mardi 23 octobre 2018

Le Brexit tuera le Frexit

Il y a la fable des "Animaux malades de la peste" mais ce n'est rien comparé aux réalités du royaume d'Angleterre malade de la politique. Les parlementaires les plus stupides que la terre ait portés - c'est un concours entre nos démocraties occidentales - sont en train de favoriser l'éclatement du Royaume uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, si ce n'est la Grande Bretagne elle-même. C'est bien sûr la tragi-comédie du Brexit qui est à l'origine de ce maelström mais on oublie quand même que la chose prend sa source dans la connerie majuscule de David Cameron, premier ministre jadis, qui vendit ce choix inconséquent à sa majorité parlementaire pour durer. Bien plus que Boris Johnson ou Nigel Farage c'est ce politicard bien propre sur lui que les Britanniques ont à blâmer maintenant, quoiqu'ils aient voté.

- Carte des résultats du référendum du 23/06/2016 -
Passons aux cartes. Si le Brexit au Royaume uni a été approuvé par 51,9% des suffrages exprimés, il est loin d'avoir conquis tout l'espace. La carte des résultats du référendum ci-dessous montre le nuage de nuances et le petit tableau de gauche les pourcentages respectifs des refus de sortir. On voit nettement que l'Ecosse ne sortira pas de l'Union européenne mais du Royaume uni, et que l'Irlande du Nord serait dans les mêmes dispositions mais son cas est trompeur. Les bastions catholiques ont voté contre et ont fait basculer le résultat global de la province. Une carte détaillée le montre bien (clic). Le Pays de Galles est partagé entre sa façade maritime qui commerce avec la République d'Irlande et l'intérieur moins favorisé, ancien pays de mines et d'industries. Mais le plus déterminant est le refus du grand Londres et de nombreux comtés de l'ouest. Quels que soient les débats aux Communes, la solution n'existe pas au sol, dans la vraie vie. La loi élémentaire de la démocratie (majorité plus une voix) va se fracasser sur le mur du bon sens ! Nul ne peut ruiner sans réaction l'électeur d'ici par le vote d'un électeur de là. Il ne s'agit pas de choisir un gouvernement entre partis de gouvernement mais de carrément changer de paradigme jusqu'à mettre en péril, outre la couronne mais c'est secondaire, l'économie et partant, le prestige du Royaume uni.

Si les chefs du Brexit n'ont rien préparé ni étudié et ont quelque part floué leurs électeurs (mais c'est la loi du genre aurait dit Charles Pasqua), les études des conséquences du Brexit sortent chaque jour depuis 2016 et aucune n'y est favorable. Reportez-vous à la presse intelligente pour en connaître le détail, ce serait trop long ici.

David Cameron
Nous n'avons pas invité jadis les Britanniques à nous rejoindre ; ils ont frappé à la porte en 1962 puis en 1967, à une époque où ils étaient très malades (épuisés par la Seconde Guerre mondiale), à tel point qu'il fallut leur faire des cadeaux, puis les exempter de bien des contraintes que les continentaux acceptaient. Le pays avait fini par remonter la pente en réformant son modèle social des Unions sacrées et en profitant le plus possible du grand marché commun. Gavés aujourd'hui à tel point que jusqu'au référendum maudit, tous les entrepreneurs européens rêvaient de la Grande Bretagne, ils s'estiment maintenant vassaux de l'empire et défiés dans leurs mœurs nationales. Qu'ils partent donc ! Faisons-leur cadeau (encore un) du solde de tout compte ! Et nous, asseyons-nous pour fumer un Partagas en regardant s'éloigner les falaises blanches de Douvres !

Si nous, n'y verrons pas grand changement - ne produisant rien ou si peu, ils sont obligés d'importer tout sauf l'ingénierie financière - eux par contre vont faire le grand bond en arrière et plouf ! Dans l'Atlantique ! Négocier du faible au fort avec l'administration Trump, le Foreign Office n'a jamais su. Du faible au fort avec la Chine, du faible au fort avec le Japon ? Et à la fin, du faible au fort avec Bruxelles ? Boris Johnson, très au fait de ces difficultés, les enjambent en faisant la promotion du génie séculaire du Rosbif qui a tout gagné après Hastings !





Tiens, nos moutons ont avancé vers le bord de la falaise. Si les îles britanniques sont dans l'impossibilité de couper les ponts sans se désagréger, qu'en serait-il de la France ? Des souverainistes appellent au Frexit. Le pays est au cœur même du dispositif européen depuis 1952 et ceux-là imaginent qu'un référendum gagné où le Rassemblement national fait des voix, serait de pleine application dans les vieilles terres d'empire ? Ils se fourrent le doigt dans l'œil. On peut déjà tracer la frontière de notre Ecosse : le vieux duché de Bourgogne partira en bloc, avec la région lyonnaise et le Grand Paris en prime. Comment les en empêcher ? Vous plaisantez j'espère.

La France s'est faite pas à pas. L'hexagone n'est pas tombé du Ciel comme le pigeon sur Clovis ! Elle peut aussi se défaire, se déchirer, notre histoire est emplie de guerres civiles ouvertes ou feutrées. Le Frexit dégagé par la loi stupide du Nombre pourrait aboutir au partage du pays si des territoires refusaient le suicide national. Ne l'oublions pas et redevenons sérieux. On ne débrouillera pas l'écheveau européen de 65 ans d'âge à peine de devenir une simple zone de consommation. Optimisons nos dépendances pour le bien-être de notre peuple et la perpétuation de nos valeurs spécifiques et oublions la grandeur que nous n'avons jamais atteinte depuis la chute du Second Empire.



- Frontières de Charles le Téméraire -

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