Ce blogue a toujours eu de l'indulgence pour la famille de Juan-Carlos d'Espagne au seul motif que l'accession au trône de 1975 n'était pas réellement un cadeau du dictateur mourant puisque les intérêts franquistes étaient toujours aux commandes dans presque tous les postes de l'Etat. Il faut dire quand même que l'assassinat de l'amiral Carrero Blanco en 1973 en avait incité beaucoup à favoriser la transition dans l'espoir de continuer à peser. Ayant assisté à son premier discours aux Cortes de Madrid (je radote, me dit-on dans l'oreillette), j'avais été étonné par la mâle expression du nouveau chef d'Etat et surtout l'enthousiasme de tous les députés, communistes compris, qui célébraient le retour à la normalité d'un pays jusque là coupé du monde aux plans politique et culturel, ses artistes étant pour beaucoup expatriés.
Le putsch du capitaine-général Tejero donnera au roi l'occasion d'entrer dans l'histoire en 1981. L'éléphant qu'il tua en 2012 l'en fera sortir. La presse d'investigation lâcha les chiens, on lui découvrit maîtresse(s) et enfant naturel, vrai ou faux. Il abdiqua. La Casa Real n'en était pas quitte pour autant. Sa fille Cristina fut pincée dans une affaire de détournement de fonds publics dans une histoire corne-cul impliquant son mari Iñaki Urdangarin, ancien handballeur, un coureur à ses heures et sans doute un peu juste pour faire l'escroc. Lui moisit en prison, elle, condamnée à une forte amende, aux dernières nouvelles "survit" en Suisse avec les enfants.
Un nouveau couple prend la lumière, Don Felipe et son épouse Letizia. L'occasion de redonner des tours au moteur ? Ce jeune roi est impeccable, grand, barbu, disert, ennuyeux et la reine son épouse fait le job très consciencieusement tout en sourires. Les deux infantes sont adorables. Tout irait pour le mieux si le couple retiré ne faisait pas d'ombre aux nouveaux titulaires de la charge. Or, si Juan-Carlos a abdiqué, il promène sa canne partout, dans les parades militaires et navales, les commémorations et j'en passe, jusqu'en Amérique du sud, démonétisant le prestige de son fils. Cette fonction ne peut souffrir aucune affaissement en Espagne où les républicains sont nombreux. La Reine déposée est de son côté toujours fourrée avec les infantes, jouant à la grand-mère protectrice devant les objectifs, au fort déplaisir de la Reine en titre qui gère une communication serrée (elle est du métier).
C'est une grave erreur que de faire cohabiter deux rois, deux reines, dans un pays qui n'est pas totalement converti à la monarchie comme le sont les pays nordiques. Les abdications inaugurées aux Pays-Bas sont acceptables chez des peuples royalistes jusqu'à la moelle, pas dans le patchwork espagnol où l'autorité naturelle doit correspondre à l'autorité fonctionnelle. Felipe n'a pas besoin de l'ombre portée du vieux roi qui n'a plus l'aura du commandeur de Dom Juan. C'est pire encore si la famille royale est entachée de scandale ou de mœurs relâchées. Il y a une exigence spéciale en ce domaine surtout dans le cas d'une restauration.
C'est le même problème qui se poserait pour une restauration en France. Le nouveau roi et son successeur, voire même jusqu'au troisième titulaire pour démontrer que le logiciel héréditaire fonctionne parfaitement, doivent être au niveau exigé par les responsabilités dévolues, compétents et irréprochables, tout comme leurs familles. On ne peut pas rater une restauration après une république ou une dictature, et les monarchies du nord installées depuis la brume des temps anciens ne sont pas le bon exemple ici.
Le roi Felipe VI serait bien inspiré de sortir ses parents du protocole comme d'ailleurs son père a lui-même déclassé la branche aînée de Cadix puis chassé le dernier rejeton de l'Almanach. Il l'a fait par raison d'Etat et pour annuler d'avance toute situation équivoque dans le futur, voire une improbable revendication dynastique. Il devrait aujourd'hui accepter de se retirer loin des manifestations officielles, quelque part avec son épouse - s'ils se supportent encore - dans quelque manoir confortable et discret aux Baléares ou à l'Escorial, l'image frapperait. Comme Benoît XVI, que dans la même situation on ne voit jamais ou presque ! Le gouvernement compliqué du Saint-Siège serait impossible avec deux papes, pourquoi la couronne espagnole y résisterait-elle mieux ?
Bien sûr la mesure d'éloignement heurterait les consciences amollies de notre époque mais la fragilité de cette monarchie appelle à prendre des décisions, et si elles sont injustes sentimentalement et moralement, tant pis ! L'Espagne, si jamais rendue aux divisions anciennes, redeviendra le pays de tous les démons. Elle ne le mérite pas en elle-même et pour tout ce qu'elle nous apporte. Mais pendant ce temps, un vidéoclip très populaire dénonce les Bourbons avec violence - on y parle de guillotine - pour revendiquer une totale liberté d'expression et soutenir le rappeur Valtònyc, condamné pour outrages. Il est en fuite en Belgique, comme Puigdemont. Le clip se termine par le générique complet de la production, un essai de victimisation ? une façon d'inviter la justice à agir pour qu'elle se déconsidère ? Certains se le passent en boucle (c'est sous-titré en français). A suivre.
Le putsch du capitaine-général Tejero donnera au roi l'occasion d'entrer dans l'histoire en 1981. L'éléphant qu'il tua en 2012 l'en fera sortir. La presse d'investigation lâcha les chiens, on lui découvrit maîtresse(s) et enfant naturel, vrai ou faux. Il abdiqua. La Casa Real n'en était pas quitte pour autant. Sa fille Cristina fut pincée dans une affaire de détournement de fonds publics dans une histoire corne-cul impliquant son mari Iñaki Urdangarin, ancien handballeur, un coureur à ses heures et sans doute un peu juste pour faire l'escroc. Lui moisit en prison, elle, condamnée à une forte amende, aux dernières nouvelles "survit" en Suisse avec les enfants.
Un nouveau couple prend la lumière, Don Felipe et son épouse Letizia. L'occasion de redonner des tours au moteur ? Ce jeune roi est impeccable, grand, barbu, disert, ennuyeux et la reine son épouse fait le job très consciencieusement tout en sourires. Les deux infantes sont adorables. Tout irait pour le mieux si le couple retiré ne faisait pas d'ombre aux nouveaux titulaires de la charge. Or, si Juan-Carlos a abdiqué, il promène sa canne partout, dans les parades militaires et navales, les commémorations et j'en passe, jusqu'en Amérique du sud, démonétisant le prestige de son fils. Cette fonction ne peut souffrir aucune affaissement en Espagne où les républicains sont nombreux. La Reine déposée est de son côté toujours fourrée avec les infantes, jouant à la grand-mère protectrice devant les objectifs, au fort déplaisir de la Reine en titre qui gère une communication serrée (elle est du métier).
C'est une grave erreur que de faire cohabiter deux rois, deux reines, dans un pays qui n'est pas totalement converti à la monarchie comme le sont les pays nordiques. Les abdications inaugurées aux Pays-Bas sont acceptables chez des peuples royalistes jusqu'à la moelle, pas dans le patchwork espagnol où l'autorité naturelle doit correspondre à l'autorité fonctionnelle. Felipe n'a pas besoin de l'ombre portée du vieux roi qui n'a plus l'aura du commandeur de Dom Juan. C'est pire encore si la famille royale est entachée de scandale ou de mœurs relâchées. Il y a une exigence spéciale en ce domaine surtout dans le cas d'une restauration.
C'est le même problème qui se poserait pour une restauration en France. Le nouveau roi et son successeur, voire même jusqu'au troisième titulaire pour démontrer que le logiciel héréditaire fonctionne parfaitement, doivent être au niveau exigé par les responsabilités dévolues, compétents et irréprochables, tout comme leurs familles. On ne peut pas rater une restauration après une république ou une dictature, et les monarchies du nord installées depuis la brume des temps anciens ne sont pas le bon exemple ici.
Le roi Felipe VI serait bien inspiré de sortir ses parents du protocole comme d'ailleurs son père a lui-même déclassé la branche aînée de Cadix puis chassé le dernier rejeton de l'Almanach. Il l'a fait par raison d'Etat et pour annuler d'avance toute situation équivoque dans le futur, voire une improbable revendication dynastique. Il devrait aujourd'hui accepter de se retirer loin des manifestations officielles, quelque part avec son épouse - s'ils se supportent encore - dans quelque manoir confortable et discret aux Baléares ou à l'Escorial, l'image frapperait. Comme Benoît XVI, que dans la même situation on ne voit jamais ou presque ! Le gouvernement compliqué du Saint-Siège serait impossible avec deux papes, pourquoi la couronne espagnole y résisterait-elle mieux ?
Bien sûr la mesure d'éloignement heurterait les consciences amollies de notre époque mais la fragilité de cette monarchie appelle à prendre des décisions, et si elles sont injustes sentimentalement et moralement, tant pis ! L'Espagne, si jamais rendue aux divisions anciennes, redeviendra le pays de tous les démons. Elle ne le mérite pas en elle-même et pour tout ce qu'elle nous apporte. Mais pendant ce temps, un vidéoclip très populaire dénonce les Bourbons avec violence - on y parle de guillotine - pour revendiquer une totale liberté d'expression et soutenir le rappeur Valtònyc, condamné pour outrages. Il est en fuite en Belgique, comme Puigdemont. Le clip se termine par le générique complet de la production, un essai de victimisation ? une façon d'inviter la justice à agir pour qu'elle se déconsidère ? Certains se le passent en boucle (c'est sous-titré en français). A suivre.