évoquez - ce n'est pas juste, ni même honnête vis-à-vis de ceux qui vous suivent, vous et vos idées.
Passons sur le terme « exilé fiscal » qui est in-approprié, vous le verrez plus loin. Vous condamnez sans procès et me jetez à la vindicte populaire par ignorance et parce que cela vous arrange.
Savez-vous que je vais payer cette année, en 2012, suivant mes dernières estimations environ 1.250.000 euros d'impôts, en France ? J'ai bien dit en France, et chaque année. Les procès en mauvaise citoyenneté et en incivisme, contre celui (ou ceux) que vous appelez l'« exilé fiscal », servent sans doute votre discours, mais sont faux et manipulatoires. L'« exilé fiscal », que je suis selon vous, a donné plus d'impôts à la France que M. Jean-Luc Mélenchon.
Vous êtes un magnifique tribun, j'avoue même prendre plaisir à vous écouter. L'ennui, c'est que le charisme allié à la démagogie a toujours conduit, de tout temps et dans tous les pays, quand ils ont triomphé, à des dérives politiques et à des drames sociaux.
J'ai créé ACCOR avec Gérard Pélisson. J'étais seul au début, et quand nous avons pris notre retraite, nous étions 160.000. Nous avons toutes et tous payé des impôts et nous continuons tous d'en payer, y compris l'entreprise que nous avons créée.
Mais cette question d'impôts est secondaire à côté de la fierté d'avoir permis à ces 160.000 cadres et employés d'avoir un métier et un emploi, et pour beaucoup, grâce à la formation, d'aller de promotions en brillantes carrières.
Mais au-delà de vos effets de tribune et de bateleur de l'indignation, j'ai la conviction que, comme vos adversaires désignés, vous nourrissez votre propre forme de « stigmatisation », pour reprendre un terme en vogue : en l'espèce, à l'égard de tous ceux qui entreprennent, ceux qui souhaitent changer leur propre vie, ceux qui ont envie de construire. La réussite financière est souvent un moteur pour ceux-là, mais ne constitue qu'une gratification dans un parcours dont la finalité est très souvent beaucoup plus noble. Vous connaissez mal les entrepreneurs et ce qui les anime, à savoir la passion de l'aventure humaine et collective.
Bien heureusement vous ne serez pas élu mais vous ferez un score non négligeable. Vous aurez vendu de l'illusion à ceux qui rêvent du grand soir. Je ne voterai pas pour celui qui est le plus beau, le plus charmeur, le meilleur tribun, le plus cultivé ou celui qui prône « l'insurrection » politique.
Je voterai pour celui qui travaille, qui a le courage de prendre des décisions et, quand l'une d'elle s'avère mauvaise, de la corriger et de repartir de l'avant, non pas un « démolisseur » mais un « bâtisseur », qui n'a pas peur d'être parfois impopulaire même si cela n'est pas vraiment bon en période électorale. Je voterai pour celui qui croit à la force des projets collectifs que sont les entreprises pour transformer nos sociétés, les rendre meilleures, plus justes et plus intégratrices. Pour le besoin du pays et de ceux qui y vivent, celui-là doit gagner.
Cher Monsieur Mélenchon, vous pouvez continuer à vous servir de moi dans vos meetings, cela ne me dérange pas, mais vous abusez ceux qui vous font confiance. Vous avez besoin d'exister et cette élection vous donne une tribune qui vous permet de briller et vous brillez au détriment de ceux qui vous suivent.
Dans l'attente de vous lire, je vous prie de croire en mon estime mitigée.
Paul Dubrule
Parmi ceux qui ont "voté" avec leurs pieds, nous citerons Jean Alesi(CH), Marion Bartoli(CH), Julien Benneteau(CH), Arnaud Boetsch(CH), Arnaud Clement(CH), Nicolas Escudé(CH), Guy Forget(CH), Richard Gasquet(CH), Jean-Claude Killy(CH), Henri Leconte(CH), Sébastien Loeb(CH), Paul-Henri Mathieu(CH), Gaël Monfils(CH), Christophe Moreau(CH), Amélie Mauresmo(CH), Stéphane Peterhansel(CH), Cédric Pioline(CH), Alain Prost(CH), Fabrice Santoro(CH), Florent Serra(CH), Gilles Simon(CH), Jo-Wilfried Tsonga(CH), Vincent Rives(IRL), Jean-Philippe Gatien(US-DE), Michèle Laroque (US-NV). Pour les quatre mille autres, nous reviendrons demain.
Depuis cette lettre ouverte, le premier tour a passé et avec lui la Vérité. Le Bruit & la Fureur n'aura pas tenu deux heures avant de se rendre sans conditions au patron du parti socialiste. Onze pour cent des voix c'est peu et beaucoup, mais le job est fait : rapporter à son maître le plus de voix possible placées à sa gauche afin de réduire les partis trotskystes et écologique à trois fois rien. Il n'y avait rien à négocier, c'était ça le scoop du dimanche soir. Ces 11%, s'ils ne se délitent pas dans l'entre-deux-tours, seront-ils suffisants pour vaincre. Beaucoup en doutent, qui restent crispés sur leur dégoût de l'establishment ; d'autres y voient la promesse d'un infléchissement du programme hollandais, ce que le candidat de gauche dit refuser.
D'ici le 6 mai, M. Mélenchon va connaître le sort des battus et disparaître dans les WC de la démocratie.
Qu'importe le résultat, le chèque européen tombe chaque mois, et c'est bien l'essentiel. Lui reste à éviter les Sofitel, Mercure, Novotel et SuiteHotel où les femmes de chambre sont redoutables !
Ce discours aurait été passable il y a trente ans.
RépondreSupprimerAujourd'hui, il est insoutenable.
Et encore, je parle du début de cette lettre, sur les entrepreneurs. Il existe un décalage abyssal entre ces conceptions faciles et la réalité. C'est peu de le dire, je ne me reconnais pas là-dedans. Que Dubrule se défende pour la partie qui le concerne, il a tout-à-fait raison.
Je suis contraire à la taxation des grands revenus. Mais pour ça, il faut soutenir autre chose que des gouvernements comme celui qui s'achève.
Quant à Mélenchon, il était bien prévu qu'il appelle pour Hollande, il l'avait annoncé, il n'y a donc pas eu de ralliement piteux.
La Gauche, elle, (la vraie) tiendrait sa parole si elle était au pouvoir, et finalement c'est tout ce qui compte...
M. Dubrule économiserait 2 millions d'euros en se délocalisant. je n'ai pas fait le calcul moi-même :) mais si c'est exact, cela pointe du doigt la culture de punition du succès qui ronge notre société bouffée par l'égalitarisme. On peut s'interroger sur le modèle suisse, mais c'est un autre débat.
SupprimerQuant à M. Mélenchon, s'il a certes annoncé d'avance qu'il se désisterait pour M. Hollande au second tour, il a réitéré maintes fois l'utilité tactique d'un vote sur son nom pour faire plier l'appareil socialiste, peu intéressé aux thèses révolutionnaires. "Renverser la table" était le slogan.
Au refus de M. Hollande de négocier quoique ce soit, il n'a rien renversé du tout.
Devant ce blocage, et même avec 11% il pouvait...
... se taire
... appeler le staff socialiste à gauchir leur programme
... appeler à l'abstention s'il était méprisé
... appeler au vote blanc