lundi 28 septembre 2015

Du divorce des peuples et des États

C'est la grande affaire de la décennie et il y en aura pour longtemps si nous consentons à vider l'Oumma stérile pour la ressusciter vigoureuse au couchant du monde. Ils sont des millions à subsister sans avenir en zone verte, qui n'inventent rien et ne se gouvernent qu'à coups de sabre, pour envisager de continuer leur vie hors de la cage islamique. Au changement de paradigme (les printemps arabes), le signal fut donné et la foule s'est mise en mouvement. Comme chez les lemmings, on marche sans savoir pourquoi puisque tout le monde marche. On se guide au soleil comme ils se sont tous guidés depuis l'aube des temps, depuis les Grands Puants de la steppe mongole jusqu'aux Bougres et Ogres de nos livres de peur ! Mais le pays du bout du monde est déjà occupé, peut-être hostile... carrément hostile . Certes des ancres ont été lancées sous la forme de communautés musulmanes structurées et financées par les pays islamiques qui devraient stabiliser les requérants d'asile avant de les dynamiser, mais les territoires utiles sont densément peuplés et le plus souvent d'infidèles progressivement convertis à une xénophobie discriminée.

Gare de Budapest

Si les cultes étranges n'indisposent pas les indigènes - ça met de la couleur - la captation provocante de l'espace public les hérisse : prières de rue à même la chaussée, hommes en chemise de nuit vaquant à leur oisiveté, femmes niées dans leur féminité, égorgements rituels, justice coutumière réglant presque exclusivement le sort du sexe faible, violences gratuites, coupoles et minarets grandissant pour dominer la ville.

Alors quand les instances communautaires relayées par les pouvoirs nationaux appellent à intégrer des centaines de milliers, peut-être au total des millions de "réfugiés", à l'intérieur du périmètre européen, il y a divorce entre le pouvoir et les peuples administrés. Non tant dans le nombre - l'Europe en a reçu bien plus au XX° siècle - que dans sa composition. Bienvenue aux chrétiens dans toutes leurs chapelles, aux animistes, aux yézidis, zoroastriens, bábistes, baha’is, karaïtes, mandéens, yarésanis, alévis et même aux derviches tourneurs, et à tous autres qui ne sont pas gouvernés par la foi mais tracent leur chemin autant qu'ils le peuvent dans la dignité, l'honneur et le respect d'autrui à travers des jours empruntés à l'Inexplicable.
Pour les chiites, alaouites, kharidjites, sunnites et wahhabites, on va réfléchir, leur propension historique à massacrer tout ce qui précède laisse à désirer ! D'autant qu'ils constituent 90% des "réfugiés" !

Le pouvoir central européen charge en soutes des centaines de milliers d'individualités économiques à divers motifs techniques (démographie, relance économique, main d'oeuvre déclassée, cotisations sociales). Les Européens d'occident ont fait le tour de la question et ne veulent plus de musulmans, si tant est qu'ils gardent encore longtemps ceux qui s'enkystent dans nos sociétés avec des mœurs rejetées, à moins de les mettre en médinas, en ghettos et les faire visiter aux cars de touristes chinois ; les Européens orientaux sont saturés d'images et d'informations sur tous les désordres provoqués à l'Ouest pour ne pas vouloir faire la même expérience, ayant parfaitement compris le système de petits pas de l'innocence à l'hégémonie. Et puis il y a la litanie des attentats aboutis ou tentés et l'attaque très médiatique de Charlie-Hebdo à Paris. D'où les réactions tranchées des pouvoirs tchèques, hongrois, slovaques...

Qu'on se comprenne bien. On peut apprécier la grande civilisation des Omeyades et ses vestiges espagnols, comme on peut admirer les bains turcs de Budapest. Grenade est un enchantement et ce que l'on dit de son royaume force le respect. Mais l'abrutissement des foules d'aujourd'hui par un pseudo-clergé maniant l'alarme et l'anathème jette à nos portes des cohues impossibles à trier entre fanatiques et pacifiques, tous bien tranquilles jusqu'au permis de séjour, devenant pour certains conquérants jusqu'à l'insupportable une fois installés.

Les gouvernants européens sentent bien le hiatus entre les peuples et eux-mêmes, et gomment ou déforment autant que possible les origines ethno-culturelles des "migrants", mais ils sont ligotés par la doxa laïque qui les empêchent de trier. S'y ajoute une morgue naturelle à l'endroit des gens du commun bien incapables, selon eux, de comprendre le niveau des enjeux. L'oligarchie mercantile se prend pour une aristocratie et méprise le peuple souverain capable de mal voter en plus ! Ce divorce peut provoquer n'importe quoi. Certains pays que l'on attendait moins dans ce registre, comme le Danemark, cherchent à anticiper la fracture irrémédiable en durcissant de manière visible la gestion des flux migratoires. Ils placardent dans les journaux du Proche Orient des avis de découragement (comme ci-dessous), et militarisent leur frontière.


Par chance, un reportage parmi les réfugiés en transit dans les pays de l'Est nous apprend qu'ils veulent éviter la France, pays "compliqué" (code du travail), pauvre, endetté, dangereux et sale par endroit (clic) ! Ouf, on aura eu chaud dans notre crasse socialiste ! Ce qui n'entamera pas l'hostilité populaire tant le battage médiatique en faveur de ceux-là est intense. Les gens ressentent un danger avant de constater de visu l'aggravation de l'occupation du sol ou son absence, mais leur opinion se fonde sur ce ressenti avant de se voir confirmée par les réalités, rarement infirmée car on n'aime pas s'être trompé.

Le ressenti populaire peut s'exprimer par des manifestations xénophobes, et des contre-manifestations xénophiles de commande, mais on ne peut craindre l'émeute à ce stade. C'est une autre paire de manches en ce qui concerne l'élection aux prébendes politiques. Le mécontentement met en péril l'établissement des routards de la politique qui font carrière dans l'extraction des suffrages. Les élections régionales en France, qui jusqu'ici ne présentaient que peu d'intérêt pour le citoyen, peuvent devenir le coin qui s'enfoncera dans le tronc vermoulu de la nomenklatura.

Ce n'est pas le cochon de saint Antoine

La manipulation du scrutin qui fut décrétée en 2004 avec une prime au premier pour barrer la route au Front national dans les hémicycles de province se retourne contre les apprentis-sorciers quand le Front mariniste passe en tête le premier tour ! Et déjà, les principes s'effritent chez les rationnaires de la République qui cherchent par tout moyen à sauver leur "profession". Le braquage des logements aidés et des caisses sociales opéré par le gouvernement au profit des nouveaux immigrés peut déclencher un tsunami, si le Front ne trébuche pas sur une provocation, ou si le Menhir ne rallume pas les fours, voire pire en matière de raison d'Etat. Mais se garder de leurs amis comme de leurs ennemis est leur affaire, pas la nôtre. S'ils gagnent une seule région, ce sera la faute à la région. S'ils en gagnent deux ou plus, c'est toute la classe politique à table qui sera mise en cause. Le divorce alors sera patent !



lundi 21 septembre 2015

La Pax europaea en question


Europe attend le toro
Soixante-dix ans de paix ont si bien ramolli les nerfs des Européens, surtout les occidentaux, que la prophétie raspalienne du Camp des saints commence à se réaliser sous nos yeux. Dans ma jeunesse, quand on parlait de désarmement général, de mauvais coucheurs prédisaient qu'alors les Chinois viendraient nous mater à coups de bâton ! A quoi les experts du Harrys'Bar répondaient qu'ils les avaient trop petites pour se reproduire beaucoup chez nous. On importe aujourd'hui des bâtons plus gros, c'est plus sûr... et loin de moi de penser qu'il y aurait un échauffement énamouré chez les hétaïres politiques de ce beau pays qui s'ennuie, bien que les déclarations d'accueil de certaines gourdes s'approchent beaucoup de la dinde qui glougloute ! Finalement ce sont aussi des wagons de braquemards reconnaissants qui montent vers le Nord.

Ce ramollissement des peuples excite les provocations de tous ordres et d'aucuns voient dans la paix continentale les ferments de l'agressivité des envieux tout autour, lui opposant la guerre froide, la guerre technique sans haine, la guerre et ses histoires chevaleresques et sa magnanimité. On ne tranchera pas ici mais croyons bien que le Tiers-Monde nous imagine et nous découvre ensuite comme une "société de consommation", gavée, égoïste, cholestérolisée, en attente de pontages coronariens ! Une proie à sa merci ! Et nous les payons de honte pour nous repentir de l'écart obtenu sur tous ses rivaux par le génie universel de l'Occident d'autrefois. Nous provoquons et, désarmés par un tas de raisons généreuses, laissons venir la guerre que nous demanderons à d'autres de faire pour nous, comme la dernière fois. C'est ballot.

Une réponse pour muscler l'Europe nouvelle aurait pu être de revenir à l'empire, quelque sorte d'Étazuni d'Europe occidentale assénant sa stratégie au monde et déployant sa diplomatie et ses armées sur ses marches et ses mers. Il faut dire que le Saint Empire revenu avec Otto de Habsbourg à sa tête aurait eu plus de gueule à l'Assemblée générale des Nations unies que tout ce que nous avons vu défiler jusqu'ici, y compris même le "setter fou" de Chirac. Mais on ne peut abrutir un peuple à l'assistance publique et au principe de précaution pendant un demi-siècle sans qu'il soit modifié profondément dans ses gènes. Le mental des Européens s'est effondré ! A l'exception de quelques résistants, le plus souvent à l'Est, nul ne veut plus se battre ici. Le risque n'est pas même imaginable. L'apathie des témoins de violences dans l'espace public en dit long sur la castration de l'espèce. Il nous reste parfois des anglo-saxons dans les trains pour agir en hommes. L'Union actuelle coagule cette couardise européenne, on sent bien qu'elle va plier, qu'elle va se coucher après les incantations d'usage. Quel soulagement avant les vacances au ski !

Europe de Fernando Botero
Les consensus les plus adroitement recherchés à Bruxelles n'ont abouti qu'à l'émergence d'une Europe pour de rire que l'on nomme "Soft Power". C'est une moquerie, il n'existe nulle part ailleurs de "soft power". Ses représentants furent lamentablement ridicules dans le concert des nations, que l'on pense à Jacques Santer, Manuel Marin, Jose Manuel Barroso, Catherine Ashton et Herman Van Rompuy... mais on ne va pas loin non plus en continuant avec Jean-Claude Juncker, Federica Mogherini, ni même avec Donald Tusk qui reste propre sur lui et ne commande à rien !

Devant cette politique européenne de l'édredon, certains pays s'estimant capables de contrer la subversion mondialiste, imaginent pouvoir extraire leur laine de l'écheveau. C'est un leurre. L'imbrication des économies est achevée, et bien au-delà de l'espace européen. Les secousses se répercutent immédiatement dans toute la zone, que l'on soit partie prenante ou partie sortante. La chimie de l'amalgame a saisi toutes les économies ouvertes. On le voit dans le contrechoc de crises exotiques comme l'explosion de la bulle boursière chinoise ou l'effondrement relatif des émergents de deuxième division comme le Brésil ou la RSA. Le souverainisme est un loisir d'ancien combattant, une occupation sans risque, les interdépendances sont inextricables. Que le Brexit nous fasse mentir, on ne souhaite que ça !

L'Edit de Caracalla de Régis Debray anticipait la crise de l'Occident et la parait par la yankisation des citoyens du monde libre¹. C'est un roman à relire. Quelques années plus tard sortait le Choc des civilisations de Samuel Huntington dont le titre dit tout². Nous avons été prévenus. Il m'apparaît infaisable que des pays moyens comme les pays européens même dits-grands s'en sortent seuls en organisant des compromis successifs entre eux pour agir. La férule bruxelloise est une baguette de tambour qui n'a pas de force. Le président de la Commission n'est que l'adjudant-major du régiment, quelque sorte de secrétaire général ne gouvernant que la production de dossiers que vomissent en continu ses bureaux. La survie de l'Occident, si tant est qu'elle soit vraiment recherchée par nos élites, passe par le défi polémologique qui dissuadera les nations hégémoniques autour de lui, ou matera simplement les nations agressives. Réarmer et taper fort ! Qui y croit ? L'Europe est devenue une immense Gaule du chacun pour soi. Et chacun est dramatiquement petit.


A défaut, les Etats-Unis d'Amérique ont la capacité d'imposer ce défi quand ils le lancent et de le relever quand ils le reçoivent. Il ne s'agirait dès lors que de leur faire accepter la pertinence des analyses géostratégiques de la vieille Europe qui accumule beaucoup plus d'expérience qu'ils n'en auront jamais en ce domaine et qui éviterait bien des contre-performances³. A cette condition - c'est important - l'Alliance atlantique pourrait être renforcée et former le Sénat d'Occident investi des pouvoirs nécessaires à imposer nos intérêts contre ceux de nos contempteurs. Nous aurions et le mental et le marteau ! Le reste est dérisoire. L'UE est dérisoire. L'Eurocorps est dérisoire. M. Hollande est dérisoire.




Epilogue

Et le roi dans tout ça ? Ah oui, le roi ! Mais c'est bien sûr. Ben...... c'est son problème de roi ! Carolingiens et Capétiens n'ont pas attendu l'acclamation, ils la provoquèrent et pour la conserver se montrèrent adaptables aux circonstances du temps ; sauf le dernier peut-être qui n'avait rien compris au film ! Quoique ! Il avait parfaitement intellectualisé l'évolution des mœurs et lu l'Encyclopédie, mais n'avait pas le caractère révolutionnaire qui l'aurait poussé à tirer lui-même le char du changement. Rayé des cadres ! On ne peut se mettre impunément perpendiculaire au sens d'évolution des peuples. Un roi marche devant, c'est lui qui donne le "sens". Qu'en pensent les princes vautrés dans le chariot royal tiré par des bœufs ?




(1) Critique de Bernard Cassen [extrait] dans le Monde diplomatique (source):
Dans sa postface, dans laquelle il retrace la carrière hors normes de Xavier de C***, Régis Debray affirme qu’il « pose avec de longues mesures d’avance la question-clé du siècle à venir, une fois dissipées les euphories du “leurre” européen ». On pardonnera volontiers à l’auteur cette autocongratulation, véritable défi lancé à une Europe qui doit encore prouver qu’elle entend être européenne...

(2) Critique de Mehdi lazar [extrait] pour La Revue Géopolitique (source) :
Selon Samuel Huntington, les civilisations auraient vocation à s’affronter car : (i) elles sont différentes, (ii) le monde devient plus petit, (iii) les changements économiques et sociaux recomposent les identités qui sont de moins en moins locales, (iv) la prises de conscience du rôle des civilisations est mis en exergue par le rôle de «l’Ouest», (v) les caractéristiques culturelles changent moins facilement que celles économiques et politiques.

(3) Les contre-performances des Etats-Unis, soutenus par leurs plus proches alliés du Commonwealth blanc, commencent à la guerre du Vietnam puis resurgissent dans la seconde guerre d'Irak qui laissa le pays sans Etat, véritable trou noir du terrorisme. On ne peut pas leur reprocher les opérations d'Afghanistan où ils appliquèrent à la lettre les trois buts énoncés par Joe Biden : tuer Ben Laden, sécuriser les bombes atomiques pakistanaises, casser du taliban partout ; ni leur réserve dans l'affaire syrienne bien trop compliquée pour le Département d'Etat.

lundi 14 septembre 2015

L'Église roule la pente

Ce sera sans doute le billet le plus corrosif de la série. Il parle du flux migratoire poussé vers nous par tous les pouvoirs.

Jorge Bergoglio, SJ, S.S. François
Pourquoi le pape noir François 1er et beaucoup d'évêques européens, à la notable exception de quelques prélats d'Europe de l'Est¹, poussent-ils à l'accueil de cohortes musulmanes provenant du Levant et de Mésopotamie au sein d'une Europe fondamentalement chrétienne, même si la pratique de la religion y est en veilleuse ? Le motif de charité théologale écrase ici le concept de bon sens. La Conférence des évêques de France prévient qu'il n’est pas acceptable de faire un tri qui viserait à en accueillir certains seulement. On doit tout prendre ! Or la nature a ses lois : les territoires s'organisent pour leur mise en valeur par leurs propres habitants selon les codes sociaux qu'ils y ont établis. L'espace peut être clos ou ouvert et l'étranger accueilli à la simple condition de respecter us et coutumes du pays. On sait d'expérience que les musulmans, une fois installés dans l'assurance d'une résidence stable, se forment en communautés spéciales et visibles qui vont revendiquer une partie de l'espace public afin de "défendre" leurs mœurs coraniques d'abord, puis de les promouvoir par tous moyens licites. Même si une partie d'entre eux s'assimile en oubliant les rites désuets du désert originel, les autres s'enkystent.

Qui pourra endiguer et refouler l'islamisation de l'Europe occidentale ? L'Eglise ? Jean Sobieski ? Il s'agit de notre mode de vie, de notre civilisation même. Peut-être, comme le dit Michel Houellebecq dans Soumission, en avons-nous assez de cette molle décadence d'un Occident putréfié jusqu'à appeler à sa régénérescence une règle de fer forgée ailleurs.

L'histoire a prouvé que les divers monothéismes ne sont pas miscibles. Fondamentalement antagonistes, totalitaires par essence, ils sont en guerre entre eux, larvée aujourd'hui jusqu'à une paix hypocrite, sinon en guerre ouverte au prétexte que "mon Dieu est plus grand que le tien et le seul vrai". Si le catholicisme a prohibé les conversions militaires, l'islam est revenu sur une trajectoire de conquête sous divers visages, il faut être demeuré pour ne pas s'en apercevoir.

Mgr Fonlupt, évêque de Rodez²
Le pape et ses évêques semblent complètement branchés sur l'émotionnel comme n'importe quelle ligue pleureuse. Ils abandonnent l'essence même de la religion qui est de s'occuper des âmes ; des corps, il y a pléthore de soignants en concurrence féroce qui se disputent la manne publique et internationale pour faire carrière dans le charity bizness. Quand une religion abandonne l'eschatologie pour se complaire dans l'enrobage des mœurs civiles, son esprit meurt à petit feu. Et les hiérarques de se transformer en télévangélistes ou en père Fonlupt (photo) puisqu'il faut bien sauver les talents ! Pourtant, on ne croit pas en Dieu pour distribuer des pains au chocolat sur le quai des gares mais parce que nous sommes mortels et génétiquement angoissés par une fin certaine. Il semble que depuis longtemps cela n'intéresse plus la Sainte Calotte qui se vautre dans l'humanitaire, dans la communication permanentée, et qui ne va pas gâter l'ambiance en parlant de la mort ! Le porte-à-faux est manifeste.

Laissons pour une fois la parole à Ernest Renan qui, dans Patrice (à Rome, 1849), charge à fond la catholicité pour son déni des lois naturelles de bon sens et bonheur :

Si nous avions été païens, ou moins profondément imbus de christianisme, notre vie se fût écoulée normale et vulgaire. Si à cette époque nous eussions habité l'Italie, si j'eusse compris l'antiquité comme je la comprends maintenant, je n'eusse pas quitté les sentiers doux et faciles de la plaine pour les pics aigus et romantiques de la montagne. Je manquais radicalement à cette époque de cette mesure, de ce modus optimus qu'enseigne si bien cette terre classique. Apollon, Castor et Pollux, Diane, Minerve, Vénus me paraissaient insipides, parce qu'ils représentent la nature saine et normale. Je leur préférais une Vierge mère de Dieu, et la maigre image d'un Dieu tiraillé par des clous. Préférence donnée à l'anormal, à l'exceptionnel, au maladif, voilà l'esthétique chrétienne ; voilà les idées qui nous ont perdus. Maintenant je comprends à merveille que le beau n'est que dans le simple, dans le naturel, dans le vulgaire ennobli ; j'ai fait justice de ce prétendu attirail de finesse et de profondeurs, au moyen duquel on arrive à prouver que le laid, c'est le beau, que la pâle et hystérique sainte Thérèse est plus belle que Sapho. A cette étrange doctrine qui a bouleversé toutes nos idées sur le beau et le bien, je préfère la droiture antique ; à cette paradoxale théorie : Heureux ceux qui pleurent ! Heureux ceux qui ont faim ! Heureux ceux qui se privent ! Je préfère la prière de Solon :
« Charmants enfants de Mnémosyne et de Jupiter Olympien, muses qui habitez le Piérion, écoutez ma prière ! Obtenez-moi des dieux le bonheur et d'avoir toujours une bonne réputation aux yeux des hommes. D'être doux à mes amis et amer à mes ennemis, aimable pour ceux-là, terrible pour ceux-ci. Je souhaite d'avoir des richesses, je ne veux pas souffrir d'injustice...».
Voilà le vrai, le simple, le naturel. Voilà ce que le christianisme a profondément interverti par son surnaturalisme, en prêchant sans cesse le renoncement, le combat contre la nature, en subtilisant à l'infini sur le bien moral et le bonheur. Il nous a accoutumés à chercher les choses dans leur contraire, à chercher bien loin ce qui est tout près. Toutes les idées fausses qui sont dans le monde en fait de morale sont venues du christianisme. La Grèce, avec un tact divin, avait saisi la parfaite mesure, fugitive et insaisissable nuance qu'on entrevoit sans raisonnement par l'instinctive finesse de sa nature, mais où l'on ne peut se maintenir. La mesure d'ailleurs paraît froide et insipide à la longue ; on se fatigue de la proportion et du bon goût ; on en vient à préférer l'étrange, l'anormal.
(Fragments intimes, Calmann-Lévy, Paris 1914)

Nous y sommes en plein ! L'anormalité islamique fascine nos épiscopes. L'étrangeté d'une religion de chameliers jaillie de rien la leur coupe ! L'Eglise, qui jusqu'à hier structurait nos sociétés dans ses codes d'ordre, aspire aujourd'hui ses propres ennemis sur son territoire historique sans se préoccuper, semble-t-il, du devenir de ses "ouailles" promises un jour à la dhimmitude, comme c'est parti. Dans certains discours, nous avons la désagréable impression d'être devenus pour elle des obstacles à l'entropie universelle qu'elle promeut ! Les derniers Mohicans bas du front et vieux-jeu, nous gâchons l'enthousiasme des associations de secours exotiques. Nous ne comprenons pas "le" message.

L'Eglise du rempart de Charles Maurras s'est évanouie et sa justification structurelle disparaît. On fait place au culte de la sensiblerie, renouant avec les origines bitumineuses, gémissantes et carrément socialistes de son Chemin de Paradis. Qu'aurait-on pensé au tournant de la Seconde Guerre mondiale si l'on avait prédit que l'Eglise catholique pouvait représenter un jour un danger civilisationnel en s'associant au déclin de l'Occident chrétien ?






Qu'il soit bien clair que Royal-Artillerie milite pour l'accueil des Chrétiens d'Orient sans mesurer leurs effectifs. Incapables que nous sommes de les défendre chez eux, nous, en France, avons en conséquence le devoir de leur faire leur place ici. Ces gens sont les Chrétiens aborigènes des origines. Nous devons les respecter pour eux-mêmes et pour l'histoire qu'ils nous enseignent. Aparté : ils sont bien plus réalistes sur le dessein islamique que les monsignori du Vatican et leurs relais humanitaires, véritables chevaux de Troie.


(1) Mgr Henryk Hoser (Pologne) et Mgr Laszlo Kiss-Rigó (Hongrie)

(2) L'évêque de Rodez est l'héritier des Cardaillac, de François d'Estaing, de Georges d'Armagnac, de Colbert Seignelay de Castlehill et bien d'autres puissances en Languedoc, qui ne s'inclinaient que devant le pape ou le roi, et plus proche de nous, de Jean Ménard, dynamiteur de l'extension du camp du Larzac. La moustache rigolarde de Mgr Fonlupt fait bon marché des anciens titulaires ; il quitte le palais épiscopal qu'il ne peut plus chauffer pour un petit couvent de ville qui l'accueillera, lui et sa maigre escorte. Paix à son âme de liquidateur.


Postscriptum : Sur la question d'immigration elle-même, on peut se reporter au billet RA sur la thèse du Pr Hans Hermann Hoppe : La démocratie sociale force l'intégration des étrangers (clic).


lundi 7 septembre 2015

Le pentagone du prince

Le silence assourdissant des maisons princières aux jours de l'assaut des frontières européennes, ainsi qu'au spectacle de cette guerre non déclarée d'une rive à l'autre de la Méditerranée qu'est l'offensive du fondamentalisme musulman, m'a conduit à douter de leur perception des enjeux. Quel est leur degré de perception des réalités ? Ma langue au chat. Quel devrait-il être ? C'est déjà plus facile.

Contre la Cour - Billet didactique offensif

Il y a quatre choses pour soutenir un monde : La connaissance du Sage, la justice du Grand, les prières du Pieux, le courage du Brave. Mais tout cela n'est rien sans celui qui gouverne et connaît l'art de gouverner (Frank Herbert, in Dune). C'est le pentagone du pouvoir.

(source inconnue)
Cet art de gouverner s'apprend jeune. Il doit pénétrer le prince au fur et à mesure de sa croissance. C'est son sang, son âme, sa "spécialité". Les enfants des dynasties régnantes sont éduqués au berceau pour y atteindre - enfin, dès l'âge de raison. En dehors du cursus d'appropriation des connaissances, le plus difficile pour eux est d'apprendre à convaincre plutôt qu'à obliger. Aiguiser l'analyse et le jugement réclame des connaissances fouillées, mais d'abord la formation d'un caractère "intellectuel" affirmé, en plus d'un tempérament persuasif et serein. Le nerf du prince n'est pas celui du commun.
Les enfants des dynasties ambitieuses qui ne règnent pas doivent être mis au travail comme les autres, sinon on peut retrouver en eux le jour venu, les mêmes travers que l'on reproche aux dirigeants de rencontre que la République puise dans le vivier des arrivistes : boulimie sexuelle, comportement de parvenus ridicules, goinfrerie gratuite, caporalisme du commandement et in fine tyrannie ; toutes choses impossibles chez une famille régnante même depuis peu, qui entendrait poursuivre.

Nous devons constater, sans nous en affliger, que les prétendants que promènent ci et là les actualités royalistes ne sont pas prédisposés à la mise sur orbite d'un vrai chef d'Etat ; soit qu'ils jugent utopique une quelconque confrontation de leurs capacités à l'emploi éventuel qui les guette, soit que ces mêmes capacités ne suffisent pas à les porter au niveau requis et qu'ils en soient conscients. D'aucuns peuvent aussi se laisser tromper par le niveau parfois exécrable de chefs sélectionnés par le système démocratique. Sont-ce les princes les plus inquiets de ce hiatus ? peut-être plus que la cour qui ne rêve que de promulguer avertissements et conseils ! Les "dresseurs de prétendants", selon l'heureuse formule d'Yves-Marie Adeline, se renouvellent sans cesse à mesure de l'usure du précédent, vaincus par l'inertie du champion. La chambrière de Royal-Artillerie n'est pas loin non plus de glisser des mains du Piéton.

Mais hors de la pépinière des conseillers avoués, le doute fuse et la proportion très grande de militants royalistes rangés des voitures - comme l'avait mesuré le sondage¹ SYLM pour les Premières Assises Royalistes - ne s'explique que par la révélation de l'inanité d'un combat dont l'urgence n'est pas partagée en haut lieu. L'infanterie se laisse décimer en formation tant que le capitaine est devant, l'épée au ciel.

Villars à Denain - 1712


Sans déroger au respect que méritent les princes sincères, on peut faire une simulation de niveau et laisser à chacun le soin de mesurer l'écart à l'existant. Nous avertissons le lecteur que la description d'emploi contenue dans les lignes qui suivent ne visent en rien à copier les gouvernements d'Ancien régime, mais cherche à cerner les qualités utiles pour faire de la politique exécutive à haute fréquence. Dans notre monde, la prise de décisions irrévocables est quotidienne pour l'Exécutif. Cette aptitude dépasse la formation classique d'un élève appliqué. Il y faut la race : on ne peut que partir d'un tempérament favorable et forger le caractère qui y commandera. Sans ce préalable, il est vain de "cotiser".

Comme nous le disions dans un billet irrévérencieux au mois de mars, L'âme des princes, « la destinée du prince oblige à monter le niveau le plus haut possible pendant la période de sa formation - on en jugera par les diplômes obtenus - et à forger un caractère résilient. Outre les nécessaires humanités et mathématiques, il tombe sous le sens que des études de droit public, de finances publiques et de commerce international, clôturées par un passage dans une académie militaire, soient le minimum syndical pour qui s'apprêterait à nous gouverner aujourd'hui ». Ceci étant acquis, il reste la pratique des codes sans laquelle le prince accédant resterait dépendant de son entourage. C'est exactement l'objet de cet article.

Gouverner au plus près du vent oblige à bien connaitre les codes de communication et de transaction des hommes qui comptent. Sans en rechercher l'expertise, le prince doit être familier de la langue des grandes corporations sociales qui pèseront le plus lourdement sur ses décisions. Cet apprentissage ne peut être obtenu autrement qu'en travaillant le temps nécessaire à cette acquisition dans chacune de ces grandes corporations. Cette accoutumance "technique" est indispensable pour comprendre les débats du futur Conseil et provoquer sans délai les synthèses attendues. Le monde du XXI° siècle ne nous laisse plus le loisir d'interminables exégèses, il faut "réagir". Pour ce faire, faut-il aussi comprendre l'événement dans l'essentiel sans le filtre du chargé d'affaires. Les anciens rois nous avaient habitués à cette prescience.

Quelles sont donc ces corporations que la culture générale de l'honnête homme ne suffit pas à connaître ? Il y en a heureusement peu, mais ce sont des spécialités contiguës au pouvoir ; à notre avis, les voici toutes, je crois :

* Finances internationales immergées, marchés denrées et matières
* Droit international appliqué
* Infra-stratégies, art de la guerre
* Physique sociale du comportement des masses
* Géographie humaine de l'Afrique noire et haïkous

En quelques paragraphes pourquoi :

Ces spécialités ne sont pas enseignées pour elles-mêmes, sauf à dériver d'enseignements magistraux plus globaux, et il vaut mieux qu'il en soit ainsi car le monde universitaire est trop confiné et lent pour les pratiquer ensuite². Elles s'apprennent en s'investissant dans le milieu considéré, pas forcément longtemps. Il y a d'autres spécialités secondaires dans ce cas, mais elles ne sont pas contiguës au pouvoir et ne nous intéressent pas ici. Exemple : affrètement, conduite d'une opération amphibie, cyber-attaque,... le cas de l'espionnage se discuterait :)

#1. Les finances immergées et les marchés denrées-matières sont des spécialités dont la compréhension n'est accessible que par les back-offices des banques ou par les salles de marché des maisons de trading. Leur influence est considérable sur les paramètres politiques, certains disent que l'essentiel du pouvoir y gît.

#2. Sauf à passer par un cursus juridique classique de droit public, la connaissance des réalités pratiques du droit de force inter-nations est indispensable. Il est aujourd'hui des cours internationales qui brassent ces problèmes quotidiennement.

#3. Pour la stratégie, on a envie de pousser à l'étude des Sun Tzu et Clausewitz - ce qui ne serait aucunement perdre son temps - mais ce sont les infra-stratégies actuelles qui comptent dans le débat et leur approche n'est pas si aisée. Peu de cénacles s'en occupent et les pénétrer demande beaucoup d'habileté ou de relations. Avec les secondes cela reste possible.

#4. La sociologie des foules est une base d'apprentissage politique qui fut travaillée par de grands penseurs, mais la nouvelle société de communication actuelle en demande la révision complète pour ne pas dire la reconstruction. Les foules réagissent au smartphone. Le meilleur stage ne peut être fait ailleurs que dans un grand service de sûreté nationale ou chez... Facebook.

#5. Pourquoi l'Afrique noire ? Parce que c'est notre premier défi européen. Nous en économisons ici la description que chacun anticipe déjà. Le prince en formation ne pourra faire autrement que de passer du temps dans plusieurs ONG/agences mouillées sur le terrain. Vacances exotiques en perspective sur trois ou quatre ans. Et les haïkous ?
C'est le comte Herman Van Rompuy qui m'a demandé d'ajouter cet art tout en finesse qui ne sera jamais enseigné à la fac à peine d'en mourir. Ils lui permirent de meubler les séances interminables du Conseil européen. Royal-Artillerie vous offre le sien à la fin du billet.


(hors sujet - plaisir des yeux)



À la fin du cycle des spécialités, viendra le temps des synthèses. En situation d'accéder, le prince devrait avoir achevé la connaissance intime de son pays en faisant l'inventaire des dépendances incontournables, des contraintes indesserrables que sa géographie et le monde lui appliquent. Il serait dommage à ce moment d'affaiblir sa réflexion de l'incorporation de coutumes apprises de l'ancien temps puisque l'époque du royalisme pouet-pouet sera achevée à la veille de l'accession.
Les atouts du pays qui restent nombreux à ce jour seront mis à l'actif du bilan. Contraintes et dépendances au passif. Afin que le déséquilibre du bilan national soit gérable, il conviendra de combattre l'effet des dépendances et contraintes et de magnifier les atouts. Par l'optimisation des déséquilibres se terminera l'apprentissage de "l'art de gouverner" laissant place dès lors à l'accumulation de l'expérience.

A la table du nouveau gouvernement on ne devrait gérer que le domaine régalien - il serait sage précaution que de laisser la société à ses disputes démocratiques. Au Conseil de demain, ils seront cinq. Comme un poing fermé, ce Conseil des ministres sera puissant et réactif. Ainsi que l'expliquait Jean-Claude Martinez à la conférence du Centre d'Etudes Historiques sur le Maroc : un pays se gouverne avec une demi-douzaine de "patrons". Faut-il encore les avoir ! C'était l'effectif de la vieille monarchie et Napoléon n'en prit pas beaucoup plus. L'Allemagne (5+9), la Suisse (7) s'y tiennent presque. Les cabinets pléthoriques de la République française sont ridicules, et l'émiettement partisan du pouvoir ajoute l'inefficacité au grotesque ! Ne changeons pas en pire et retenons-nous, messeigneurs, de récompenser ducs et marquis, vicomtes et barons.

Que vienne ce temps avant que le pays n'expire. Il aura alors achevé sa révolution à l'extrême limite de la période autorisée pour sa survie. Deux siècles et demi pour lui faire faire 360 degrés, une révolution. Au roi, et vite !

Vexilla regis prodeunt, y a plus qu'à !








Note d'ordre

À quoi sert ce billet, en suite de quelques autres attachés à la formation du prince ? L'audience modeste du blogue laisse répondre : "à rien". Mais le Web est vaste comme l'océan où on laisse des bouteilles. Si quelque impétrant ramasse celle-ci sur la grève de nos regrets, elle voudra lui dire que nous prenons au sérieux le retour d'une monarchie en France et qu'il ne faut pas jouer avec notre espérance. A se dire "dynaste" comme on l'entend partout dans les maisons princières, il sied de se préparer à toute éventualité de restauration ou instauration pour la conduire au succès, et cela commence par sa propre formation et celle de ses héritiers.

Les princes d'aujourd'hui en situation d'accéder ne sont pas vraiment formés à l'emploi³. Etudes très moyennes, profession sans profession, inaptitude à bâtir un corpus doctrinal personnel, communication terne, confort de l'historicisation de toute apparition publique, revendication répétitive de droits hérités qui sont en fait perdus, le tout signalant une inaptitude alarmante. Le syndrome du bouchon de liège plombé par l'hameçon.

Si leurs enfants ne sont pas mieux formés à terme, alors nous saurons que les princes en vue n'y croient pas plus que n'y croient nos adversaires républicains et qu'ils jouent avec un mouvement de sympathie populaire qui les flatte et leur coûte si peu. C'est pour cela que j'observerai avec une grande curiosité les progrès que feront Eugénie, Gaston, Louis, Alphonse, Antoinette, Louise-Marguerite et quelques autres... en souhaitant de tout cœur que cette nouvelle génération s'investisse avec courage dans le grand projet en s'organisant entre eux pour le réussir.

A défaut de quoi, le pronostic historique demeure qu'ils devront s'effacer tous un jour pour laisser passer du sang neuf, car il est une certitude inflexible : le plus beau pays du monde ne pourra rester longtemps sans maître.





L'arbre se dévêt
Contre la morsure du vent
L'oiseau est trahi


(1) 61% selon le Livre Blanc de 2009
(2) La lexicisation du transport maritime mondial entreprise soit par l'ONU soit par l'université française dans les années 80 sont des exemples aboutis d'obsolescence instantanée. Deux mois de travail chez un transitaire hongkongais valent deux ans de cours et durent plus longtemps.
(3) Sauf un.


A paraître : Spécialités du pentagone du prince


(Cycle d'Arrakeen 2015)

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