mardi 19 mars 2019

Recoudre la nation par l'État

L'effilochage de ce qui fut la nation française* et les sursauts de cohésion que traduit le mouvement des gilets jaunes signalent un pays en crise profonde strié de fractures en tous sens. D'aucuns s'en désespèrent jusqu'à demander "quoi faire". Royal-Artillerie propose d'agir au niveau de l'enjeu, bien loin de la timidité et de l'amateurisme des pouvoirs en place chaque jour un peu plus déconcertés. Les réflexions ci-dessous ont été laissées sur le site LFAR de la Restauration nationale ; elles entrent en archives R.A. :



Même si le paysage politique et social est glaçant comme le dit si bien Pierre Builly sur La Faute à Rousseau, il reste un horizon, à condition de réfléchir les pieds au sol et se méfier des "grands principes" définitifs. Le pays est tellement dans la merde qu'on peut s'asseoir sur beaucoup de principes quels que soit leurs illustres originateurs. Place au pragmatisme. Un royaliste peut y trouver son compte.

Il faut sauver le régalien d'abord, et la pratique de la Vè République peut y aider. Deux domaines sont déjà disjoints du gouvernement de Matignon, les Armées et la Diplomatie. Il suffit (?) d'y rajouter la Police nationale et le Trésor public avec les TPG départementaux, pour avoir déjà un Etat central solide.

Pour compléter le domaine réservé, il faut réformer la Justice haute, rock bottom, en détruisant d'abord l'Ecole nationale de la magistrature et en revoyant tous les liens entre les hauts pouvoirs de la République (Elysée, Sénat, Assemblée) et les structures judiciaires de niveau national tels que les conseils, cours, autorités attachées, afin de désyndicaliser les tribunaux... puis remettre de l'argent dans cette fonction essentielle comme le font tous nos voisins.

Une fois réservé, le domaine régalien devrait être arraché à la dispute démagogique (dite démocratique) et remis à un pouvoir permanent au-dessus de la mêlée. On peut inventer ce qu'on veut... même un roi en commençant par rétablir le septennat.

Les autres domaines du gouvernement du pays pourraient être partagés entre Matignon et les treize régions (comme en Allemagne) qui pousseraient ensemble les réformes nécessaires, nombreuses et urgentes dans les transports, l'éducation, le climat, l'énergie, la santé, vieillesse, alimentation, sécurité publique (polices municipales), les cours consulaires, juges de paix, le fisc régional, etc... Tous ces champs d'action nourriraient les parlements régionaux et national dans la grande tradition des grands étripages gaulois, mais au moins le socle essentiel de l'Etat serait mis en sûreté.

Cela pourrait obliger à revoir l'épure monarchiste devenue obsolète et différer sine die la remonte de l'Armée catholique et royale. Au moins les militants bosseraient-ils sur du concret avec une gestion par objectifs des étapes de réflexion pour construire un régime rénové. Quant au prétendant, il aurait du grain à moudre pour une queue de trajectoire enfin jouable.

Idiot ? Je ne sais pas.


(*) La nation, telle que nous l'avons connue au sens de Renan, a duré moins moins longtemps qu'on ne l'imagine parce qu'elle n'a pu s'exprimer que par la centralisation capétienne. Elle va de l'échec de la Fronde à la crise de 1929 (1932 pour la France) qui va faire le lit de l'internationalisme (SFIO, PCF), 280 ans environ.

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