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Instex !

... ou les délices de la compensation.


Aujourd'hui démarre le système de troc international européen visant à contourner l'hégémonie américaine sur le commerce extérieur iranien. L'articulation du dispositif est celle de la compensation commerciale que pratiquent certains pays développés avec le quart-monde. La France est un acteur important de compensation depuis les décolonisations, les pays tiers n'ayant pas assez de devises convertibles nécessaires aux importations indispensables. Une figure connue de ce milieu était Jacques Cresson, époux d'Edith Cresson, ancien de chez Peugeot qui jusqu'à sa mort en 2001 présida aux activités de l'ACECO (Association pour la compensation des échanges commerciaux). Ce fut dans ses fonctions de conseil aux entreprises un homme disponible, attentif et patient. Son expérience permettait de vendre n'importe quoi n'importe où à n'importe qui. On estime la part de commerce compensé au dixième des échanges nord-sud, ce n'est donc pas anecdotique, mais ce chiffre inclut le troc pur (barter trade) et le rachat de production des équipements livrés (buy-back). Dans le cas d'INTEX, il s'agit de compensation croisée comme le montre l'article de RFI ci-dessous. On utilise parfois le terme plus sec de "contre-achat". Comment ça marche ?

Exemple : le Laos a besoin de pièces de turbines pour ses barrages hydroélectriques. Le gouvernement veut conserver son petit stock de devises convertibles pour ses importations alimentaires car les récoltes ont été insuffisantes. Le fournisseur français de pièces de rechanges propose un contre-achat et demande ce que le pays veut troquer. Le Laos propose du textile et des plantes médicinales, bases d'huiles essentielles. Schématiquement, le fournisseur cherche et trouve un marché de bases pharmaceutiques en Allemagne. Commencent alors les calculs des valeurs intrinsèques réciproques et des valeurs d'échange, soit les prix de marché moins les frais bancaires et commerciaux et commissions de troc. Quand tout est calé, le fournisseur de pièces de turbines vend ses pièces au Laos et les bases pharmaceutiques en Allemagne. Sans le savoir peut-être mais qu'importe, le laboratoire allemand paiera en réalité les pièces de turbines au fournisseur français, le Laos ne sortira aucune devise convertible. Il suffira de mobiliser ensuite la logistique et les crédits documentaires.
Nota : L'expression documentaire de l'accord de contre-achat est un peu plus compliquée qu'un échange de lettres de crédit mais elle ne vise qu'à la sûreté de l'échange accepté.

On s'aperçoit déjà qu'il n'y a eu aucun autre flux financier que le virement du laboratoire vers le fournisseur français. Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, il n'y aurait eu aucun flux monétaire international (hors marché unique européen) et pour peu que les frets, assurances et manutentions soient exprimés et réglés en euros ou en livres sterling, la transaction n'apparaîtrait pas sur les écrans radar américains, sauf bien sûr à utiliser la CIA pour traquer tout le commerce laotien, ce qui serait facile. Mais qu'en sera-t-il du commerce iranien ? L'article de Radio France internationale proposé gratuitement par cette chaîne d'information nous éclaire :



Il y a fort à parier que l'enfant hyperactif de la Maison Blanche entrera dans une colère noire à voir s'évanouir un levier de contraintes "imparables" qu'Israël lui a imposé contre la République islamique d'Iran. Le Piéton du roi s'attend à des représailles sanglantes qui pourraient mettre en péril l'Alliance atlantique si les choses s'envenimaient. D'un autre côté, se mettre à dos l'Europe, après la Chine, la Russie et le Japon, convoque un faisceau d'intelligences que l'on ne voit plus dans le fameux bureau ovale. Tout est possible.