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Savoir 125

C'est du trimestriel de l'association Vendée Militaire qu'il s'agit. 125ème livraison, ce n'est pas un perdreau de l'année et si je compte bien (il suffit de diviser par 4), cela fait plus de trente ans que ça dure. Qu'y a-t-il donc de spécial ou de particulier dans ce magazine chouan pour qu'il traverse contre vents et marées les péripéties politiques et sociales de notre beau pays ?

La réponse est dans la question : il ne perd pas de temps dans ce domaine de l'actualité fugace et s'en tient à la mémoire des hommes de son territoire, grands par la foi qui les a brûlés, grands par le sang qu'ils ont donné à défendre leur roi dans la tragédie révolutionnaire. Feuilleter ce numéro du dernier trimestre 2018 aide à respirer ; sans flagornerie, on dirait qu'il participe à sa façon à une élévation de l'âme, ce dont nous avons tous besoin dans notre quotidien "économique" et tristement banal : le prix des mutuelles va augmenter après le Diesel. Royal-Artillerie vous propose de le lire ensemble :


Avant toute chose, je signale aux lecteurs que le papier est bon et glacé, l'iconographie fastueuse (ce qui économise la nôtre ici) et le rédactionnel de meilleure qualité que bien des articles de presse qui mangent sur l'Histoire. Et il y en a cinquante-deux pages !

Le premier article nous présente Patrick Buisson, connu de tous depuis l'affaire de la prise de son dans le bureau de l'Elysée. Bien sûr il ne s'agit que de son travail sur les guerres de Vendée qui produira le film Les Manants du Roi mais la patte de M. de La Douasnerie nous dévoile l'homme autant sinon plus que l'ouvrage, et de cela je suis content, même si la modestie explicitée du président de Vendée Militaire n'était pas nécessaire pour rehausser l'image qu'on se fait de Buisson, puits de science comme nous en avons quelques-uns sur étagères, je pense aussi à Alain de Benoist. Aparté : la photo de La Chabotterie me rappelle qu'il y a de fameux concours de trompe de chasse en ce lieu. La régie me dit dans l'oreillette que "ça fait longtemps qu'on n'a pas entendu de vènerie sur Royal-Artillerie". Ndlr : c'est réparé.

A peine ai-je compris que Patrick Buisson est un chouan de convictions, mais plus performant que beaucoup qui s'en réclament pour parfumer leur vie bien terne, je prends en plein estomac Soljenitsyne aux Lucs-sur-Boulogne, site "emblématique de la Terreur en Vendée". Pour la jeunesse encore naïve d'aujourd'hui, cet épisode vendéen est l'Ouradour-sur-Glane de la Convention. Qui pis est, il n'amoindrit pas par comparaison l'horreur de tout le reste qui exclut à tout jamais ses perpétrateurs des registres de la civilisation. On dit que les guerres de Vendée furent la matrice des répressions les plus sauvages du XX° siècle, en quelque sorte : la Révolution française, sacralisée par le monde marxiste, adouba les monstres à venir ; même si les Ottomans n'eurent rien à en apprendre quand ils décidèrent de rayer le peuple arménien de la surface du globe.

Ne nous privons pas du discours historique prononcé par le Prix Nobel pour le bicentenaire le 25/09/1993 aux Lucs-sur-Boulogne devant vingt mille personnes. Le voici, il n'est pas si long, en cliquant ici.

A peine ai-je tourné la page que l'ancien conseiller général de Vendée, Maurice Bedon, pousse un coup de gueule comme on en lit peu souvent dans les salons feutrés du royalisme cénaculaire. Afin de ne pas incendier la sainte-barbe, il se protège derrière Tocqueville pour une conclusion sans appel qui rejoint notre propre embarras au spectacle des chapelles en lutte fratricide. En Vendée, ce sont les associations chouannes qui se bouffent : « Comme tout le monde le sait depuis Tocqueville, "une situation détestable ne sert les intérêts que des intrigants parce qu'ils évoluent agréablement en eaux troubles" et en profitent pour assurer leurs positions et nuire tout à loisirs. Se donner les moyens de recréer un climat de confiance apparaît donc bien comme un impératif pour favoriser la pérennisation des associations et travailler plus utilement dans la sérénité en faveur de la Mémoire Vendéenne.»

J'allais répondre virtuellement à M. Bedon que les princes pourraient aussi en prendre de la graine et pour certains, même vieillissants, redevenir sérieux avant les derniers adieux, quand je suis happé par le billet d'approbation de Gérard de Villèle à l'endroit du prince Louis de Bourbon. "Moi je trouve cela très bien" conclut-il en parlant du coming out franquiste du duc d'Anjou. Nous serions deux si l'auriculaire des royalistes français, fort occupé à la tasse à thé, était entré en oreille pour la boucher. Le franquisme n'a pas bonne presse en France, et projeter d'amener au roi l'opinion, au-delà du cercle des croyants, devient une gageure derrière le Joug & les Flèches de la Phalange espagnole. Mais à titre personnel et sans intérêt particulier à la restauration qui vient - plus jeune, je me serais bien vu capitaine des gardes gasconnes protégeant notre jolie reine - je serais tenté de préférer le beau prince moulineur de maillet, déclarant avec fracas sa foi en la famille naturelle et en son Dieu, assumant l'héritage temporel en se montrant capable de le faire fructifier sur ses terres, plutôt que le bedeau de Dreux qui passe l'aspirateur dans la nécropole royale et ne convient, quand on lui parle, que de banalités qui défoncent les portes ouvertes. C'est assez triste finalement de ce côté, quand on devrait attendre plutôt du renfort sur un ordre de bataille résolument capétien. Mais bon...

On arrive ensuite au cœur de métier de l'association : l'histoire inédite. C'est au prétexte des brefs Mémoires de la marquise de Bonchamps, sa veuve, que l'on suit la guerre du meilleur général que l'Armée catholique et royale ait jamais eu, même si ce n'est pas son nom qui vient en premier sur les lèvres des chouans d'aujourd'hui. Et pourtant il fut du dernier carré le 10 août aux Tuileries. "Vive le roi, l'Angleterre et Bonchamps !" était alors un cri d'espérance. Mme de Bonchamps, Mme de La Rochejaquelein, deux marquises qui ont fait campagne au milieu des gueux en guerre, de vraies natures, on aimerait en savoir plus. Justement ! Le biographe de la marquise, Alain Gaillard, nous invite, sur encart posté dans la revue, à sa conférence-dédicace du 17 novembre prochain, manifestation précédée d'une virée sur les traces du général et d'un déjeuner-débat au Poisson d'Argent (il suffit de passer le pont d'Ingrandes et à droite). En attendant, le n°125 de Savoir vous en offre neuf pages richement illustrées pour préparer vos questions.

Ce n'est pas fini. Mais non ! Il vous faut découvrir séance tenante Daniel-Thimothée Dubin de Grandmaison (1764-1833). Si ce n'est pas le curé d'Ars, c'est un abbé quand même, et de sacré caractère ! Une notice biographique d'un vicaire de rencontre signale que "M. Dubin a conservé dans ce pays la réputation d'un homme gai, aimant la compagnie, le jeu et la bonne chair". Il n'y a pas de faute d'orthographe. Xavier Maudet se régale à nous narrer les péripéties pastorales et guerrières du bon abbé qui, arguant de ses campagnes, obtiendra une légion d'honneur le 18 mai 1820, preuve qu'il savait terminer une légende. Je signale aux casuistes que la rapacité du chanoine ne contrevient en rien à ses promesses sacerdotales puisqu'ils ne font pas vœu de pauvreté contrairement à une idée reçue hors les murs, les moines si !

J'arrive au bout. Déjà ? Quand on referme la revue Savoir (à feuilleter par ici) on ne peut s'empêcher de penser que ces Chouans de 93 étaient des géants. Qui sommes-nous dans nos petites besognes, nos soucis de retraite, nos taxes foncières, nos princes affairés et la facture du fuel domestique ? Il faut lire le prochain numéro. Absolument ! Pour respirer l'air iodé de la Vendée. La quatrième de couverture nous propose un abonnement d'essai à 25 euros ! C'est donné, je prends.

Envoyez votre adresse et un chèque à :

Vendée Militaire
2 Avenue de la Gare
49123 Ingrandes-sur-Loire




Pour finir, nous nous permettrons de citer l'article "L'Affaire de Quiberon" de Royal-Artillerie publié en 2005 et qui cherchait à éclairer les motivations des acteurs de cette guerre, du moins en zone Bretagne. C'est l'occasion qui se présente. Merci.