Où bien Carles Puigdemont est le génie méconnu que la Catalogne attendait depuis Charlemagne, sinon quelque Salvador Allende en fuite avant que Rajoy-Pinochet ne le cloue à la porte de la Moncloa ! Le fait est que l'application stricte (dura lex sed lex !) des lois sédition et rébellion dévie beaucoup d'eau vers la turbine indépendantiste.
La cote de l'indépendance catalane a monté subitement dès l'incarcération des ministres séditieux à Madrid (après celle des deux chefs ultras, les Jordi) à tel point que dans l'hypothèse d'un scrutin législatif demain dimanche, la libération de la communauté autonome l'emporterait, de justesse certes, mais l'emporterait en droit ! L'Indépendant de Perpignan publie (clic) un sondage du Centre d’estudis d’opinió (CEO) de la Generalitat en date du 1er novembre, qui donne 48,7% d'opinions pour l'indépendance contre 43,6% de non (le solde ne sait pas). En juin, les résultats du CEO étaient inversés : 41,1% pour et 49,4% contre, ce qui conduisit la coalition catalaniste à mafiater le référendum du 1er octobre.
On comprend bien désormais pourquoi les partis indépendantistes se ruent sur les élections régionales organisées par M. Rajoy le 21 décembre (à l'exclusion de la CUP anticapitaliste qui boude). Favorisés par une fusion des partis rebelles, les résultats dans la droite ligne du sondage seraient une magnifique revanche sur la dictature espagnole. Imaginez déjà la libération des martyrs de la prison Soto del Real sous le crépitement des flashes et le retour de Puigdemont en gare de Gérone avec deux drapeaux catalans croisés au nez de la locomotive !
Comment l'opinion a basculé ?
Par l'émotion ! En démocratie, l'émotion joue des tours aux raisonneurs. Bien sûr que la Justice espagnole est indépendante et applique les lois. Les gens qui tiennent les stylos de la rigueur judiciaire, comme Carmen Lamela sont irréprochables. Mais l'affaire n'est pas qu'anticonstitutionnelle malgré les avertissements explicites du Tribunal constitutionnel aux dirigeants catalans ; elle fut, demeure et sera politique aussi. Ce qu'a bien vu le président en exil au point de presse de Bruxelles mardi 31 octobre. Accordons-lui d'avoir anticipé la conversion de l'opinion.
L'émotion submerge les réalités, les cruelles vérités économiques par exemple, et emporte les cœurs vers un plébiscite pour l'indépendance. Les lendemains ne chanteront pas, mais le dicton "mon verre est petit mais je bois dans mon verre" aura l'avantage, d'une courte tête ou mieux, va savoir !
Il serait présomptueux ici de prédire ce que fera le pouvoir espagnol en cas de victoire démocratique des indépendantistes au scrutin législatif du 21 décembre. Un référendum national ? Déclencher la lourde procédure de la révision de la constitution de 1978 ? Laisser partir la belle province à la dérive ? Il est plus intéressant de s'inquiéter de l'Europe.
Comment basculera l'Europe ?
Les dirigeants européens unanimes excluent déjà la province rebelle de la Communauté. Mais ça c'est avant ! Avant le 22 décembre 2017. Les traités, directives et règles tiendront-ils longtemps à la poussée d'une libération des peuples ? Car le 22, la Catalogne Libre ne sera plus seule. La casserolade va gagner tout le continent au seul motif d'une victoire sur l'oppression des Etats-nations obsolètes pour garantir le bonheur des peuples, etc. Que cela soit très romantique, voire enfantin, n'en diminue pas la force. Les peuples ne sont pas adultes, c'est pourquoi ils ont de temps en temps des tyrans.
On peut parier que le Roussillon français va défiler et faire le plus de bruit possible, les Corses profiteront de l'embellie souverainiste, les Basques sortiront le drapeau de l'Euzkadi à Saint-Jean de Luz. Mais ce sont les régions lourdes que les pouvoirs européens peuvent craindre, au premier chef desquelles le Pays basque espagnol, l'Ecosse, les Flandres belges, la Vénétie. Si le concert de protestation contre l'exclusion est bien réglé, la Commission ne tiendra pas le choc. S'y agrégeront ensuite les régions folkloriques menées par des suceurs de roue en Bretagne, Alsace, Lombardie, Bavière peut-être pour augmenter le vacarme et la vieille Galice. A partir de là, tout peut arriver. Même Poutine peut s'introduire dans le désordre européen. Super-gag !
Un absent de marque au débat espagnol : Don Felipe régnant !
Une question transcendantale : la gare de Perpignan restera-t-elle le «Centre cosmique de l'Univers» ?
La cote de l'indépendance catalane a monté subitement dès l'incarcération des ministres séditieux à Madrid (après celle des deux chefs ultras, les Jordi) à tel point que dans l'hypothèse d'un scrutin législatif demain dimanche, la libération de la communauté autonome l'emporterait, de justesse certes, mais l'emporterait en droit ! L'Indépendant de Perpignan publie (clic) un sondage du Centre d’estudis d’opinió (CEO) de la Generalitat en date du 1er novembre, qui donne 48,7% d'opinions pour l'indépendance contre 43,6% de non (le solde ne sait pas). En juin, les résultats du CEO étaient inversés : 41,1% pour et 49,4% contre, ce qui conduisit la coalition catalaniste à mafiater le référendum du 1er octobre.
On comprend bien désormais pourquoi les partis indépendantistes se ruent sur les élections régionales organisées par M. Rajoy le 21 décembre (à l'exclusion de la CUP anticapitaliste qui boude). Favorisés par une fusion des partis rebelles, les résultats dans la droite ligne du sondage seraient une magnifique revanche sur la dictature espagnole. Imaginez déjà la libération des martyrs de la prison Soto del Real sous le crépitement des flashes et le retour de Puigdemont en gare de Gérone avec deux drapeaux catalans croisés au nez de la locomotive !
Comment l'opinion a basculé ?
Par l'émotion ! En démocratie, l'émotion joue des tours aux raisonneurs. Bien sûr que la Justice espagnole est indépendante et applique les lois. Les gens qui tiennent les stylos de la rigueur judiciaire, comme Carmen Lamela sont irréprochables. Mais l'affaire n'est pas qu'anticonstitutionnelle malgré les avertissements explicites du Tribunal constitutionnel aux dirigeants catalans ; elle fut, demeure et sera politique aussi. Ce qu'a bien vu le président en exil au point de presse de Bruxelles mardi 31 octobre. Accordons-lui d'avoir anticipé la conversion de l'opinion.
L'émotion submerge les réalités, les cruelles vérités économiques par exemple, et emporte les cœurs vers un plébiscite pour l'indépendance. Les lendemains ne chanteront pas, mais le dicton "mon verre est petit mais je bois dans mon verre" aura l'avantage, d'une courte tête ou mieux, va savoir !
Il serait présomptueux ici de prédire ce que fera le pouvoir espagnol en cas de victoire démocratique des indépendantistes au scrutin législatif du 21 décembre. Un référendum national ? Déclencher la lourde procédure de la révision de la constitution de 1978 ? Laisser partir la belle province à la dérive ? Il est plus intéressant de s'inquiéter de l'Europe.
Comment basculera l'Europe ?
Les dirigeants européens unanimes excluent déjà la province rebelle de la Communauté. Mais ça c'est avant ! Avant le 22 décembre 2017. Les traités, directives et règles tiendront-ils longtemps à la poussée d'une libération des peuples ? Car le 22, la Catalogne Libre ne sera plus seule. La casserolade va gagner tout le continent au seul motif d'une victoire sur l'oppression des Etats-nations obsolètes pour garantir le bonheur des peuples, etc. Que cela soit très romantique, voire enfantin, n'en diminue pas la force. Les peuples ne sont pas adultes, c'est pourquoi ils ont de temps en temps des tyrans.
On peut parier que le Roussillon français va défiler et faire le plus de bruit possible, les Corses profiteront de l'embellie souverainiste, les Basques sortiront le drapeau de l'Euzkadi à Saint-Jean de Luz. Mais ce sont les régions lourdes que les pouvoirs européens peuvent craindre, au premier chef desquelles le Pays basque espagnol, l'Ecosse, les Flandres belges, la Vénétie. Si le concert de protestation contre l'exclusion est bien réglé, la Commission ne tiendra pas le choc. S'y agrégeront ensuite les régions folkloriques menées par des suceurs de roue en Bretagne, Alsace, Lombardie, Bavière peut-être pour augmenter le vacarme et la vieille Galice. A partir de là, tout peut arriver. Même Poutine peut s'introduire dans le désordre européen. Super-gag !
Un absent de marque au débat espagnol : Don Felipe régnant !
Une question transcendantale : la gare de Perpignan restera-t-elle le «Centre cosmique de l'Univers» ?
Si je peux me permettre, votre raccourci ( vieux tic royaliste bien connu de ce côté-ci des Pyrénées ) est vraiment transcendental !
RépondreSupprimerTranscendance ou pas, la maison d'Espagne ne semble pas inspirée. Pourtant la Constitution dispose en son art. 56-1 que le roi est l'arbitre des institutions :
Supprimer"El Rey es el Jefe del Estado, símbolo de su unidad y permanencia, arbitra y modera el funcionamiento regular de las instituciones, asume la más alta representación del Estado español en las relaciones internacionales, especialmente con las naciones de su comunidad histórica, y ejerce las funciones que le atribuyen expresamente la Constitución y las leyes...
La branche des Bourbons au pouvoir en Espagne n'a rien à dire sur le désordre constitutionnel prévisible. En revanche les Carlistes y sont tout à leur aise puisqu'ils prônent "Les Espagnes" seulement liées entre elles par leur appartenance à la Couronne. Ils ont un boulevard pour leur propagande mais on ne les entend pas non plus. On dit que Carles Puigdemont viendrait d'une famille carliste. Peut-être aurait-il dû creuser le terreau des fueros et en faire une doctrine inclusive au lieu de couper l'amarre.
RépondreSupprimerJean DO
Les comunautés autonomes espagnoles en ont beaucoup. Je ne vois pas quelle dévolution leur ajouter. La collecte des impôts et taxes ? Au pays basque, ils l'ont déjà. Vont-ils évoluer vers une confédération cantonale comme en Suisse ? A mon avis, ils ne peuvent pas rester dans le cadre existant mais Mariano Rajoy me semble un peu juste dès qu'il s'agit d'imagination au pouvoir.
SupprimerIl faut archiver cet article de l'écrivain catalan Javier Cercas paru dans Libération, qui dénonce le "coup d'Etat" de Barcelone avec des arguments inédits, du moins sous cette forme : CLIC.
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