Teresa M. in the Mirror |
Ce qui est en jeu, au-delà des incantations de messieurs Macron et Juncker qui ne veulent pas pervertir les "valeurs" du marché unique par un accord à la con avec le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, c'est la zone de libre-échange ouest-européenne. Des pays que finalement nous connaissons mal (entendre Mélénchon parler de l'Allemagne nous signale le bougnoule qui n'est jamais sorti de chez lui) tiennent à cette ZLE comme à la prunelle de leurs yeux, parce que d'expérience et non par idéologie, elle représente la construction économique la plus florissante. Elle induit en outre des États à budget maîtrisé pour détourner le moins possible de flux et alléger le ballast sous l'activité marchande. De cette zone, nous n'en sommes pas !
Il est à parier que les intérêts bien compris des Pays-Bas, du Danemark, de l'Allemagne et de la République d'Irlande vont inventer les moyens inédits d'un accord avec la Première britannique parce que le commerce domine tout, l'expression des "valeurs" n'étant que son explication pour les demeurés. Business first ! laissons aux Latins l'émotion !
Le marché de la zone libre-échangiste précitée (on ne parle plus de Teresa là) représente 184 millions de consommateurs, hautement solvables. Autour de ce noyau mercantile, tournent les sous-traitants de la République fédérale (Tchéquie et Hongrie) et le groupe scandino-balte aux mœurs libre-échangistes. Avec la Norvège pétrolière, ces pays rajoutent 64 millions au bloc de départ.
La contestation du dogme macronien de solidarité radioactive regroupe donc 248 millions de consommateurs, soit presque la moitié la plus riche de l'Union européenne élargie, ensemble contigu que nous avons appelé plusieurs fois "l'Europe sérieuse". Etonnez-vous de ce que le Premier ministre néerlandais ait refusé le majorat français lors du dernier sommet de Bruxelles ! Commencez par réparer votre pays de cigales avant d'appeler les fourmis à contribution, a-t-il dit en dialecte !
Premier néerlandais Mark Rutte |
Macron, Barnier, Tusk, Juncker et Moscovici peuvent aller se rhabiller, le Nord ne va pas se couper du marché britannique, non plus que de la City. Le désaccord intra-continental n'est pas intervenu tant que les négociations euro-britannique avançaient. Theresa May vient de déclarer au retour de Salzbourg qu'elle est dans une impasse. Faute d'accord dans un délai proche, elle va donc normalement vers un Brexit dur. L'Europe sérieuse, quoiqu'en disent ses représentants devant les objectifs, n'en veut pas, et de l'Endive de Savoie (Barnier) non plus. La crise possible dégagerait l'horizon en créant deux zones, l'Europe sérieuse et l'Europe rieuse, sans transferts compensatoires entre elles comme on le fait dans une vraie fédération. Chacun nettoie sa merde !
La France est incapable de se réformer pour toutes les raisons que l'on sait. Mais l'Italie si, qui dispose d'un excédent primaire avant service de sa dette et d'un gouvernement pugnace. L'autre gitane est l'Espagne dont le déficit rapporté au PIB est inférieur au nôtre et qui a des marges de progression en l'absence de contestation du camp retranché des "spéciaux". Ce qui nous pend au nez, c'est de nous retrouver seuls. La France seule disait Charles Maurras, mais jusqu'ici c'est l'Europe et l'euromark allemand qui servent de cache-misère. Nous sommes en déficit dans absolument tous les compartiments du jeu*. Notre classe politique est un ramas de couards et la technocratie n'a aucun poids politique. On va bouffer des rutabagas... à crédit !
Note (*): Dans le rapport Rapport 2017 de la Banque de France on lit : « La position extérieure de la France, qui reflète le patrimoine financier net de la Nation vis-à-vis de l’étranger, est débitrice à hauteur de 461 milliards d’euros à fin 2017, soit 20,1 % du PIB. C’est en-deçà de la limite européenne (35 % du PIB)». On doit donc être contents !
Postscriptum du 24.09.2018
Ceux des lecteurs, qui préfèrent un commentaire autorisé de la réunion de Salzbourg, feront leur profit des lumières d'Elie Cohen en cliquant ici sur Telos.