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Benjamin Constant |
Avant les premières vacances de Monsieur Normal et Madame de Maintenant au Fort de Brégançon, le président de l'
Institut Coppet a eu le toupet de faire un éloge critique du premier libertarien, un Français, Anne Robert Turgot, physiocrate et ministre de Louis XVI, dont le limogeage tirera ce cri du coeur à Voltaire :
« Ah ! quelle nouvelle j’apprends ! La France aurait été trop heureuse. Que deviendrons-nous ? Je suis atterré. Je ne vois plus que la mort devant moi depuis que M. Turgot est hors de place. Ce coup de foudre m’est tombé sur la cervelle et le cœur. »
Les colbertistes, sûrs d'avoir compris totalement une économie administrée tellement plus facile, allaient reprendre la main sur les affaires publiques, jusqu'à la Révolution qui confisquera les libertés résiduelles pour préserver le gouvernement de la sienne propre. Il faudra des monceaux de morts pour s'en sortir, le jacobinisme c'est létal mais, comme le chien retourne à ses vomissements, les gouvernements français y reviennent dès qu'ils doutent ; une façon de nous montrer qu'ils n'ont jamais été au niveau des enjeux... Depuis la Libération, une étrange coalition gaullo-communiste nous a ramenés dans un système de gestion marxiste de notre économie, et s'il fallait juger l'arbre à ses fruits, nous dirions que c'est raté. Un bon demi-siècle après, la France stérilisée par l'hypertrophie de dogmes en tout rayon, est en passe de disparaître de la cour des grands, et le redressement
de dans deux ans n'y changera rien.
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Turgot |
S'il ne manquait pas de sujets d'inquiétude,
Anne Robert Turgot n'avait pas ce souci, le royaume était la première puissance continentale et le savait, ce qui peut-être causa sa perte en lui laissant croire qu'il pourrait encaisser les dérives politiques les plus dures. Au seuil de la banqueroute parce qu'écrasé par le poids de la dette, l'Etat rechignait comme aujourd'hui à se réformer. Turgot¹ visa en premier les dépenses inconsidérées de l'Etat dans cette supplique sévère au roi : « Il faut, Sire, vous armer contre votre bonté, de votre bonté même, considérer d’où vous vient cet argent que vous pouvez distribuer à vos courtisans ». Puis il leva les obstacles à l'initiative privée et au commerce dans son fameux « laissez faire, laissez passer ! » marchant sur les pieds des avantages acquis que l'on appelaient alors "privilèges". Turgot fut vaincu comme tous les réformateurs en ce pays, de l'ancien régime comme du nouveau.
L'article de M. Theillier est par ici.
C'est faire tout le contraire de Turgot que M. Hollande a décidé, s'il a décidé. Dans une allocution télévisée en forme de faux-débat cirage de pompes, il cherche de l'argent au lieu d'en produire et se carre sur un slogan simpliste destiné aux nigauds : "trente milliards, ça fait trois fois dix : toi, toi et toi". Dans cet exercice d'illusionniste à la
m'as couillounat quand t'ai bist, il cherche 30 milliards quand il lui en faut déjà 40 avec une croissance epsilon, et n'en trouve que 10 dans la dépense publique alors que, selon l'Institut Thomas More, nous dépensons 163 milliards de plus que notre cousin germain avec les résultats que l'on sait. Ces 163 milliards sont le lard du mammouth soviétique français. Aurait-il annoncé que nous économiserions 16 milliards par an cumulés sur la longueur de ses deux quinquennats qu'il aurait eu un nouveau supporter pour "produire" les 24 qui manquent maintenant afin d'arriver à 40 ! A défaut, nous resterons très critique sur cette politique du verbe et de l'esbrouffe dans une période très dangereuse pour notre pays.
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Thomas More |
Dix milliards d'économies dans la dépense publique est largement insuffisant au regard de l'inflation socialiste depuis 1981, tous gouvernements confondus. Les défenseurs de l'économie administrée - pratiquement toute la presse non économique - brandissent la menace d'une récession terrible à la grecque ou à l'espagnole si on touche à la dépense publique. Les 163 milliards sont donc tous utilisés à bon escient et participent de la consommation générale indispensable. Bon ! Que l'on emprunte à l'étranger chaque semaine pour nourrir cette consommation indispensable ne semble pas les troubler tant ils sont rongés par le cancer de la Dette. Les économies attendues sur le service des bons du Trésor (premier poste budgétaire de la République) ne pourraient-elles pas amortir le dégraissage de l'Etat et du régime ? Bicamérisme anachronique, mille-feuilles administratif inextricable, sur-représentation nationale, représentation territoriale, crue des subventions politiciennes, tout doit-il rester figé ? La production nouvelle libérée par l'innovation et la créativité ne pourrait-elle pas contribuer elle-aussi au soutien de la consommation par les salaires et les cotisations versés ? Il semblerait que non. On nous oppose une vision statique de la société économique. Ne créons rien qui puisse enrichir ces salaud de créateurs - casse-toi, riche con ! - partageons l'existant ! Même le ministre de la bandaison industrielle ne sait plus où faire ce qu'il doit faire, et Peugeot vend des voitures électriques Mitsubishi.
Pour la réorganisation générale de notre société, l'
Institut Thomas More donne la réponse dans ses cibles ; ils ont identifié quatre grands secteurs déficitaires, savoir, les usines à gaz de la Sécurité sociale et de la Caisse nationale d'assurances vieillesse, et les deux blockhaus inexpugnables traditionnels :
- Un système français de santé beaucoup plus cher (40 Mds) que l'allemand, et médiocre²
- Moins de seniors au travail, sur des pensions de retraite publique supérieures en moyenne de 50%
- Un système éducatif peu performant mais bien plus coûteux (30 Mds)
- un quart de fonctionnaires en plus pour une administration publique des territoires vraiment pas meilleure, et pire encore si on la mesurait en voitures brûlées
On voit déjà qu'on est dans le dur du désordre structurel cristallisé par le clientélisme démocratique, construit patiemment sur cinquante ans par de doctes inactifs, mais surtout au coeur de l'électorat des partis de l'
establishment. Le
patriotisme de ces catégories retranchées qui ruinent sciemment les générations futures laisse penser qu'elles feront l'impossible et plus pour sauvegarder leur prédation sur la nation. S'il est probable qu'on diminue les photocopies dans les services, il semble exclu de remettre en cause leur pertinence. Tous ces employés en chaussons sont des amis d'amis qui votent bien.
La pieuvre étatique fera crever le pays qu'elle saignera pour sa survie.
C'est en cours, on embauche sur fonds publics.
Rien à battre ! Fromage ET dessert !
Une nouvelle fois la Cour des Comptes, présidée par le socialiste Migaud, tire le signal d'alarme sur les déficits anormaux des comptes sociaux, rapportés à la situation de nos voisins.
RépondreSupprimerMais la locomotive de la lâcheté ne s'arrêtera pas, les générations futures la paieront. Pov'cons de jeunes !