mercredi 11 juillet 2018

Trump et l'OTAN



Le sommet atlantique à Bruxelles aujourd'hui est centré sur le partage du « fardeau ». Longtemps réclamé par les présidents américains et le Sénat des Etats-Unis qui gouverne la diplomatie américaine en dernier ressort, l'exigence d'un équilibre des contributions arrive à son terme avec le tonitruant Donald Trump ! Ce partage dépasse et de beaucoup l'arithmétique de l'Alliance parce que pour les Américains le problème est éthique et moral : la jeune et vaillante Amérique perfuse la vieille Europe qui distrait des crédits considérables pour assurer des privilèges inouïs à des armées de fainéants protégés. Au yeux des Américains, nous sommes une immense "SNCF" !

Il est donc facile et électoralement bénéfique pour Trump de venir nous menacer de représailles jusqu'à l'esquisse d'un renversement d'alliance puisqu'il rencontrera Vladimir Poutine aux lendemains du sommet atlantique. Tout le monde craint un assouplissement considérable sur l'annexion de la Crimée et une détente en mer baltique orientale, toutes choses que le joueur d'échecs russe attend patiemment.

On ne peut discuter la pertinence d'un partage équitable de l'effort de défense entre les deux rives de l'océan. C'est évident ! On ne peut non plus reprocher à l'Administration Trump une quelconque mauvaise foi. L'Europe se défonce aux budgets sociaux avant de se défendre, comptant sur le parapluie américain. Mais l'alliance de substitution à laquelle pensent certains technocrates en chambre n'est pas meilleure pour des motifs identiques : aucun pays n'a les moyens budgétaires ou politiques (dans le cas de l'Allemagne) pour palier un retrait de la dissuasion américaine, dissuasion prise au sens large de montrer sa force pour n'avoir pas à s'en servir.

Face à l'Europe, l'empire de Russie dispose de quoi nous incinérer dix fois et rien ne prouve que sa retenue offensive actuelle ne soit pas débordée dans le futur par l'accession au pouvoir de revanchards alcoolisés. C'est bien pourquoi les anciens pays du bloc oriental ne veulent rien entendre d'une Europe de la défense hors du SHAPE. Ils savent ne pas faire le poids et se défient des "démocraties" occidentales depuis 1938. Et pour finir au même point : où trouverions-nous l'argent nécessaire pour financer un outil de guerre de substitution ?

Pour notre chance, il est des Américains qui sont conscients d'une défense commune des valeurs occidentales dans l'Alliance au-delà des disputes budgétaires, mais rien ne sera réparé entre nos gouvernements respectifs tant que les budgets européens n'auront pas atteint le seuil de 2% du PIB comme nous l'avions tous promis aux Etats-Unis lors du sommet atlantique de Newport en 2014. Le Sénat de Washington vient de voter une motion de soutien à l'OTAN par 97 voix contre deux avant que l'avion de Donald Trump ne décolle (clic). C'est du pot !

On fera son profit de l'excellent article de Marie Normand pour RFI que nous sommes autorisés à vous offrir maintenant :




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