dimanche 17 juin 2012

Décanter l'Opinion à dessein


Nous attendons les résultats dominicaux pour mesurer l'escroquerie démocratique puisque, selon les "experts", le Parti socialiste est donné gagnant pour emporter les 289 sièges de majorité absolue à l'Assemblée nationale, laissant ainsi les coudées franches au cabinet Ayrault-2 : si l'on revient à l'expression des choix électoraux du premier tour qui tracent la carte idéologique du pays, on comprendra que 16,53% de l'Opinion va gouverner : 29,35% des voix par 56,32% de participation exprimée (chiffres de la place Beauvau).
Les docteurs en démocratie ont l'explication : les élections générales n'ont pas d'autre but que celui de donner une majorité de gouvernement répondant à l'exécutif choisi (non élu). Il n'a jamais été question de porter au parlement le panorama politique de la Nation, qu'on se le dise ! Et messieurs les experts de sourire devant pareille naïveté. Vous le verrez ce soir.
Il n'est dès lors pas étonnant que les émois de l'électeur soient débinés puisque on élit des bataillons. Ces bataillons sont préconstitués dans les états-majors politiques (de tous bord) et les places étant aussi chères à obtenir que juteuses à occuper, il n'y a pas de cadeaux. Font les frais de cette avidité, les candidats du Front national en défaut d'ancrage territorial à l'exception de Marion Maréchal-Le Pen à Carpentras qui bénéficie de l'érection mentale de la candidate socialiste, Ségolène Royal (investie puis torpillée à La Rochelle), le socialistes Karimet (investi puis dissident à Laon) et Pellois (dissident à Vannes), les 8 écologistes barrés par 8 dissidents socialistes qui ont faim, et Bayrou à Pau qui doit laisser le rond de serviette à Chabanne. Au couteau !

La suite est à l'avenant. Embrassons-nous Folleville en pétant dans la soie, les élus montent à Paris constituer les groupes et malheur aux isolés, ils lèveront dix fois la main en cinq ans pour faire dévier la nationale qui passe à fond de train dans leur village, en vain ! La sélection impitoyable du scrutin qui vise à constituer des entités-blocs est aggravée par la prime exorbitante donnée aux groupes parlementaires. C'est le deuxième intérêt des résultats de ce soir pour les partis : former les blocs.

Les groupes constitués ont leur propre organisation et leur propre règlement intérieur, ils élisent un président qui les représentera au sein de la Conférence des Présidents et qui disposera de plusieurs prérogatives importantes, comme la demande ou au contraire l'opposition à la création d'une commission spéciale, le droit d'obtenir une suspension de séance pour réunir le groupe, celui d'exiger le vote au scrutin public, d'appeler en séance à la vérification du quorum à l'occasion d'un vote, de préparer l'ordre du jour parlementaire mensuel propre à leur groupe, de proposer ou de s'opposer à l'engagement de procédures d'engagement simplifiées, ou encore le « droit de tirage » qui leur permet d'obtenir une fois par an l'examen en séance publique d'une résolution proposant la création d'une commission d'enquête. Chaque groupe, en fonction de son poids numérique au sein de l'Assemblée, désigne ses représentants au sein du Bureau et des différentes commissions. Ils recoivent une subvention financière propre calculée sur leur taille respective et disposent de bureaux et de salles pour se réunir (base Wikipédia). Les députés isolés cherchent à s'apparenter à un groupe même s'ils n'y sont pas décomptés. Il faut 15 députés pour former un groupe ! (merci qui ? merci Wiki)
Les communistes comme les écologistes sont inquiets. Auront-ils assez de députés pour former le groupe. M. Laurent du PCF a déjà prévenu que le règlement d'assemblée devrait être impérativement modifié s'il n'avait pas le quota de quinze puisqu'il n'était pas admissible, vu leur histoire et leur capacité de nuisance dans la société, que les communistes soient versés aux non-inscrits. On peut s'étonner de cette revendication des dinosaures de la parole articulée, mais il est bien certain que nous manquerions au devoir de mémoire à l'endroit des touristes étrangers de n'être plus le seul pays d'occident à chauffer sur son coeur les camarades d'assassins dont on s'est partout débarrassé.

Terminons par la problématique du Front national. On va la faire courte, rassurez-vous.
Dans un billet resté fameux (clic), nous avons démontré l'imperium de la territorialité politique. Le Front n'en a pas, et je pense qu'il n'en aura pas du vivant du Menhir. Le scrutin sélectif détruit les partis isolés sauf s'ils sont ancrés. Ainsi 13,60% de l'électorat (7,66% de l'Opinion) seront ce soir orphelins, sauf élection de témoignage de 1, 2 voire 3 députés frontistes. Non-inscrits par définition, ils ne pèseront d'aucun poids dans l'hémicycle et seront barrés du travail en commission.
La démocratie telle qu'elle est exercée en France laissera finalement le porte-voix aux deux partis PS et UMP qui n'ont convaincu au premier tour ensemble que 31,80% de l'Opinion (56,47x56,32%), pas même le tiers ! En anticipant les problèmes quasiment insurmontables auxquels notre pays va faire face après le clash attendu entre Paris et Berlin à la fin du mois, il n'est pas sûr qu'une procédure pareillement biaisée ait joué le rôle de catalyse contrôlée des impatiences populaires et que le peuple reste dans les clous pour aller à la corvée de bois. Dit en trois mots, ce parlement ne vaut rien.



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