vendredi 11 mai 2012

Flanby le loup-garou ?

 

Homme d'appareil, bête de congrès, le président nouveau est arrivé. Ayant été élevé chez les Frères des écoles chrétiennes comme le piéton du roi, et formé par un père Algérie française comme le... etc..., qu'il accepte le salut de courtoisie du blogue le plus sournoisement offensif à l'ouest du Pecos. Ceci étant fait sans arrière-pensée, je me couvre de mon casque adrian.
Sauf à être du premier cercle bien étroit, nul ne peut dire le rôle que va créer M. Hollande, président. Plutôt constitutionnel laissait-il entendre, normal quoi, il laisserait son premier ministre gouverner devant les chambres ; sauf qu'en campagne il est entré assez profond dans les détails et qu'il lui sera difficile de limiter son action à l'arbitrage. Trancher serait d'ailleurs une nouveauté chez lui, mais on verra bien quand il rentrera de Berlin.

Ce qui est amusant dans cette dizaine de jours de transition, c'est plutôt le bouillonnement du marigot. Par leur aplomb, il semblerait que M. Sapin détienne les clés de Bercy et M. Moscovici celles du Quai d'Orsay. Drôle de nom qui n'aurait pas fait carrière à l'époque de la guerre froide. On ignore celui du préposé à la Défense nationale comme à l'Intérieur, tous ministères régaliens. Hormis ceux-là, les maroquins seront distribués à la majorité présidentielle, comme il est naturel dans une démocratie représentative. Cécile Duflot montre beaucoup d'assurance et l'on sussure à l'Hôtel de Ville que la Guêpe de Bizerte ferait un urticaire anaphylactique si d'aventure la belle Hidalgo en était et pas lui.


Qui est Michel Sapin ?
Normale Sup, énarque, brillant crâne d'oeuf, il n'a jamais travaillé dans le secteur marchand comme quasiment toute la classe politique française, mais va remettre l'Etat au coeur de l'économie. Bloqué par la règle d'or berlinoise, il lui sera difficile d'agir car son logiciel est dépensif. On lui reconnaît de l'aisance dans les questions financières ce qui lui a procuré une certaine audience au plan théorique. Il fut un fervent soutien de Ségolène Royal en 2007, pensant peut-être lui manger sur la tête plus facilement que sur celle de Laurent Fabius.
Il est surtout connu par la "loi Sapin" relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques. Un dispositif pro domo déployé par le gouvernement Bérégovoy, à peu d'effet finalement quand on voit tout ce qui sort comme boue depuis 1993, année de promulgation de cette moralisation de la vie politique.
Totalement organisé mentalement comme un socialiste - il demande déjà de purger les exécutifs des entreprises d'Etat - M. Sapin ne parle pas le même jargon que les trois grosses pointures européennes du moment, les italiens Mario Monti et Mario Draghi, l'allemand Wolfgang Schäuble. Les discussions intraeuropéennes pourraient rapidement se bloquer sur un bug idéologique.


On ne présente plus Pierre Moscovici
Enarque, avocat au barreau de Paris sans exercice, son nom est d'origine roumaine et son éducation 100% communiste. Trotskyste juif dans sa jeunesse, il accèdera aux affaires politiques dans le cabinet Jospin par Claude Allègre. L'empreinte génétique se verra dans sa critique du programme économique allemand de Pierre Bérégovoy et son inventaire des amitiés particulières de François Mitterrand après la disparition du second président Action française de la V° République.
Chatouillé par la promesse d'une belle carrière, il se fera social-démocrate et strausskahnien jusqu'au complot des femmes de chambre peuhles. Je cherche en vain les qualités exceptionnelles qui le destineraient à gouverner notre diplomatie, et je verrai plus tôt dans cet emploi Hubert Védrine, le Vergennes du temps.
Comme M. Sapin dans son registre, je crains que M. Moscovici soit un peu court au garrot pour arnaquer Poutine, Merkel ou Hillary Clinton. Et je ne parle pas de Chinois qui vont arriver aux manettes cette année.


M. Hollande fut moqué par les siens et concurrents dans des termes peu charitables. Même son ancienne compagne se demandait à haute voix qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pendant ses quinze années de carrière politique. Le choix de personnalités moyennes participe-t-il d'un souci de conserver une capacité à dominer l'appareil gouvernemental dans le style antérieur pratiqué rue de Solférino ? Nous allons le savoir mercredi 16 mai à l'annonce de son gouvernement. Mais ceux qui attendent malgré tout les talents nécessaires au relèvement du pays risquent d'être déçus.

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