vendredi 4 janvier 2019

Le Grand Débat en question ?

(©François Guillot/AFP)


« Qu'ils viennent me chercher !» restera dans les Annales républicaines au même titre que la brioche de Marie-Antoinette, la marque d'une inconséquence. Ils viennent, sire, et chaque jour plus près. Dans quinze jours nous commémorons la décollation du roi, n'y voyez aucune prémonition.

Comme tous ses prédécesseurs en crise, le pouvoir réagit en biaisant, par subterfuges afin de se dédouaner par avance des décisions à suivre qui pourraient être difficiles à vivre, le plus grotesque étant ce grand débat national encadré qui ne vise qu'à noyer le mécontentement général sous les formes démocratiques d'une procédure usée jusqu'à la corde. Comme dans les conférences internationales où le communiqué final est mis en forme dès le premier matin, le pouvoir a signalé qu'il continuerait comme avant quoiqu'on en dise, avec quelques ajustements à la marge pour adoucir les effets collatéraux du programme 2017. "Nous ne détricoterons pas le Quinquennat", s'est aventuré à dire le porte-parole Griveaux. Et bien évidemment, les sujets sensibles comme l'immigration sont retirés de l'agenda alors qu'elle est le premier souci de l'opinion, à ce que disent les derniers sondages IFOP du 26 novembre et BVA du 6 décembre 2018 après le dernier Eurobaromètre standard 90 de la Commission européenne de l'automne 2018. En faut-il encore ?

D'un côté, la bienpensance trie les sujets que le peuple "peut comprendre" en éliminant la peine de mort, le mariage des folles, la PMA des vierges, le lancer de nain, d'un autre côté, elle demande au même peuple de lui donner les clefs de sa propre perpétuation. Enfumage total. Qui s'y prête ? Sans doute pas les royalistes, même s'ils ne sont pas convoqués es-qualité par l'histoire immédiate à défaut d'avoir le plan de sortir de crise avec une queue de trajectoire praticable. Mais cela n'empêche pas d'y réfléchir tout de suite car tout va se passer hors-débat, maintenant.

Le site RoyautéNews abat ses cartes en trois applications concrètes de la thèse maurrassienne (l'autorité en haut, les libertés en bas), que l'on pourra lire en détails en cliquant ici et que nous résumons ci-dessous :

(a) Etablir localement le socle "Gilets jaunes" en bombardant maires et députés de demandes de corrections d'injustices et tous sujets de mécontentement.

(b) Propager sur les réseaux sociaux les insuffisances d'un Etat qui se protège derrière le mur d'une République "antédiluvienne". Exiger une réforme profonde des institutions qui explicite de vrais contre-pouvoirs autonomes et le contrôle de l'exécutif (ndlr : la Constitution a été complètement dévoyée par le césarisme).

(c) Cesser le cycle des réflexions en petits comités, observatoires, think-tanks et agir concrètement pour faire reculer l'Etat jusqu'au seuil de son domaine essentiel en détruisant ses empiètements.

Ce n'est pas une réforme mais une révolution. Et les parlementaires de la majorité présidentielle le ressentent bien, eux qui crient au charron en se proclamant élus pour cinq ans au jeu du chat perché. Pathétique d'aveuglement.

J'ai souvent sur ce blogue reproché à Louis XVI d'avoir subi la Révolution française, vautré dans le char du roi fainéant, alors qu'il aurait dû jeter le cocher au ravin et prendre les rênes pour conduire le changement (afin que rien ne change, dira-t-on plus tard). Il en avait toutes les capacités intellectuelles et cognitives - le prince le plus instruit de son temps - mais il n'avait aucune intuition politique ni la trempe de caractère voulue. Emmanuel Macron est dans le même cas. Intelligent, il ne voit rien au-delà des rapports d'étape produits dans les soupentes du Château. Le 31 décembre, si l'on ne pouvait attendre raisonnablement sa démission, il aurait pu jouer la tour et le fou avec la dissolution de la chambre basse et un référendum constitutionnel pour réformer le parlement en y insérant le référendum d'initiative citoyenne réclamé par les trois-quart des Français. Dès le 2 janvier, le pays n'aurait parlé que de ça, tout l'espace politique et médiatique aurait été submergé par les campagnes politiques initiées par la présidence ; les Gilets jaunes rentraient chez eux. Chapeau, aurait-on dit ! Mais pour ça, il faut des couilles de bison !


Nous souhaitons que RoyautéNews creuse la question de l'agit'prop à la base. Pour notre part, nous diffusons notre absolue défiance à l'endroit du grand débat national encadré et nous privilégions la multiplication des actions de terrain dans les cellules politiques de base, communes et cantons. Mais il faut faire masse et que la limaille de fer s'oriente dans le champ de l'aimant. On en reparle...... d'ici là, Michel Fugain remastérisé par les Gilets jaunes :



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