lundi 8 août 2016

Au jeu de rôles des maisons


François d'Orléans entre ses frères Eudes et Jean
Le Landerneau royaliste a été secoué comme un prunier par les dernières dispositions testamentaires du présent comte de Paris, Henri duc de France et chef du parti d'Orléans. Il remet à sa mort les clefs de la maison entre les mains de son fils aîné François, lequel ne saurait les recevoir de par une attaque de toxoplasmose congénitale qui l'a privé d'intelligence et de parole. Qu'à cela ne tienne, son frère cadet, Jean duc de Vendôme, mandataire judiciaire à la protection du dauphin François, assurera la régence, assisté d'un conseil où siégeront ses oncles et deux personnalités de la société civile. Pour les actes quotidiens du dauphin incapable, le duc de Vendôme continuera à agir comme son tuteur auprès des administrations. Pour ses actes dynastiques, un conseil de régence (et non le seul duc) sera compétent. La première conséquence n'est que de prestige, le titre de la maison d'Orléans le plus connu des Français, comte de Paris, ne passera pas sur la tête du prince Jean. La seconde est que les titulatures à venir - première activité d'un chef de maison déposée - seront retirées au prince Jean qui devra obtenir une majorité au conseil. En fait, il est dépossédé des pouvoirs de sa charge et n'en conserve que le fardeau.


A quoi tout ça nous mène-t-il ? A rien !

Henri VI d'Orléans
Si le défunt comte de Paris (†1999) pouvait couver l'espérance d'une restauration monarchique succédant au président Charles De Gaulle, les atermoiements, le flou artistique de sa position, la conviction de l'obsolescence de la monarchie puis la disparition de celui-ci facilitèrent la reprise en main de la République par la banque, la forge et la franc-maçonnerie qui anéantit tout avenir à la branche dynastique qu'il commandait. Le cri de Pompidou à l'évocation d'une candidature d'Henri d'Orléans à l'élection présidentielle de 1969 est explicite : « Et pourquoi pas la reine des gitans ?». Au soir de sa vie, le comte de Paris en sera désespéré au point de se retirer chez sa gouvernante dans un pavillon Phénix au fond des bois à écouter chaque jour la valise RTL. Sans doute le silice qu'il s'imposait pour avoir échoué ! A sa mort, les conditions d'héritage, les captations malhonnêtes de tiers, le séquestre des biens par une fondation, le désordre de la fratrie, ruinèrent l'édifice dynastique et la considération qui emportait encore l'adhésion de beaucoup de Français.

Henri VII d'Orléans
Henri VII, comte de Paris, s'essaya un temps à revitaliser la réflexion monarchiste mais à peu d'effet et de dépenses, et son fils Jean, duc de Vendôme, s'y attela à son tour avec pas plus de succès ni d'argent. Il faut dire que le vivier royaliste français ne croît pas, et que les légitimistes partisans du duc d'Anjou s'y comptent pour plus de la moitié de l'effectif, et que plus généralement l'Opinion est rebutée par la saga d'Orléans. Quelques vilaines affaires faisant les unes de la presse à scandales, déconsidérèrent les titres dits de courtoisie dont la famille s'était parfumée à foison, à quel bénéfice, je l'ignore encore, ceux-ci n'ayant rien rapporté ni en emploi, ni en entreprise, pas même en aventure. A part quelques modestes salariés, la famille nombreuse est en position de rentiers mesurant a minima la valeur ajoutée qu'elle devrait procurer au pays.


A quoi "joue" donc le duc de Vendôme ?

Duc de Vendôme Jean d'Orléans
Jean-Carl d'Orléans est le successeur désigné du défunt comte de Paris qui le préféra à son fils Henri lors du millénaire capétien de 1987 et l'adouba dauphin du Viennois l'année de sa mort en 1999. Il accepta (à tort à mon avis) et entreprit d'assumer la charge parallèlement à son père qui n'abdiqua jamais. Les relations furent toujours mauvaises entre eux depuis l'abandon du foyer princier en 1974 qui motiva l'exécration comtale. Jean d'Orléans a 51 ans aujourd'hui et n'est toujours pas établi fermement dans la vie. Il demeure au domaine royal de Dreux en "sous-location sans titres" d'un bail de villégiature octroyé à sa mère par la Fondation Saint-Louis qui gère la succession immobilière du défunt comte de Paris. Ses occupations de gérant d'un groupement forestier en Thiérache laissent et prennent du temps mais brident surtout ses ambitions professionnelles, s'il en a, après de longues études supérieures montrant de réelles capacités. Après avoir parcouru le tissu économique français dans des réunions publiques qui diffusaient sa pensée et rappelaient son existence, il a recentré sa joie de vivre sur sa famille de quatre enfants et ne parlent plus que d'eux, sauf réaction intempestive au conseil de régence créé par son père. Il donne l'impression d'attendre la disparition de celui-ci pour réaliser son projet de promotion de la maison d'Orléans sur la voie d'une restauration monarchique dans l'esprit de Juillet. Une Académie de Juillet devait être fondée par Eudes et lui en 2009, mais les années passent et passe avec elles la pugnacité nécessaire à réussir ce que son grand-père avait tenté. Manque déjà l'écho de ses prétentions dynastiques dans l'Opinion, manque l'argent en abondance dont disposait le vieux comte. C'est en vérité un travail de titan qu'il choisit : crédibiliser la monarchie et sa propre prétendance ! Et finalement, sauf un groupe de courtisans impécunieux et un bon millier de sympathisants en admiration gratuite qui ne sont pas d'un grand secours, il est seul à la barre.


Conclusion provisoire

L'enjeu politique ambitieux est écrasé par le néant des moyens. C'est le dilemme éternel des royalistes depuis que la couronne britannique a cessé de les financer. Les princes ne sont pas idiots au point de rêver à un futur de roi sur une base aussi étriquée en finances et en effectifs. Pensent-ils sérieusement que le Congrès appellera l'un d'eux en cas de crise institutionnelle gravissime ? C'est la fenêtre d'opportunité préférée des royalistes. Sont-il déjà formés (et entraînés) à l'emploi ? Ont-ils un projet praticable au départ, le lendemain matin à 7 heures ? Sont-ils entourés de compétences lourdes qui se saliront les mains pour eux, ou seulement de perruques poudrées tentées par le décorum ? Autant de questions qui convoquent une évaluation sérieuse des réalités.
On n'y est pas encore, mais cela peut venir avec les générations montantes qui, dans le nanomonde auquel ils accèdent, se foutront pas mal des titulatures, ducatures, comtatures et autres embellissements carnavalesques d'un chemin plein d'épines qu'il faudra malgré tout monter pour le bien peut-être, et la survie certainement, de notre beau pays de France dont ils pourront alors porter le nom. Il s'agira de héros ! Vienne ce temps !


Gaston d'Orléans

 

En attendant l'embellie, on lira avec profit l'entretien accordé par le comte de Paris au journal l'Action française 2000 le 13 juillet dernier et publié dans le numéro estival du 4 août 2016 en cliquant ici. Cette prise de position a été relayée par Le Figaro du 6/8/2016.


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