lundi 11 mai 2015

Jean-Marie Le Pen, une inconséquence gratuite


Que n'est-il resté ainsi ?
Aux grands mots, les grands naïfs. Le fondateur du seul parti nationaliste d'après-guerre qui ait percé, grâce au jeu de pouvoirs du président Mitterrand, est débarqué de la phase évolutive d'une structure qui se met pour la première fois de son histoire en situation de pouvoir gouverner le pays.
C'est la revanche "posthume" de Bruno Mégret qui avait sué sang et eau pour construire une machine politique de conquête, machine vite déraillée par un démagogue jadis génial dont les trétaux étaient le seul aboutissement. Les analyses prédirent par deux fois une victoire à l'arrachée du Front national dans la région PACA, que le candidat indépassable s'acharna à détruire par des rugissements qui n'étaient plus de son âge. Et pourtant ! Dans son intimité, Jean-Marie Le Pen a su montrer une certaine classe, une capacité d'analyses froides et pertinentes, une vraie convivialité jusqu'à parfois de la retenue. Mais comme Charles Aznavour, il lui est impossible de passer la rampe, quitter les planches, remiser les provocations de théâtre. Que ne s'est-il jeté dans l'écriture de ses mémoires ! Il serait aujourd'hui un vieux monsieur considéré bien au-delà de sa zone de chalandise. Au lieu de quoi, il casse le jouet.

C'est ce syndrome de l'acte manqué que le bureau politique frontiste est en train d'évacuer, à juste raison s'il veut régner un jour. Avec une presse hostile, comment passer sur le ventre d'une démocratie de pillage généralisé si l'on crie sur les toits des #durafourcrematoire ou des #chambresagazledetail(qui tue) ? Il y a un minimum de conventions à respecter dans le débat politique et parmi l'establishment qui y participe et que l'on veut malgré tout rejoindre. Les refuser revient à s'en exclure et donc jouer sur l'illusion d'un combat mais ne pas le mener pour de vrai. On ne peut être président de la Corpo de Droit jusqu'à la fin de sa vie. Vendredi 1er mai, j'ai vu surgir à l'Opéra un diable rouge, les poings au ciel, un vieux gamin de quatrevingt ans qui était venu faire chier sa propre fille et son staff ! Pourquoi ?

Est-il une seule fois venu à l'esprit du Menhir que des gens cotisaient à son parti, lui donnait du temps et parfois beaucoup d'argent pour améliorer leur vie ou celle de leurs enfants ? Ses foutaises de potache attardé ne les font pas rire car, eux, sentent très bien combien ces outrances sont préjudiciables au succès de leurs idées. Il ne suffit pas de les promulguer, de les partager, faut-il aussi les respecter !

Que lui importe un succès aux élections régionales dont il ne sera pas la vedette. Au congrès de destitution, il veut l'estrade, les micros, les caméras pour se défendre en public, quels que soient les dégâts médiatiques. Le dernier show, son dernier show, celui où explose la rampe à l'applaudimètre ! Pour dire ou laisser pire encore derrière lui que ses éructations douteuses sur les "réalités" de l'histoire ? Il ne lui viendrait pas à l'esprit que pour accéder à la division 1, ce parti a besoin de s'affranchir des remugles d'un passé qui n'intéresse plus son électorat potentiel ? Vendredi 8 mai, les trottoirs des Champs Elysées étaient vides aux cérémonies du matin.


... ou bien ainsi ?


Et c'est (déjà) l'épithète : "Gratuite". Le Front fera des scores impressionnants aux prochaines élections régionales et pourra même cueillir une région avec la loi électorale de la prime au premier, mais il ne gouvernera pas. Son programme le coupe de la classe moyenne active dans son volet anti-européen. Ce qu'un archipel comme le Royaume-Uni et ses dominions peut se permettre désormais (chapeau bas, Mr Cameron!), la France ne le peut pas. Les Britanniques et leurs cousins sont issus d'une thalassocratie ouverte sur le monde, et ce dont le continent berlinisé les privera sera bientôt compensé par ce "reste du monde" qui parle sa langue et utilise ses codes sociaux.

En France, le tricot est à maille trop serrée, tous les acteurs économiques se braqueront contre une sortie de l'euro, à défaut trafiqueront dans la monnaie européenne même sur le marché domestique comme l'Iran des mollahs le fait en dollars. A quitter les institutions européennes, des pans entiers de l'économie française se lézarderaient pour disparaître, et les adversaires du Front feront campagne facilement contre ce projet, effrayant le troisième âge qui forme encore un contingent important des électeurs frontistes.

Gratuite aussi, parce que le Front n'est pas outillé pour gouverner. Il ne suffit pas d'avoir recruté Florian Philippot et deux ou trois autres apparatchiks de bon niveau. Il faut construire la pyramide politique de bas en haut avec un logiciel praticable (donc un programme intelligent) et inverser la propension à tout décider au sommet faisant ensuite suinter les décisions de haut en bas, comme à l'époque du "roi de Montretout", dérive typique d'un bizness politique familial ! Il pouvait très bien accepter que la nouvelle génération ait envie de venir aux affaires à sa façon afin de débloquer le pays un peu mieux qu'en paroles. La pratique induisant le succès d'autrui lui a toujours déplu ; Bompard, Le Chevallier en savent quelque chose ! Mais l'âge venant, il aurait dû s'apaiser, et la mise à la retraite d'un vieux garnement qui s'ennuie aurait dû être réglée en famille, même en cassant de la vaisselle. Les arguments décisifs abondent du côté de Marine Le Pen ! Je me suis parfois demandé s'il n'avait pas voulu la "nomination" de sa fille parce qu'il la jugeait de plus fort caractère que Bruno Gollnisch pour lui tenir tête et réussir enfin malgré lui (j'en parle à Sigmund). Gratuite encore parce que, suivant la loi de l'espèce, Jean-Marie Le Pen va mourir.


Un vieil acteur attend son dernier tour


Rompons les chiens. La défense de notre civilisation par un parti patriotique motive le rallye de tous les Français sincères. Réarmons les chiens. Il est très surprenant qu'à cette cause noble, des gens (mais qui en fait ?) ait associé un programme économique injouable, infusé par des professeurs payés au mois qui n'ont jamais bossé de leur vie en vrai, qui n'ont jamais misé leur bon argent dans une entreprise du secteur marchand qui leur appartienne, qui n'ont finalement jamais pris de risques mais veulent en faire prendre à la France. Le Front national réussira le lendemain du jour où il aura coupé les ponts avec ces doctrinaires contemplatifs, et se sera recentré sur le Bon Sens et l'inventivité française.

Alors, il leur fera vraiment peur !

4 commentaires:

  1. Le probleme du Front est qu'il fonctionne sur le "bon" vieux logiciel français : LE SALUT VIENT DE L ETAT. Ce qui fait que même si la forme est parfois sympathique, le fond est le même que chez les autres ...Le front est un parti socialiste comme les autres! Heureux anglais!!!!!!!!!!!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A voir le déchaînement de l'establishment contre le succès de Cameron, on peut mesurer les faussetés du paradigme imposé ici.
      "Le RU ne peut se vanter d'aucun succès, sa rupture avec le continent le ruinera" et Cameron va passer pour un populiste. Ces goinfrés ont parfaitement senti le vent du boulet britannique, mais je doute que le Front en prenne de la graine. Il n'a pas d'épaisseur pour l'instant.

      Supprimer
  2. Ce billet est dans le même champ de conclusions que l'article d'Eloïse GLORIA sur Boulevard Voltaire dont l'url est : http://www.bvoltaire.fr/eloisegloria/jean-marie-le-pen-loutrance-sinon-rien,175823

    RépondreSupprimer
  3. Remis en selle par la Justice (hum) afin de perpétuer son pouvoir de nuisance sans doute, il attaque bille en tête Marion Maréchal-LP pour sa candidature en PACA.
    Le vrai fruit sec ! Incapable de transformer aucun essai ! Un poids mort pour son parti.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés

Compteur de clics (actif)