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Un soldat de la liberté


L'ambassadeur Stevens disait avoir une sacrée chance d'agir dans cette période incroyable de changements et d'espoir pour la Libye. Représentant direct du président Obama, son job était de développer des relations bénéfiques et solides entre les Etats-Unis et la Libye. Il avait été le représentant américain auprès du Conseil national de transition de Benghazi pendant la révolution.
En dehors de son agenda diplomatique, on pouvait trouver Chris Stevens discutant avec des profs de fac, des commerçants, des acteurs de la société civile, sinon sur les nombreux sites archéologiques du pays, voire même au restaurant le plus modeste si c'était bon.
Après avoir construit sa carrière dans différents postes du Proche-Orient, il avait acquis la passion de cette région, parlant couramment arabe et français. On peut affirmer sans hésitation qu'il était actif dans le droit fil du Discours du Caire de 2009.

Voici une brève vidéo faite à Washington pour sa prise de fonction à Tripoli :




Californien de naissance, diplômé de Berkeley et du Collège de Droit de Hastings, il avait fait "ses classes" dans les Peace Corps¹ au Maroc avant d'entrer au Département d'Etat. Il est mort à 52 ans dans l'incendie du consulat américain de Benghazi, comme l'on sait.
La famille a ouvert un site d'hommages à Piedmont où le jeune Chris avait fait sa scolarité. Les contributions sont déjà abondantes et montrent s'il en est besoin la qualité de son empreinte.


Paix à sa mémoire
R.I.P.




Chris Stevens (1960-2012) commença sa carrière comme juriste au commerce international à Washington puis partit deux ans comme prof d'anglais au Maroc dans le Peace Corps¹. Ses affectations dans le corps diplomatique courent sur vingt ans de service : adjoint au chef de la section politique à Tel-Aviv/Jérusalem ; chef de la section politique à Damas ; consul général et chef du bureau politique au Caire ; consul général et chef du bureau économique à Ryadh ; directeur du Bureau des Affaires de sécurité et nucléaires à Washington ; lauréat du Pearson Prize au titre du Comité des affaires étrangères du Sénat ; assistant spécial du Sous-secrétaire aux Affaires politiques ; chef du bureau "Iran" ; adjoint au chef du Bureau "Proche-Orient" toujours au Département d'Etat à Washington.

(1) Le Peace Corps est une agence officielle américaine où s'enrôlent de jeunes volontaires pour oeuvrer à la coopération nord-sud et au développement du Tiers-Monde. L'agence travaille en collaboration étroite avec les gouvernements locaux dans plus de cinquante pays. Ce sont ces gouvernements qui définissent leurs besoins. Le Peace Corps a aussi une fonction de promotion des valeurs américaines dans les pays soutenus, et à ce titre les volontaires répondent à un certain niveau d'exigences morales. Ce passage est un plus sur un CV.

Postscriptum du 11/10/12 :
Le remplaçant de feu Chris Stevens a atterri hier à Tripoli. M. Laurence Pope (67 ans) est diplômé du Collège Bowdoin, ancien élève de Princeton et du Staff Collège des Forces armées. Il fut à plusieurs postes de direction au Département d'Etat. Directeur pour les Affaires du Golfe-Nord de 1987 à 1990, sous-directeur au Contre-terrorisme de 1991 à 1993, ambassadeur au Tchad de 1993 à 1996 et conseiller politique du général Zinni USMC, commandant en chef du Commandement Central de 1997 à 2000. Bill Clinton l'avait nommé ambassadeur au Koweit mais le Congrès ne l'avait pas confirmé, à la suite de quoi il prit sa retraite de diplomate le 2 octobre 2000.
Conseiller de diverses institutions comme spécialiste du monde arabe, il parle arabe et français couramment, et vit dans le Maine à Portland (source wiki).


Commentaires

  1. Dans son éloge funèbre à Tripoli hier lors des cérémonies d'hommage à Chris Stevens, le Secrétaire d'Etat adjoint William Burns a parfaitement résumé les qualités d'un ambassadeur "formidable" :
    Il a cru en la Libye. Il a cru en vous !

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  2. Désolé, mais il n'est pas "mort dans l'incendie de l'ambassade comme l'on sait". Il a été torturé, violé et son corps a été traîné au milieu d'une foule en délire devant des forces de l'ordre spectatrices...

    Tant pis pour sa mémoire: ses assassins ne doivent pas sortir indemnes du tribunal de l'Histoire.

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    1. Cette barbarie assez largement diffusée n'est pas avérée, c'est pourquoi je suis resté prudent, même s'il est sûr que les tirs d'armes automatiques l'ont coincé au coeur du sinistre. Les autorités libyennes vont donner leurs conclusions. Maintenant qu'il est mort, rien ne presse, hélas. J'aurai l'occasion de donner mon avis avec plus de matériau.

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  3. Les Libyens n'ont pas fini de nous étonner.
    Non seulement ils défient les experts autosuffisants en donnant la majorité parlementaire aux libéraux ; mais à Benghazi, les habitants ont voulu lyncher la racaille djihadiste qui a brûlé le consulat américain et tué l'ambassadeur Stevens. 4 morts et 40 blessés.
    (source Ouest-France)

    Les "explicateurs complaisants" dont la presse française regorge ne vont pas tarder à regretter qu'un procès en bonne et due forme n'ait pas été possible, car bien entendu chaque homme a droit à un avocat et toussa toussa.
    Ce sera pour la prochaine fois.

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  4. Barack Obama à la tribune de l'AG des Nations-Unies le 25 septembre a commencé par rendre hommage à son ambassadeur :
    Mr. President, Mr. Secretary General, fellow delegates, ladies and gentleman: I would like to begin today by telling you about an American named Chris Stevens.

    Chris was born in a town called Grass Valley, California, the son of a lawyer and a musician. As a young man, Chris joined the Peace Corps, and taught English in Morocco. And he came to love and respect the people of North Africa and the Middle East. He would carry that commitment throughout his life. As a diplomat, he worked from Egypt to Syria, from Saudi Arabia to Libya. He was known for walking the streets of the cities where he worked -- tasting the local food, meeting as many people as he could, speaking Arabic, listening with a broad smile.

    Chris went to Benghazi in the early days of the Libyan revolution, arriving on a cargo ship. As America’s representative, he helped the Libyan people as they coped with violent conflict, cared for the wounded, and crafted a vision for the future in which the rights of all Libyans would be respected. And after the revolution, he supported the birth of a new democracy, as Libyans held elections, and built new institutions, and began to move forward after decades of dictatorship.

    Chris Stevens loved his work. He took pride in the country he served, and he saw dignity in the people that he met. And two weeks ago, he traveled to Benghazi to review plans to establish a new cultural center and modernize a hospital. That’s when America’s compound came under attack. Along with three of his colleagues, Chris was killed in the city that he helped to save. He was 52 years old.
    I tell you this story because Chris Stevens embodied the best of America. Like his fellow Foreign Service officers, he built bridges across oceans and cultures, and was deeply invested in the international cooperation that the United Nations represents. He acted with humility, but he also stood up for a set of principles -- a belief that individuals should be free to determine their own destiny, and live with liberty, dignity, justice, and opportunity.
    The attacks on the civilians in Benghazi were attacks on America. We are grateful for the assistance we received from the Libyan government and from the Libyan people. There should be no doubt that we will be relentless in tracking down the killers and bringing them to justice.

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  5. Le Washington Post a publié un article déroulant les faits sur la base d'un rapport de la CIA.
    On peut le consulter ici.

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  6. Un rapport commandé par Hillary Clinton relève de graves carences dans l'organisation de la sécurité au consulat américain de Benghazi. Voir l'article du Dallas Morning News.

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