lundi 25 avril 2016

Quand les Français s'éveillent


Back home ! Beaucoup de roues, de tours de roue, rassembler et déconstruire les souvenirs de quatre générations, de cimetière en cimetière, revenir des Enfers, relire les Nourritures Terrestres à l'étape, loin encore des effluves médiatiques de la gangrène gazeuse du microcosme parisien. Surprise en posant le pied : ça pue toujours autant : Gayet nous coûte quatre cent mille euros sur le dos, Prince a pris froid sur l'overdose, Macron hait le Gros, Rama Yade... Plus sérieusement, les radios déversent les prémices de l'émeute mentale : les Français en ont soupé du gabarit présidentiel qu'on leur force à choisir depuis des lustres.

Jean-Gilles Malliarakis le dit si bien dans L'Insolent : « En réalité, c'est le présidentialisme qui ne fonctionne plus. L'idée bonapartiste par excellence, formulée par le futur Napoléon III quand il dit : "il est dans la nature de la démocratie de s'incarner en un homme", cette idée-là ne trouve plus son débouché. Il est vrai que le dégoût des Français porte sur la classe politique dans son ensemble plus encore que sur les institutions. Ils en ont assez, nous en avons tous plus qu'assez, de cette petite catégorie sociale qui semble avant tout cynique et préoccupée avant tout de ses prébendes et prérogatives, pourtant se rengorge des soi-disant valeurs jamais définies.»

Nous ne voulons plus que des gens que nous méprisons parlent en notre nom. Terminé les nomenklatouristes habiles à extraire les voix d'un corps électoral que par ailleurs on abrutit. Hollande, Sarkozy, Juppé, politicards usés, aux Hespérides ! Les "Français" veulent un homme dans la force de l'âge (la cinquantaine), ayant réussi dans les affaires et parlant anglais aussi bien que tous ses interlocuteurs dans le monde. Evidemment c'est terrible pour l'énarchie qui fait sous elle une diarrhée d'incompétence, comme pour les zébulons qui compensent une profession ratée en "parvenant" au pouvoir par tous moyens possibles et même légaux. Exit le régime diététique préélectoral, le contrat Email Diamant, la mesquinerie ordinaire du parvenu sans autre talent que l'esbroufe, la corruption du copinage de promo, le comportement de peigne-culs en représentation à l'étranger, le carrousel des putains de luxe. Les Français veulent... un "anglo-saxon" honnête, moral, digne et de son temps, capable de s'insérer dans le monde réel international en y pesant de tout son poids. Quel séisme !

Le Latin triste tel qu'on nous dépeint à l'étranger, en aurait sa claque de l'accent, des députés pizzaïoli, bouillabaisse et cassoulet, des nains montés en graine, des "serpents sans venin, créateurs du fadisme" (dixit Michel Onfray). Ils voudraient bien goûter au sérieux de la sobriété scandinave avec la compétence professionnelle et le sens de l'Etat. Le retour aux origines ? Aux Francs (pas la monnaie, cher lecteur) ! Aux Francs par la régermanisation de notre âme ancestrale épuisée de calembredaines, tambours et fifrelins désaccordés, tout ce battelage grotesque réputé démocratique pour tenir la route. Dehors les "connards" ! (c'est du Villepin) On veut du sérieux en haut et la liberté en bas, toute la liberté.
Comme dans les monarchies du Nord ? C'est un peu tôt.

Ras le bol des déficits impossibles à maîtriser, ras le bol de la protection sociale du secteur public et celle de la classe aisée avec dépassements, ras le bol des privilèges honteux des fat cats syndiqués sans risques, ras le bol des fonctionnaires à millions rongés par le syndrome de leur utilité. Quitte à payer cher, (1) payons tous et (2) pour quelque chose d'équitable. Malgré son État soviétisé et la ringardise de ses élites politiques, notre pays a des atouts en dehors d'elles. Alors que faire ? Réformer ? En dehors de tous ceux-là !

N'en déplaise à Edmund Burke, au plan institutionnel, tabula rasa ! Que faire de tous nos élus retranchés dans des prébendes inexpugnables, de nos élites auto-proclamées qui sont à l'Etat ce que la moule est au bouchot, de nos agents surnuméraires qu'il faut nourrir jusqu'à la mort, de nos profiteurs en tous genres et races qui plombent les comptes publics... On ne réparera pas une "société économiquement irréparable" car tous les corps sociaux protégés, toutes les classes privilégiées exigeront des compensations à leur rationalisation sous peine de tout casser, puisqu'on a toujours fait droit à leurs revendications, les laissant entrer partout. Alors je vous laisse deviner...

... forcément, ce sera moche.

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lundi 11 avril 2016

La porte du paradis ? next door !

Ce billet n'est pas un parangon de vertu et n'appelle pas au patriotisme comme il conviendrait. Mais notre petite Union soviétique qui a réussi (dixit Váçlav Havel) impose un taux de prélèvement obligatoire moyen de 71% des revenus (calcul du coin fiscalo-social), et comme ça ne lui suffit pas, emprunte à l'étranger. Comparée à celle de l'Allemagne, notre situation est indéfendable (clic). On ne peut évacuer ce pillage de la question de l'évasion fiscale, même si des pays prélevant moins en souffrent aussi. On ne voit nulle part le parti de la hache qui nous sauverait, les effectifs surnuméraires en cause de la fonction publique et parapublique étant importants et assidus aux urnes.

Grand émoi chez les ligues morales à la publication des noms des évadés fiscaux par L'Internationale du Trou de Serrure : des mecs futés garent leur blé à l'insu de leur plein gré sous les tropiques. C'est l'affaire des Panama Papers (clic). Première et dernière question : pourquoi sous les tropiques et pas à Ushuaïa ? Je pouffe : malgré son nom, le monokini est impossible en Terre de Feu. Cherche pas plus loin la cerise au fond du Martini Dry. Une piscine à Ushuaïa et quoi encore.
Finalement, c'est la presse d'investigation qui a sorti le scoop, les services fiscaux des Etats volés s'avérant particulièrement inaptes à combattre l'évasion fiscale s'ils en comprennent déjà la mécanique. Non ! Pas la mécanique d'avant-hier, celle de demain matin. Parce qu'il faut être suffisant comme un ministre des Finances français pour croire en la victoire finale dans le domaine de l'ingénierie financière avec des mecs payés au mois. Quand les besogneux de Bercy sur Seine auront terminé l'étude des voies et moyens de s'évader de l'enfer fiscal français, les gnomes des officines qui bossent 12 heures par jour avec des QI d'autistes auront, eux, remonté une mécanique nouvelle de sauvetage des peines et soins surtaxés, peut-être même sans argent en circulation ou sans argent du tout !

Le monde des Etats est le monde visible. Celui des génies est plus grand. Or ce sont les génies qui sont convoqués à l'évasion des enfers. Chacun a entendu parler du Deep Web, l'internet invisible des robots. Cette Toile opaque ferait, pense-t-on, 95% de toutes les ressources en ligne et il est faux de croire qu'elle ne serait qu'un nid de pédophiles. Il y a des raisons purement techniques qui repoussent l'intérêt des robots (sites à clés, métablocage de sites, sites ultra-lourds) et des raisons professionnelles où le secret est primordial. On a la même chose dans la finance internationale.

Selon « le Conseil de stabilité financière, le Shadow Banking (système bancaire parallèle), qui sert notamment de support à l’évasion fiscale, a globalement triplé dans le monde en une dizaine d’années et a été évalué à 67000 milliards de dollars en 2011 et probablement 74000 milliards en 2013. Il y circule aujourd’hui la moitié des actifs qui passent par le système bancaire traditionnel. C'est à dire que toutes les grandes banques dans le monde (environ 4000) sont concernées » (source Gilles Bridier in Slate).

Ce n'est pas demain la veille de la Tranparence internationale pour tous. La seule chose qui va changer après le nouveau scandale de Panama sont les conditions d'accès aux officines d'ingénierie financière. Inutile de soulever le heurtoir si vous êtes inconnu au bataillon et même, non parrainé. On va se méfier des testeurs et des affairistes aux nerfs fragiles. Pour sortir des griffes socialistes le blé gagné à la sueur de votre front, il faudra investir en séjours à Nassau (champagne, piscine) et à Gstaad (cognac, jacuzzi) et vous y faire des relations sûres avant de prendre le train pour les tropiques. Si vous êtes de condition relativement modeste, vous réinvestirez l'argent de la schnouff dans un bar à p... de Phuket. On parle déjà français (avec un inimitable accent de la Zone) dans bien des établissements ouverts aux touristes. Certains se procurent la convention fiscale franco-thaïlandaise, d'autres passent voir le commissariat de police en demandant où donner au temple.

Si beaucoup de contribuables estiment trop payer d'impôts, une première mesure permettrait de diminuer cet effectif : réduire la pression fiscale en réduisant les dépenses publiques. On peut rêver pour un pays devenu moyen comme la France donc incapable de déporter des charges sur d'autres, et qui semble avoir complètement assimilé sa soviétisation. Les manifestations d'assistés consentants, place de La République, laissent peu d'espoir au surgissement de guerriers capables de vaincre notre déclin. Reste à partir.

Bien des familles aisées ont fait ce choix, qui sont libres de revenir en France un ou deux mois par an pour visiter la parentèle et profiter de paysages exceptionnels et des atouts typiquement français. Mais leur carrière ou leurs affaires sont ailleurs, leurs enfants sont élevés ailleurs, leurs assurances sont prises ailleurs. J'en connais de plus en plus et au-delà de ma famille. Là, Bercy ne peut plus rien. La plus-value et les bénéfices ont disparu du Rôle de l'administration. La tendance à l'émigration est lourde¹. La porte du Paradis est à Roissy Charles-De-Gaulle.


(1) Selon Contrepoints (15.09.2014) : 1/3 des milliardaires français sont partis (clic)
Selon The Millionaire Migration Report for 2015 (©New World Wealth, mars 2016): dix mille millionnaires français se sont évadés en 2015 (clac).


Il y a encore du choix !

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lundi 4 avril 2016

Born 1949, still going strong !

5-4-3-2-1-fire ! and forget..... boum !
Anniversaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord : 4 avril 1949. Pour bien des éditocrates, 67 ans serait l'âge d'une retraite bien méritée, l'Alliance ayant fait son temps, du moins dans ses fonctions dissuasive et offensive. On pourrait conserver l'assemblée sous la forme d'un club océanique occidental pour faire des régates, ou pas. Mais les PECO ne sont pas d'accord. Les pays d'Europe orientale et centrale, heureusement coupés de l'empire russe par la liquéfaction de l'Union soviétique, n'entendent négocier aucune alternative au SHAPE¹ pour leur défense, et surtout pas un gloubi-boulga militaire franco-européen. Ils ont déjà donné ! Munich est dans toutes les mémoires de l'Est.

Pour remplacer l'OTAN, pourquoi feraient-ils confiance à M. Hollande ou à M. Sarkozy plus que nous ne le faisons nous-mêmes, c'est-à-dire pas du tout. Nous sommes partout en remorque de l'Alliance, nous l'étions même avant la réintégration. En Afrique, nous avons sauvé Bamako et Tombouctou sur les soutes américaines. En Syrie, le couple infernal Fabius-Hollande fut privé de bombardements par le retrait anglo-saxon, retrait motivé par le risque d'extermination des communautés non sunnites² par les bandes islamistes débarrassées d'une contre-attaque de Damas (source Gérard Chaliand).

A y regarder de plus près, il n'y a pas de solution de rechange, aucun pays européen ne pouvant se défendre seul, et aucun ne nous faisant confiance dans le domaine d'une défense européenne, sauf à jouer aux gendarmes et aux voleurs en ex-Yougoslavie ou à Chypre demain. Résignons-nous à notre taille réelle et optimisons nos dépendances, ce qui sera plus efficace que les déclamations de préaux sur la France seule et notre indépendance retrouvée ; c'est un leurre électoral.

Plutôt que d'entraver nos défenses, l'OTAN a ceci de particulier que l'amalgame produit en opérations dans le creuset allié est plus puissant que la somme des capacités mises en commun. Ceci tient aux procédures éprouvées de veille et de combat, à l'environnement logistique puissant et à la modernisation continue des vecteurs d'armes, même en période de basses eaux budgétaires. La dissolution la plus probable, si elle échet, pourrait venir d'un nouveau pouvoir isolationniste américain lassé de payer pour défendre nos retraites par répartition et notre assurance maladie. On songe à une victoire de Donald Trump à la prochaine élection présidentielle. Il a déjà prévenu que nous étions trop chers !




Dissoudrait-on l'OTAN que les pays baltes seraient croqués dans la journée et la Pologne menacée de vitrification jusqu'à sa déclaration de neutralité (ça s'appelle autrement comme "de bon voisinage"); et les brigades blindées russes entreraient à Kiev juste après la préparation d'artillerie, façon Grozny. Les motifs en seraient toujours les mêmes qu'à l'époque de la capture de la Silésie germanophone : protéger les populations russophones écrasées d'avanies par les autochtones. On voit déjà se coucher des rangs entiers de politiciens français comme passés par les armes de la propagande russe. On pourrait citer des noms qui nous feraient mal d'entendre.


Le SHAPE dissous, il faudrait bien alors réarmer comme en 1939 et taper dans les crédits sociaux, le pays n'ayant plus le rond. Combien de temps les PECO tiendraient-ils seuls avant de passer des accords d'estime réciproque avec le Kremlin ? Dix jours. La frontière slave de l'Allemagne deviendrait notre frontière orientale et rien ne dit qu'elle se défendrait beaucoup si la Russie ouvrait la porte en grand aux investisseurs teutons. Les miquets, nuls aux échecs, que nous portons chaque fois au pavois connaîtraient alors les affres de la dissuasion nucléaire effective. Je n'ose pas même y penser !

Arrêtons de bomber le torse dans les salons stratégiques. Jusqu'ici nous faisons illusion, c'est notre meilleur atout. Tant que nous combattons des ennemis sans avions, sans navires, ni artillerie à longue portée, on fait les fiers. Mais nous glandons au Sahel-Sahara sans résultats probants ; et nos campagnes à moyenne portée donnent des résultats très modestes : la dernière sortie du Charles-De-Gaulle (125 jours de mer pour un groupe aéronaval³ de 7 navires et Awacs) a permis de frapper Da'ech cent deux fois. C'est moins que pas beaucoup, eu égard au potentiel engagé (100 coups par jour) (source Le Fauteuil de Colbert).


Manœuvre navale OTAN

Pour couper la doxa souverainiste à angle droit, je soutiens depuis longtemps notre participation active au SHAPE pour la seule raison que la nation a besoin d'être défendue en vrai, dans le concret et pas sur la caisse à sable, car le risque de guerre n'est pas éteint, et que le seul système efficace à disposition est l'alliance atlantique intégrée. Cet outil est performant, entraîné, mis à jour continûment, il oblige à s'améliorer en permanence, et cerise sur le gâteau, il fait peur à nos adversaires qui ne cessent de le dénoncer. Ça me suffit.


(1) SHAPE : Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe.
(2) Essentiellement, les Chrétiens de toutes obédiences, les Druzes et les Alaouites plus quelques petites communautés hérétiques.
(3) Porte-avions, frégates, sous-marin atomique, ravitailleur et avion Atlantique2 pour l'acquisition de cibles.

Postscriptum : Royal-Artillerie a publié plusieurs billets sur l'OTAN, accessibles par le nuage de libellés proposé en bas de page. La montre est un chronomètre canadien de planche de bord Marathon Monte-Carlo ST194004 ; compter 4000$ca quand même !

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