vendredi 8 août 2014

Le choc à mains nues, impossible !

Comme tout vieux con réac, je suis les affaires du califat-nouveau-est-arrivé et l'exode des Nazaréens pour m'en indigner. Savoir les Chaldéens, Nestoriens et Syriaques expulsés du territoire qu'ils occupent depuis deux mille ans, me fend le coeur. Aussi, comme tous les blogueurs climatisés, suis-je attentif à la marche des armées en présence et à l'impassibilité précaire des armées d'observation. Il n'est pas long d'en faire la liste :

Cliquez sur l'image pour le Nord-Irak


En marche :
- l'armée de la République d'Irak, composées pour l'essentiel d'Arabes des marais et dotée de moyens d'appui aérien ;
- l'armée du Califat islamique, composées de bédouins arabes et d'étrangers musulmans, rééquipée sur les stocks abandonnés par la précédente ;
- l'armée du Gouvernement régional du Kurdistan (Irak) appelée souvent Peshmergas, mais qui semble avoir le dessous - cette guerre va décider du futur Kurdistan ;
- l'armée des Zeravani, la gendarmerie kurde alliée à la précédente ;
- l'armée du Parti de l'union démocratique (Kurdes syriens) ;
- l'armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (turcs).

En stand-by :
- l'armée de la République de Turquie, la plus puissante sur zone ;
- l'armée de la République islamique d'Iran, dans ses deux composantes antagonistes, les gardiens de la Révolution et l'armée régulière ;
- l'armée du Royaume de Jordanie ;
- la 5è Flotte américaine.

Le lecteur intéressé peut acheter la carte routière du Moyen-Orient pour ne pas s'embourber dans les sables mouvants et planter des petits drapeaux, ça change tous les jours. Pas de stratégie chez Royal-Artillerie pour aujourd'hui. Dans la liste, vous avez noté (ou pas) l'absence d'armée chrétienne, sauf la 5th US Fleet venant d'un pays où le président jure sur la Bible.

La dernière armée chrétienne de conviction fut celle du général Henri Gouraud, fameux pour son exclamation à la Grande Mosquée omeyyade de Damas devant le mausolée du libérateur de Jérusalem : "Saladin, nous revoilà !". C'était sous le mandat français conquis de force dans les années 20. Avant lui, pour retrouver l'épée, il faut remonter aux Etats croisés du Proche Orient qui se liquéfièrent à la capture de la citadelle de Saint-Jean-d'Acre, prise le 28 mai 1291. Ça fait un bail.
Néanmoins ces communautés chrétiennes étaient parvenu à survivre entre ces deux dates, tantôt protégées, tantôt assaillies, soit approximativement durant six siècles, dont un peu plus de quatre sous le régime ottoman. Les fidèles du Christ flottent comme le bouchon sur la vague, s'abandonnant au bon vouloir du tyran en place, et préférant toujours un pouvoir laïque, ou déclaré tel, qui endiguera ses ennemis de la religion de paix bien connue. D'où le succès d'estime du gang Assad et de la famille Saddam Hussein à l'époque moderne. Ce qui explique une partie de l'acharnement du nouveau "califat".

Le choc des civilisations, refusé par la vieille Europe sénile, est bien un fracas des civilisations et la géopolitique s'en mêle. Il est malheureusement dans l'ordre des choses que des communautés désarmées, ne pouvant que chercher des protections ci ou là, finissent par disparaître quelle que soit l'antériorité de leurs titres cadastraux. A moins qu'une armée chrétienne ne les défende en exterminant les vilains, ce que sembleraient vouloir faire les Etats-Unis depuis ce matin. Les rescapés leur en sauront gré, même si les troupes de combat ne tomberont plus du ciel. Ils ont déjà donné, sous les huées de la communauté internationale. C'est bon !

Pour finir sur une note optimiste, je ne vois pas grand avenir à la religion de la joue tendue dans le monde polémologique de demain. Le pape, combien de divisions ? il serait presque temps de s'y mettre pour de vrai.


5 commentaires:

  1. Les royaumes (tous chrétiens) d'Occident n'ont pas l'air de se bouger beaucoup.
    Juste en passant !

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  2. Le premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, diplômé de théologie, complètement déconsidéré par la déroute de "son" armée chiite, est le grand responsable du chaos actuel. Malgré de nombreuses mises en garde des puissances occidentales (le vilain mot) , il n'écouta que ses conseillers iraniens qui semblaient vouloir risquer une politique du pire pour, éventuellement, venir sauver un Etat irakien déconfit.
    Une analyse fouillée du cas "Maliki" par l'IFPO est très éclairante :
    Construction et déconstruction du pouvoir politique en Irak

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    1. J'attendais une attaque, c'est un plaidoyer de 2012, d'autant plus intéressant qu'on peut en retourner tous les termes dans la situation présente. Merci.
      John B.

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  3. Une milice chrétienne serait en cours de constitution. Non, ils ne lisent pas Royal-Artillerie dans le désert irakien quoique la traduction en arabe soit possible d'un clic, d'un seul.
    C'est de l'humour (j'ai des lecteurs qui ont plus de 2% de néandertal).
    Mgr Pascal Gollnish en dit plus à radio-ND :
    CLIC

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