mercredi 7 juin 2017

Six jours et cinquante ans

Les Israéliens ont commémoré le cinquantième anniversaire de la Guerre des Six-Jours (1967) qui vit leur armée vaincre la coalition de toutes les armées arabes voisines. Le 23 mai 1967, l'Egypte ferme le détroit de Tiran qui donne accès au port d'Eilat depuis la Mer rouge. Les signes avant-coureur d'une coalition de puissance de l'Egypte, Jordanie et Syrie incite Israël à frapper l'Egypte au Sinaï, puis la Jordanie en Cisjordanie et la Syrie sur le plateau du Golan. En six jours la guerre est perdue par les Arabes et Israël conquiert les théâtres d'opérations. Le Sinaï sera échangé contre la paix plus tard, et la bande de Gaza évacuée par les colons juifs qui s'y étaient installés après la guerre. La Cisjordanie sera pour sa part abandonnée au vainqueur par le roi de Jordanie et le plateau du Golan syrien annexé.



Cinquante ans plus tard, les Arabes, travaillés par l'irrédentisme islamiste, sont affaiblis comme jamais, l'Egypte ne contrôle plus le nord-Sinaï, la Jordanie est étouffée par le poids des réfugiés syriens et irakiens, la Syrie comme force militaire a disparu des écrans, laissant la guerre aux infanteries iranienne (Pasdaran), libanaises (Hezbollah) et à l'aviation russe. Mais Israël a-t-il gagné pour autant la partie ?

La frontière égyptienne est instable, la Cisjordanie est en insurrection larvée, seul le Golan est tenu d'une main de fer. C'est un piètre résultat ! D'autant que la résolution onusienne 242* reste la pierre d'angle de toute la géopolitique régionale. Peut-on dire qu'Israël n'a jamais fini sa guerre des Six-Jours ? Coloniser la Cisjordanie, Judée et Samarie des Ecritures, était compréhensible pour atteindre la frontière naturelle du Jourdain et surtout les captages d'eau de la montagne. Y conserver les populations palestiniennes participait sans doute d'une juste retenue humanitaire mais a abouti à paupériser et à humilier ce peuple au-delà du supportable. Insérer des colonies juives souvent fondamentalistes entre les zones d'habitation et d'agriculture palestiniennes revient à attiser l'espoir d'une revanche de génération en génération. Bien sûr, les commandants d'Israël ne pouvaient pas déporter en masse les vaincus (d'autant que les Palestiniens n'étaient pas une entité belligérante), à tout le moins auraient-il dû mettre en chantier dès le lendemain du cessez-le-feu les termes d'une cohabitation loyale et fructifère dans la zone utile, la Cisjordanie, s'ils avaient jugé que stratégiquement Israël ne s'en retirerait jamais. A l'évidence, c'est impossible mais la cohabitation est refusée. La situation de la Cisjordanie est entre le bantoustan, la Mitidja ou à Jérusalem, le ghetto de Varsovie. Au choix !


Mirages III de Tsahal


Sans employer les grands mots on peut juger que l'Etat hébreu ne sait pas terminer ses guerres, qu'il ne semble pas capable d'abandonner la chimère biblique d'Eretz Izraël à l'accomplissement de laquelle un esprit boutiquier du Sentier ne va pas suffire. Il y a défaut de niveau et une bombe atomique de précaution, autant dire rien de sûr pour l'avenir quoiqu'en pense le président foutraque des Etats-Unis qui dit vouloir forcer la paix. N'entrons pas dans les prémices des négociations israélo-palestiniennes sous la férule américaine, c'est comme vouloir émulsionner l'huile et l'eau, la vinaigrette n'est liée qu'un moment.

La seule lueur pourrait venir d'une association de la communauté juive mondiale avec quelque équivalent fondé par le monde arabe dans le but de créer un futur concret au Proche Orient, concret voulant dire bâtir ensemble des infrastructures lourdes, développer l'énergie renouvelable, l'agriculture durable, les sciences appliquées, travail en commun pour sortir du tête-à-tête haineux actuel. On peut rêver.


(*) Résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies:

Le Conseil de sécurité,
Exprimant l'inquiétude que continue de lui causer la grave situation au Proche-Orient,
Soulignant l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d'œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité,
Soulignant en outre que tous les États Membres, en acceptant la Charte des Nations unies, ont contracté l'engagement d'agir conformément à l'Article 2 de la Charte,

1. Affirme que l'accomplissement des principes de la Charte exige l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre l'application des deux principes suivants :

a. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ;
b. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence ;

2. Affirme d'autre part la nécessité

a. De garantir la liberté de navigation sur les voies d'eau internationales de la région ;
b. De réaliser un juste règlement du problème des réfugiés ;
c. De garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique de chaque État de la région, par des mesures comprenant la création de zones démilitarisées ;

3. Prie le Secrétaire général de désigner un représentant spécial pour se rendre au Proche-Orient afin d'y établir et d'y maintenir des rapports avec les États concernés en vue de favoriser un accord et de seconder les efforts tendant à aboutir à un règlement pacifique et accepté, conformément aux dispositions et aux principes de la présente résolution ;

4. Prie le Secrétaire général de présenter aussitôt que possible au Conseil de sécurité un rapport d'activité sur les efforts du représentant spécial. »


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