mardi 28 mai 2019

Clap de fin pour Les Républicains ?

Faire boire un âne qui n'a pas soif, tel était le défi de François-Xavier Bellamy. Le décollage des sondages avait rallié à lui les éternels prébendiers qui viennent au secours de la victoire mais tout était faux, sauf le talent.

Les gérontes enfuis sous les parasols de l'Olympe se frottent les mains ; ils ont fait le bon choix. Alain Juppé a été payé cash ; Jean-Pierre Raffarin recevra un chèque en bois car nul n'a besoin de ses pirouettes-cacahuettes, pas même pour la Chine où il gobe tout ce que les autorités lui servent, mais on a parlé de lui à la télé ! En plus il a adhéré sans connaître aucun des deux programmes, ni celui du Château ni celui de sa formation ; c'est la définition même du "dîneur". Xavier Bertrand fait carrière au soleil du Nord, craignant toute ombre qui le dissimulerait aux foules enthousiastes. Jean-François Copé a justement attendu les convictions exprimées pour s'engager, comme quoi ce parti est un self-service des valeurs. Gérard Larcher comme Valérie Pécresse, ayant marqué des réticences sur le CV "Sens Commun" de la tête de liste, sont dans le « Je vous l'avais bien dit !»

LR-2019, le parti Les Républicains, est le résidu sec de la liquéfaction du parti-écurie présidentielle formé d'agrégats intéressés par l'issue victorieuse d'un chef et par les rétributions qu'il engage à leur endroit mais ne partageant pas la même idéologie, c'est peu dire. Quand s'éloigne la victoire, chacun revient sur ses fondamentaux quand il en a, ou bien au métier d'extracteur en voix s'il n'en a pas d'autre. Ne faisons pas la revue des grandes gueules déçues, elles passent en ce moment le Styx vers les enfers de l'inutilité. Le pays n'en veut plus. Ce n'est pas Bellamy qu'on a refusé, c'est la liste et le politburo.

Pourquoi dès lors chercher à revitaliser, rassembler ? C'est un leurre. Pourquoi ? A écouter les commentaires amers des caciques, on entend critiquer l'axe de campagne, les choix du président Wauquiez, la trocadérisation du discours de M. Bellamy. Si vous réfléchissez - une minute ne rend pas migraineux - vous découvrez que le gros problème de ce parti d'agrégats disparates est de changer de convictions. Les convictions c'est pour les cons. Il faut promouvoir des convictions qui gagnent ! On perd ? Changeons-les pour des convictions qui gagnent. Mais qu'on se rassure, c'est pareil au Parti socialiste.

Pour bien comprendre, écoutez ce que disent au même moment les Insoumis. Ils acceptent d'avoir fait des erreurs de propagande, des colères inutiles, et surtout un déficit d'empathie, des maladresses avec les Gilets jaunes, mais à aucun moment il ne leur viendrait à l'idée de renier leurs convictions pour en choisir d'autres plus rémunératrices en voix.

Les deux partis de la vieille gouvernance (PS et LR) sont à l'étiage pour n'avoir pas brandi les bonnes convictions ! C'est énorme. C'est pourquoi nous recommanderions, si la question nous était posée, d'incinérer le parti des Républicains jusqu'aux racines, de débander ses permanents, de rembourser les cotisations avec l'argent de la vente de l'immeuble et de mettre ses élus au pilori pour vagabondage de valeurs, sauf Patrick Balkany qui n'a jamais varié !

Après quoi viendra le temps de monter un parti de droite convaincue, avec des lignes sociétales claires, un projet européen lisible, une doctrine économique moderne sue de tous et un véritable amour du pays. Le dernier jour de la campagne électorale des Européennes, Laurent Wauquiez dans un ultime élan signalait que "sa" liste pousserait à reconnaître les racines chrétiennes de l'Europe à Strasbourg. Ce serait une belle bannière au-dessus d'un programme nouveau, assumé dans la fierté, avec les valeurs gréco-romaines qui vont bien aussi. Peut-être que les fondateurs de ce nouveau parti trocadérien recruteraient-ils parmi les segments sains de la Nation et plus seulement dans la bourgeoisie affairée et cupide. On peut rêver ?


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