jeudi 15 juin 2017

Second tour

 Le Français moyen a plus de sens politique que la classe politique. Du fond de son fauteuil-télé, il jauge les hommes et s'amuse des programmes parce qu'il sait intuitivement que l'avenir est fait d'incertitudes, surprises, drames et tout le diable son train. Les slogans de campagne enrichissent le décor audio-visuel mais Sarkozy et son "travailler plus pour gagner plus" fut rattrapé par la faillite de Lehman Brothers ; Hollande et son ennemi La Finance, le fut tout autant par le terrorisme et la fronde interne au PS. Devant la page blanche du futur, l'électeur prime le caractère, la résilience, l'envergure du candidat-chef d'Etat bien plus qu'un programme qui l'ennuie.

Ainsi monsieur Macron a-t-il gagné, comme prévu dans ce blogue, sans programme sur sa bonne mine, au grand dam des connards* du vieux monde qui n'attendaient que les cents chapitres macroniens à mettre en pièces pour se refaire une doctrine. A voir la rage des foutraques de gauche et de droite, on devine la rancune des politiciens de métier blanchis sous le harnois des récitations ! Le Français, lui, n'a pas été freiné par la jeunesse relative de l'impétrant, sa réussite professionnelle et son parcours politique, sa belle cougar plus cultivée que la moyenne, l'absence d'un parti de gouvernement en soutien, les augures d'un désastre annoncé par les experts. Au lieu de quoi, le mec élu par les deux-tiers des votants contre la Fille du Pirate, les a bluffés le jour de son intronisation et les jours suivants au milieu des "grands" de ce monde qu'il donnait l'impression de n'avoir jamais quittés. Pareille aisance rassurait les Français qui revenaient d'un zébulon surexcité alternant jogging et vélocipède, au gros placide boutonneux, bite-au-vent et scooter en prime.

Aussi les connards* du vieux monde ne comprennent pas aujourd'hui les quatre cents sièges annoncés au palais Bourbon, et continuent à labourer le programme dont les Français se tamponnent ; mais de cela les génies de la programmatique ne veulent rien savoir. Mélenchon et les quarante bolivariens brandissent les accords de branche du Code du travail qui n'intéressent pas l'électeur, le sénateur Baroin et ses acolytes et rivaux, la CSG qui est un impôt caché que personne ne voit vraiment. Passons sur la caricature permanente des propositions d'autrui qui montre le niveau d'approche.

Après le programme inconvertible en voix, se brandissent les "valeurs". C'est quoi déjà ? Ben... les valeurs de la gauche(?!)... les valeurs de la droite(?!)... seul le centre n'affiche pas de valeurs spécifiques sauf de bon sens. Sans oublier les "valeurs de la République" ! A la réserve près que droite et gauche sont des notions historiques n'ayant plus cours légal. A côté d'eux-tous, les patriotes bleu marine lancent les dés pour quatre sièges après en avoir annoncé quatre-vingt avant la présidentielle, quarante juste ensuite. Leurs électeurs ne réagissent pas aux circonstances politiques, ne militent pas non plus mais attendent le succès comme la manne au désert.

Cramponnés au patriotisme subdivisé en courants, les cadres du Front désespèrent d'émerger en groupe au cœur des institutions. La faute à plein de choses parfaitement connues, encadrement faible, niveau faible, militants rares, mais un parti "personnel" comme le Front national ne peut pas se réformer ou s'adapter aux temps, sauf à tuer le duc de Guise. Le logiciel perdant-perdant va l'achever par le drainage de ses électeurs en sidération ayant enfin compris que la seconde n'enclenche pas sur les boîtes Philippot ! Un vrai parti de droite identitaire sans références à l'Occupation ou aux gaz a un boulevard devant lui ; un seul parti ! Deux et c'est déjà mort ! Qu'en pense Paul-Marie Coûteaux ?

Cédric Villani, Nobel de Maths
S'il leur en reste, du temps, les battus dénoncent ensuite le mode de scrutin et, après résultats, l'illégitimité des élus dans une arithmétique étrangère à la démocratie représentative, mais dont ils sont prévenus depuis... SOIXANTE ANS bientôt ! Madame Autain, charmante idiote au demeurant complètement à l'est mais avec du corsage, réclame la Sixième République qui devrait la porter à la Chambre (aucune insinuation). Le système politique briment les battus, clament d'autres. Tous invoquent la proportionnelle en faisant mine d'oublier qu'elle est réservée aux peuples matures et coalisables, à défaut de quoi le Général jugea qu'elle ne marcherait pas au palais Bourbon où les singes hurleurs au cul rouge claquent des pupitres et insultent à tout va. Mais justement, tout cela pourrait changer avec le renouvellement profond des députés choisis parmi les gens normaux et/ou intelligents.

J'aime bien la médaille Fields de mathématiques avec lavallière et l'araignée dorée à la boutonnière, Cédric Villani, capable d'un discours bien déroulé et puissant qui finit par surprendre au milieu des éructations habituelles des professionnels de l'alarme et de l'embrouille. La diversité du mouvement En Marche garantit seule une pluralité d'opinions dans l'hémicycle, les origines des députés Macron étant si différentes. Le danger d'un groupe majoritaire monolithique est donc une crainte infondée de la part de ceux qui n'en sont pas, d'autant que le groupe MODEM fera chambre à part, que Bayrou est rancunier comme une vieille fille, et qu'au palais du Luxembourg les gérontes ne semblent pas impressionnés. Reste que la moitié du corps électoral est parti pour Coblence, ce qui devrait rassurer les royalistes contempteurs de la démocratie d'étage régalien. Avec deux-tiers d'abstention, on ramènera le roi, croient-ils.

La méthode de raisonnement tactique utilisée dans l'infanterie française exige pour une mission définie la désignation d'un chef doté de moyens affectés. Le chef, c'est fait, les moyens, c'était à vous, vous les avez donnés ! Pour dimanche prochain, bordez les frontières de LREM en élisant des gens bien, capables d'un quant-à-soi, il y en a ! Normalement à ce stade de l'article, suit la litanie des connards* dont le Piéton salue la défenestration praguoise ; mais elle serait trop longue (désolé)!


(*) sobriquet affectueux de Dominique de Villepin désignant les députés avant la dissolution de 1997 !

2 commentaires:

  1. Mon cher, vous avez résumé avec les lettres que vous savez maîtriser, la situation actuelle. Je n'aurais pas dit mieux.
    Les français, savent au plus profond d'eux mêmes que les programmes ne peuvent se réaliser, ta,t la situation échappe à nos politiques, pour de multiples raisons.
    Malgré tout, j'ajouterai un bémol à votre enthousiasme. Je suis personnellement pour une dose de proportionnelle, même si vous dites que les singes hurleurs insulteraient à tout va. De même, pour éviter des duels et des triangulaires, je suis partisan du système uninominal à un tour. Le premier arrivé, gagnerait la course.
    Sinon à défaut d'avoir un roi on a peut-être avec Macron, un régent ?

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    1. Oubliez la clause de style simiesque, la puérilité des députés est le plus sûr obstacle à la proportionnelle. Il suffit de suivre les débats à la Chambre quand ils sont retransmis pour la redouter.
      Les pays matures ont la proportionnelle et la classe politique ensuite organise la prise de pouvoir selon les résultats obtenus. En France, c'est malheureusement impossible même au niveau communal où il a fallu truquer le mode de scrutin avec la prime au premier. Un comble !

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