dimanche 21 janvier 2018

Vœux du prince Louis

 

Monseigneur Louis-Alphonse de Bourbon, aîné des Capétiens, a transmis ses vœux de bonne année aux Français par le truchement de l'Institut de la Maison de Bourbon. Les voici, avec nos sincères remerciements et l'expression de nos meilleurs pour le prince et sa charmante famille. Les inter-titres, la signature et la colorisation sont de Royal-Artillerie. Les images proviennent d'une recherche rapide sur la toile.







Français, mes chers compatriotes,

Depuis plusieurs années, j'ai pris l'habitude de m'adresser à vous durant le mois où des vœux sont formés pour ceux que l'on aime.
Au début, ce message du 21 janvier n'était reçu que par les fidèles qui, en cette date anniversaire de la mort du roi Louis XVI, revivaient en leur cœur l'espérance de la tradition. Il y avait sans doute alors un peu de nostalgie en souvenir d'un temps glorieux où la France était une grande nation. Puis, d'année en année, l'audience de ce message s'est développée, notamment avec l'essor des nouvelles formes de communication.

Mon droit

En ce début 2018, je veux poursuivre cette rencontre. Elle fait partie de mon devoir de successeur légitime des rois dont l'histoire se confond avec celle de la France. Comme héritier des rois, je me dois d'incarner cette tradition qui ne peut consister uniquement à assister à des cérémonies de mémoire. Elles sont pourtant nécessaires et j'y participe toujours avec joie. Elles permettent de résister à la destructrice amnésie mémorielle instrumentalisée par ceux qui n'ont pas envie de voir la France fière d'elle-même et soucieuse de prolonger, dans l'avenir, le rôle de moteur qu'elle eut durant si longtemps.
Mais, à quoi me servirait-il d'être l'héritier d'une dynastie millénaire ? Il ne peut s'agir pour moi de me satisfaire de considérer la gloire de mes ancêtres. Il m'appartient encore plus, si je veux être digne d'eux, de contribuer à l'édification du présent et de l'avenir, à ma manière, avec mes moyens. Je serais ainsi fidèle à ce qui était la nature de la royauté française, faire de l'action du roi, avant tout, un service rendu à tous.

Ma mission

Remplir ce devoir me paraît d'autant plus important que notre pays traverse une épreuve difficile comme l'histoire en réserve, malheureusement, à espaces réguliers. Dans ces moments, c'est toujours en revenant à ses fondamentaux que la France a pu trouver un nouveau souffle. Devant les difficultés il ne s'agit ni de se cacher la réalité, ni d'abandonner, mais de réagir. Tel est le devoir d'état de chacun, des familles en particulier, même si c'est souvent difficile et impose des sacrifices. Par ma position, n'ayant pas à me placer dans le contexte de promesses ou de programmes de la politique au quotidien, il m'appartient de le rappeler.
Attaquée à l'extérieur et sur notre sol par un ennemi aussi insidieux que brutal et qui, souvent, trouve du renfort dans nos faiblesses et notre laxisme ; rongée de l'intérieur par une crise morale qui lui fait parfois renier son identité, la France, notre pays, est tenue de réussir à se reprendre. Elle le doit à tous ses enfants ; elle a aussi une obligation envers ceux qui l'ont toujours regardée comme le foyer où naissent les grandes idées et s'épanouit la civilisation née du double héritage gréco-latin et chrétien.

Notre société

Cet héritage, s'il nous a été transmis, n'a de sens que pour le présent. Il nous appartient de le faire vivre. Cela d'autant plus que la société est à un tournant et, surtout, en attente. Le contexte ayant changé, il faut lui redonner un cadre. Celui dans lequel nous vivons depuis deux siècles s'effrite. Fait de beaucoup d'idéalisme, d'égoïsme et de matérialisme, il ne répond plus aux besoins de la société, car elle s'est prise dans ses propres contradictions. Ses excès dans tous les domaines ont abouti à d'immenses échecs tant dans le domaine social qu'environnemental, et l'homme en fait les frais. Ce mouvement délétère pour les libertés, devenues licences, l'économie devenue financiarisation, l'emploi précarisé, la culture, l'éducation et le patrimoine trop souvent livrés aux destructions, se développe puisque, face à lui, un nouveau contexte se met en place. Il se nomme mondialisme, société du numérique et de la dématérialisation, émergence de nouvelles puissances, éclatement de la société en "réseaux", remise en cause de certains fondamentaux en matière d'éthique, tels que famille et couple ou la valeur de la vie humaine, déculturation.
La situation n'est pas simple et il est difficile de trouver la juste conduite face à ce monde qui change. Un monde nouveau est à redessiner, ce qui demande de recréer une anthropologie donnant sa place à la gratuité. Abandonnons donc les constats et la nostalgie d'un temps qui n'est plus celui dans lequel nous vivons et encore moins celui de nos enfants !

Construire un avenir transcendant

Acceptons, enfin, de relever les défis de demain pour redonner un sens à nos actions présentes et futures. Redonnons à la jeunesse l'espérance, non pas celle des facilités matérielles, mais celle de l'épanouissement de soi et des autres à commencer par la famille qui doit redevenir le socle principal de toute vie commune. La génération montante, la mienne, ayant redécouvert les vertus du réalisme qui doit imprégner l'action, a largement déjà contribué à la remise en cause des excès d'une société sans limites et oublieuse de la nécessaire transcendance sans laquelle l'homme n'est pas pleinement homme.
Cela me paraît conforme au rêve capétien qui a bâti la France et enfanté l'Europe. Il était vision d'un avenir partagé. Les grandes nations ont besoin de tels horizons. Regardons autour de nous, les pays qui prospèrent sont ceux qui croient en eux et en leur devenir. Ce fut longtemps l'esprit qui a animé notre pays et le monde occidental. Avec lui, la France a pris une place prépondérante dans le monde car elle était porteuse d'espoir pour ceux qui aspiraient à devenir sujets du roi de France. Ainsi ils avaient l'assurance de participer à cette aventure commune que la France offrait à tous, dès lors qu'ils l'aimaient et voulaient contribuer à sa grandeur.

Valoriser les valeurs

Face aux nouveaux enjeux, il y a place pour un pays qui s'affirme avec son identité propre et ses valeurs. Déjà nombre d'entre vous en ont conscience : ceux qui entreprennent, ceux qui trouvent de nouveaux terrains sur lesquels le génie français peut se déployer ; ceux qui pensent que le Bien commun sera toujours supérieur aux égoïsmes ; ceux qui ont compris que la vie en société est préférable à tous les communautarismes, formes nouvelles des féodalités archaïques. Il y a un espace pour la France dans le monde de demain et donc pour les Français. Il appartient à chacun de le construire en restant fidèle aux valeurs et aux principes légués par l'histoire. Soyons fiers d'être des héritiers et sachons transmettre l'héritage.

En ce début d'année, mes vœux s'adressent tout particulièrement à tous ceux qui croient en la France, mais je pense aussi à ceux que la société a laissés sur le bord du chemin, ayant oublié que la charité demeurait le premier devoir des hommes. Ils ont leur place. Ne l'oublions pas !
En 2018, pour l'aider à être elle-même, puisse la France, fille aînée de l'Église, compter sur tous les saints qu'elle a vu naître, à commencer par saint Louis, le modèle des gouvernants.



Louis-Alphonse, duc d'Anjou
le vingt janvier 2018





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