Même si les attentats de Da'ech à Paris ont remis du charbon dans la chaudière à Marine, rien ne pouvait tomber plus mal avant les élections régionales pour le Nouveau-Front-national que le départ d'Aymeric Chauprade et de Jean Roucas. Le pitre que nous aimons bien s'est vu ostracisé par la profession et par les loueurs de salles ; il doit gagner sa vie en suant sang et eau comme tout un chacun depuis le départ d'Adam du jardin d'Eden. On comprend bien qu'il n'ait pu longtemps résister à la promesse de l'ermitage, d'autant qu'il est assez intelligent pour comprendre que les penseurs du Front, en sus de quelques bonnes idées, racolent sur un catalogue adaptable à chaque auditoire et n'ont aucune colonne doctrinale au-delà des incantations de préaux ! Les contradictions politiques sont légion en tous domaines et le chapitre économique parfaitement décalé voire ringard. Même Jean-Luc Mélenchon ne s'y risquerait pas autant ! On pourrait en faire la liste mais il est plus intéressant de comprendre avec Bertrand Renouvin pourquoi le FN est génétiquement stérile pour l'exercice du pouvoir. Nous utilisons son découpage comme guide-âne (clic) :
Le parti est (était) divisé en trois, ce qui augure mal de l'axe politique décisif à mettre en œuvre en régions, sans même parler des législatives de 2017 qui convoqueraient une fusion des courants.
Dans l'ordre d'apparition :
Premier bloc autour du fondateur Jean-Marie Le Pen et de son plus fidèle soutien Bruno Gollnisch : les « vieilles chemises » de l’extrême-droite qui cultivent un nationalisme xénophobe et ne reculent pas devant les contre-performances de déclarations outrancières qui ruinent l'effort de propagande précédent.
Deuxième bloc autour de Florian Philippot, énarque très présent dans les médias : un courant néo-gaulliste qui défend les services publics, le Plan quinquennal et réclame le retour à la monnaie nationale, sans insister sur l’immigration, qui sera traitée cas par cas avec déjà un quota acceptable depuis peu.
Troisième bloc autour d’Aymeric Chauprade, ancien professeur à l'Ecole de Guerre de Paris et de Kénitra, un courant qui endosse le « choc des civilisations », le grand remplacement camusien et appelle à la remigration surtout dirigée contre les musulmans. Sa vidéo de l'université d'été 2014 du FNJ est explicite :
On voit déjà que les trois blocs ne sont pas miscibles, donc en concurrence. Le thé dansant de la Waffen SS autrichienne ne peut cohabiter avec les gaullisteries de Philippot, qui lui même a du mal à percer le plafond d'érudition géopolitique d'un Chauprade.
Et là on en vient au problème Marine Le Pen. Laissons dire Renouvin qui est limpide sur la question : « Elle ne peut espérer se maintenir par des compromis car toutes les tendances du Front national proposent des ruptures radicales : sortie de la zone euro, nettoyage ethnico-religieux, rejet des élites… Ces radicalités juxtaposées permettent de rassembler le jour du scrutin des électorats très différents en jouant au législateur qu’on ne sera pas. » En résumé, l'essai de 2017 ne pourra pas être transformé car la majorité parlementaire sera improbable, les antagonismes étant trop forts. Les élections régionales, si elles permettent au Front national d'accéder par la proportionnelle à cet étage administratif, révéleront sans doute ce désordre qui sinon fusera sous le tapis jusqu'à la présidentielle.
Roucas n'a peut-être pas vu l'emboîtement du schmilblick mais Chauprade, si ! Apparemment (pour l'instant du moins), son départ clair et net n'entraîne pas le bloc camusien derrière lui. On va quand même récupérer au Figaro sa déclaration de rupture pour la suite. Ses motifs sont carrés :
1.- amour-propre : il a été déssaisi de toutes ses responsabilités par mafiatage du bloc Philippot ;
2.- amour-propre : ringardisation du programme économique. C'est invendable à l'étranger où il va souvent et passe pour un dinosaure marxiste dans ce segment primordial ;
3.- question d'ego : caporalisation au bureau politique qui lui reproche d'avoir extradé les pilotes d'Air Cocaïne en affaiblissant l'image du parti.
Conclusion
On savait que le Front national était le parti du mécontentement (et d'ailleurs légitimement). L'aggiornamento de la firme Le Pen par la fille du pirate, qui a priorisé le raccolage tous azimuts afin de crever le plafond des extrêmes droites françaises, l'a transformé en aggrégats de mécontents, parfois opposés. Comme le signale très justement Renouvin, la Vè République marche sur deux jambes, un exécutif fort et une caution démocratique par une chambre basse de godillots en soutien. Or les tendances ne sont pas miscibles et même avec un programme commun de gouvernement, il apparaîtra vite que chaque projet de loi divisera l'hypothétique majorité, jusqu'au renversement du cabinet Philippot et dissolution de la Chambre. Ce n'est pas le bloc ancestral qui renâclera à ruiner l'accession si on veut bien se remémorer le nombre de fois où le Menhir cassa la baraque électorale par des outrances hors d'âge !
Voter pour le Front national rénové ne peut l'être dans l'espoir de voir s'appliquer un programme performant de redressement du pays. Il n'existe pas ; ils ne l'ont pas. Voter pour le Front national est le choix d'un chaos politique d'abord, social ensuite et politique pour finir. Trois fois ! Le scénario est assez facile à écrire avec pour acteurs : le secteur protégé avec ses deux millions de surnuméraires, les régimes spéciaux soviétiques, les forces vives du secteur marchand, les partenaires étrangers aux champs politique et économique, les prêteurs sur gage qui nous permettent de faire la soudure entre le 10 novembre et le premier janvier. La décrépitude de la république sur tous les plans appelle à faire table rase d'un système irréformable. Le mieux-disant des systèmes de remplacement en termes d'efficacité est le système monarchique, à la réserve près que les monarchistes (ou royalistes) ne sont pas prêts, et loin s'en faut ! Le chaos frontiste fera une magnifique page d'histoire et un océan d'explications savantes, mais nul ne sait sur quoi il débouchera. La mise en tutelle comme en Grèce ? Je n'en sais rien.
Le parti est (était) divisé en trois, ce qui augure mal de l'axe politique décisif à mettre en œuvre en régions, sans même parler des législatives de 2017 qui convoqueraient une fusion des courants.
Dans l'ordre d'apparition :
Premier bloc autour du fondateur Jean-Marie Le Pen et de son plus fidèle soutien Bruno Gollnisch : les « vieilles chemises » de l’extrême-droite qui cultivent un nationalisme xénophobe et ne reculent pas devant les contre-performances de déclarations outrancières qui ruinent l'effort de propagande précédent.
Deuxième bloc autour de Florian Philippot, énarque très présent dans les médias : un courant néo-gaulliste qui défend les services publics, le Plan quinquennal et réclame le retour à la monnaie nationale, sans insister sur l’immigration, qui sera traitée cas par cas avec déjà un quota acceptable depuis peu.
Troisième bloc autour d’Aymeric Chauprade, ancien professeur à l'Ecole de Guerre de Paris et de Kénitra, un courant qui endosse le « choc des civilisations », le grand remplacement camusien et appelle à la remigration surtout dirigée contre les musulmans. Sa vidéo de l'université d'été 2014 du FNJ est explicite :
On voit déjà que les trois blocs ne sont pas miscibles, donc en concurrence. Le thé dansant de la Waffen SS autrichienne ne peut cohabiter avec les gaullisteries de Philippot, qui lui même a du mal à percer le plafond d'érudition géopolitique d'un Chauprade.
Et là on en vient au problème Marine Le Pen. Laissons dire Renouvin qui est limpide sur la question : « Elle ne peut espérer se maintenir par des compromis car toutes les tendances du Front national proposent des ruptures radicales : sortie de la zone euro, nettoyage ethnico-religieux, rejet des élites… Ces radicalités juxtaposées permettent de rassembler le jour du scrutin des électorats très différents en jouant au législateur qu’on ne sera pas. » En résumé, l'essai de 2017 ne pourra pas être transformé car la majorité parlementaire sera improbable, les antagonismes étant trop forts. Les élections régionales, si elles permettent au Front national d'accéder par la proportionnelle à cet étage administratif, révéleront sans doute ce désordre qui sinon fusera sous le tapis jusqu'à la présidentielle.
Roucas n'a peut-être pas vu l'emboîtement du schmilblick mais Chauprade, si ! Apparemment (pour l'instant du moins), son départ clair et net n'entraîne pas le bloc camusien derrière lui. On va quand même récupérer au Figaro sa déclaration de rupture pour la suite. Ses motifs sont carrés :
1.- amour-propre : il a été déssaisi de toutes ses responsabilités par mafiatage du bloc Philippot ;
2.- amour-propre : ringardisation du programme économique. C'est invendable à l'étranger où il va souvent et passe pour un dinosaure marxiste dans ce segment primordial ;
3.- question d'ego : caporalisation au bureau politique qui lui reproche d'avoir extradé les pilotes d'Air Cocaïne en affaiblissant l'image du parti.
Conclusion
On savait que le Front national était le parti du mécontentement (et d'ailleurs légitimement). L'aggiornamento de la firme Le Pen par la fille du pirate, qui a priorisé le raccolage tous azimuts afin de crever le plafond des extrêmes droites françaises, l'a transformé en aggrégats de mécontents, parfois opposés. Comme le signale très justement Renouvin, la Vè République marche sur deux jambes, un exécutif fort et une caution démocratique par une chambre basse de godillots en soutien. Or les tendances ne sont pas miscibles et même avec un programme commun de gouvernement, il apparaîtra vite que chaque projet de loi divisera l'hypothétique majorité, jusqu'au renversement du cabinet Philippot et dissolution de la Chambre. Ce n'est pas le bloc ancestral qui renâclera à ruiner l'accession si on veut bien se remémorer le nombre de fois où le Menhir cassa la baraque électorale par des outrances hors d'âge !
Voter pour le Front national rénové ne peut l'être dans l'espoir de voir s'appliquer un programme performant de redressement du pays. Il n'existe pas ; ils ne l'ont pas. Voter pour le Front national est le choix d'un chaos politique d'abord, social ensuite et politique pour finir. Trois fois ! Le scénario est assez facile à écrire avec pour acteurs : le secteur protégé avec ses deux millions de surnuméraires, les régimes spéciaux soviétiques, les forces vives du secteur marchand, les partenaires étrangers aux champs politique et économique, les prêteurs sur gage qui nous permettent de faire la soudure entre le 10 novembre et le premier janvier. La décrépitude de la république sur tous les plans appelle à faire table rase d'un système irréformable. Le mieux-disant des systèmes de remplacement en termes d'efficacité est le système monarchique, à la réserve près que les monarchistes (ou royalistes) ne sont pas prêts, et loin s'en faut ! Le chaos frontiste fera une magnifique page d'histoire et un océan d'explications savantes, mais nul ne sait sur quoi il débouchera. La mise en tutelle comme en Grèce ? Je n'en sais rien.
ce que je trouve le plus marquant ce n'est pas cette éternelle rivalité entre factions opposées (déjà à l'époque on avait la Nouvelle Droite et les Ultra cathos qui s’écharpaient) mais c'est la volonté que met marine Le Pen a être accepté par le "microcosme". La dédiabolisation" sert avant tout à rendre marine présentable et acceptable et la rendre républicainement compatible....On dirait que son ambition n'est pas d’accéder au pouvoir mais de faire parti du système!
RépondreSupprimerC'était la ligne Bruno Mégret (polytechnicien quand même). Intégrer le Système et jouer ses chances ensuite. Le Menhir jugea le risque de succès bien trop grand pour son confort d'éternel contempteur. Philippot a fait la même analyse que Mégret. Il n'y a pas cent façons pour un parti d'accéder aux affaires.
Supprimer