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Le pas de clerc de Gilles Simeoni

Ainsi la République a-t-elle claqué la porte au nez de ces messieurs montés de l'île de Beauté pour enclencher la révision constitutionnelle qui irait bien au teint. Une et indivisible est la République, a dit du Sénat le président Yodalarcher. Sauf que bien des exceptions confirment la règle : la loi d'Alsace-Moselle, les dérogations fiscales corses, la loi calédonienne, la loi de Saint-Martin, la loi de Polynésie, etc.


On ne peut raisonnablement arguer d'aucune imbécillité des pouvoirs parisiens, prévenus depuis longtemps que la revendication axiale des nationalistes serait le statut de collectivité d'outremer pour l'île. S'ils ne réagissent pas mieux aux sollicitations de messieurs Simeoni et Talamoni, c'est qu'ils attendent les résultats de la fusion récente des trois collectivités territoriales en une collectivité unique (une région et deux départements). Pourquoi se précipiter à changer déjà le format du gouvernement local, la promesse de décentralisation poussée n'étant pas encore exécutée. Attendent-ils aussi le rapport d'étape de Jacqueline Gourault, l'imposante madame Corse du cabinet Philippe, assez bien disposée jusqu'ici. Reprenons ce qu'elle disait à Radio-Corse FM après sa nomination :

« ... nous avons ici le dossier des collectivités locales, territoriales, et c’est une question qui m’est chère, sur laquelle je travaille beaucoup depuis de longues années, quand j’étais parlementaire et maintenant ici. Il est bien normal que la Corse fasse partie de mon portefeuille dans la mesure où une collectivité nouvelle s’installe. J’aborde ce dossier avec intérêt, nous allons avoir la mise en place de la collectivité la plus décentralisée de notre pays et c’est un dossier intéressant, passionnant, avec les particularités d’une île montagne. [...] Je connais l’ensemble des collectivités territoriales, assez bien, et donc je connais aussi les collectivités territoriales de Corse, et celle-ci évidemment c’est un dossier que j’ai suivi en étant que législateur, et bien entendu j’ai déjà eu des contacts et même des discussions avec les élus corses dans le cadre de la préparation du budget de la nouvelle collectivité. Je les ai rencontrés à Paris et nous avons eu plusieurs réunions par vidéoconférences, je n’étais pas seule, j’étais avec M. Gérald Darmanin, nous étions tous les deux en relations avec M. Simeoni, M. Jean-Guy Talamoni. [...] il y a une victoire, le suffrage universel a eu lieu, les Corses se sont exprimés dans la grande tradition républicaine et girondine, nous respectons naturellement, évidemment, le résultat du scrutin. »

Parmi les revendications nationalistes la partie emblématique, celle qui remue les foules, a trait au statut d'autonomie, à la co-officialité des langues française et corse, au crible du marché immobilier asservi à un statut de résidence, à l'amnistie des prisonniers réputés politiques.

Même si le Piéton n'était pas sous les ors de Matignon, il ne semble pas que le binôme corse ait déroulé sur la table un plan de développement lourd de leur île, en l'encadrant des moyens offerts et réclamés par le nouveau statut territorial. En fait, M. Philippe et ses ministres n'ont vu que des revendications politiques alors qu'ils pouvaient penser que la fusion devait en résoudre beaucoup.

Messieurs Simeoni et Talamoni auraient-ils mis la charrue avant les bœufs ?

Leur impatience à démontrer aux électeurs la pertinence de leur choix les a fait trébucher sur des questions importantes certes, mais devant résulter d'un processus de gestion pragmatique du pays qui démontrerait in fine l'intérêt d'une autonomie, plutôt que de commencer par la revendiquer, d'autant que le passé n'a rien construit de sérieux en exécution des avantages concédés par la métropole. La Corse est toujours en position de perfusion.

Par ailleurs, le scrutin du 10 décembre 2017 ne fut pas un tsunami nationaliste non plus. Avec une participation très mesurée de 52,6% (source officielle) les deux partis coalisés ont fait 56,5% (contre 45,4 au premier tour). Rien ne prédit une forte mobilisation de la manifestation d'humeur prévue le 3 février en réponse à l'humiliation de Paris.

Ce que demandent les conseillers du gouvernement aux élus corses, c'est de faire vivre la nouvelle collectivité de manière responsable, le reste viendra plus tard. Bien sûr un monarchiste ne peut oublier le royaume de France et de Navarre où coexistaient sous la même couronne la grande France et la toute petite Navarre (en fait les débris septentrionaux de la province historique). Un statut d'association serait aujourd'hui pertinent mais nous sommes en République où aucune tête ne devrait dépasser.

On ne peut clore ce billet sans évoquer le mauvais choix de Jean-Guy Talamoni, président de l'assemblée corse, de ne pas participer à l'hommage dû par la Nation au préfet Erignac, pour les vingt ans de son assassinat à Ajaccio par des nationalistes alors qu'il rejoignait son épouse au théâtre ! L'insulte en a indisposé plus d'un, à commencer par votre serviteur.


Claude Erignac † 6.2.1998

Commentaires

  1. A tout hasard, et au risque de paraître un peu décalé ...

    Le message poignant d’un surveillant corse pour ses collègues de métropole

    https://actupenit.com/2018/01/25/%F0%9F%87%AB%F0%9F%87%B7-le-message-poignant-dun-surveillant-corse-pour-ses-collegues-de-metropole/

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  2. Je ne mettrai jamais Simeoni et Talamoni sur le même pied. L'un est légitime (son père, son oncle) le second est né à Saumur, de parents nés au Maroc (mère espagnole).Tout ça pour dire que les plus extremistes.....bref, pour l'anecdote, Ivan Colonna était le fils d'une institutrice bretonne et d'un député Niçois! Laissons donc les Corses régler les problèmes corses et contentons nous d'admirer cette île merveilleuse ...de loin. On y gagnera en sérénité!

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    1. Je n'ai pas voulu débiner Talamoni parce que c'est trop facile. La photo montre d'ailleurs qui est le patron dans cette discussion.

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