Hong Kong s'insurge contre la loi d'extradition à partir d'un Etat de droit actionnant une justice équitable vers un Etat dictatorial agitant une justice parodique qu'on ne dénonce même plus au cinéma tellement la caricature est outrée et finalement invraisemblable pour le red neck du drive-in.
Les vieux Chunguotrou savent depuis toujours que la signature du Parti communiste chinois n'a de valeur que tant que l'encre est humide ; à minuit, revoilà la citrouille ! "Un pays, deux systèmes" fut le slogan magique qui devait conquérir les cœurs et les économies des Hongkongais puis des Taïwainais pour une réunification dans la joie ! Chassez le naturel, il revient au galop : un parti communiste au pouvoir doit faire sentir le poids du talon aux peuples qu'il soumet.
C'est ainsi que furent déversés sur Hong Kong des centaines de milliers de Continentaux pour changer le sang, une expression chinoise désignant une transfusion démographique. Aux heureux élus d'un exil en Occident il n'est demandé qu'une loyauté sans faille, mobilisable à première demande, sans reproches ni murmures. Puis vient la mise au pas de toute la fonction publique menacée dans son statut, après quoi, on s'attaque aux idées. On capture des libraires, des hommes d'affaires, des jeunes turbulents dans une stratégie d'instillation de la peur.
Mais le Hongkongais est un Chinois admirable de courage, d'inventivité et d'ardeur au travail. Les brutes communistes ne comprennent pas que toute la richesse de Hong Kong provient de ses habitants et continue à prospérer sur les atouts de cette race. Transfusez et vous aurez dans vingt ans, un grand hub aéro-maritime fusionné avec Shenzhen, mais peuplé de fourmis sans intelligence. Parce que le vrai défi de la Chine populaire n'est pas où on l'imagine, ni dans la fracture sociale, le vieillissement général, le passif monstrueux des banques, ni dans la pollution démente des conurbations, mais dans le caporalisme de ses ingénieurs.
A quoi sert-il de produire des ingénieurs par milliers s'ils sont formatés à l'obéissance, la mutualisation des risques, l'interdiction de penser en dehors de son couloir. Les challenges de demain convoquent des Bill Gates dans des garages, pas les playmobils des universités chinoises aussi prestigieuses soient-elles dans les classements froids. Et ça, tous les patrons de bureaux d'études occidentaux délocalisés en Chine populaire le confirment : ils n'ont pas encore vu de génies mais des fonctionnaires de l'industrie faisant carrière.
Pour Hong Kong c'est trop tard. En faisant défiler l'Armée nationale populaire lors de l'anniversaire des vingt ans de la rétrocession anglaise, Xi Jinping sur chenilles a indiqué qu'il aurait toujours le dernier mot, quoiqu'il en coûte aux Hongkongais. Si les Ouighours ont vaguement perçu le message et se retrouvent aujourd'hui concentrés en camps de rééducation pour un bon million d'entre eux, ceux qui l'ont reçu fort et clair sont les Taïwanais qui refusent de passer sous le joug de la Connerie en bottes de fer. Il serait élégant de la part du Japon et des Etats-Unis de leur permettre de continuer à vivre dans la dignité, rien que ça ! Est-ce trop demander ? Sans doute oui en géostratégie !