samedi 8 juin 2019

Tant qu'il restera des hommes...



Faut y aller, on y va !



Les acteurs du drame sont les hommes de la mer et les bateaux sensés rester dessus.

Le Carrera était un fileyeur de 10Tx construit en polyester chez Blamengin à Boulogne-s/Mer en 1979, motorisé par un Baudouin 6W126 de 400 chevaux (source et copyright Bateaux-Fécamp)
Les photos de Georges Rault (cliquez sur la source ci-dessus) montre un vieux chalutier armé d'un gros tambour d'enroulement, capable d'entrer dans une longue houle océanique voire une mer formée, mais sans doute pas dans des creux à murs déferlants de six mètres ! Ce qui a poussé le patron Tony Guibert à sortir à 5 heures du matin avant la tempête Miguel annoncée par Météo-France pour 7 heures, ne peut être autre chose que le besoin impérieux de pêcher. Pensait-il ne sortir que deux heures ? Pour une fois, ce n'est pas un plaisancier, un surfeur ou un véliplanchiste qui a fait l'erreur fatale, mais un professionnel aguerri qui savait le chenal des Sables très difficile par suroît et donc qu'un retour au port pouvait être scabreux s'il s'attardait.
On ignore le facteur qui lui a fait déclencher sa balise de détresse parmi toutes les possibilités dont bien sûr le chavirage brutal. La panne moteur sur un Baudouin est la moins probable, une avarie de gouvernail est possible, tout comme la même cause que celle ayant surpris le canot de la SNSM, bris des carreaux de timonerie engageant beaucoup trop d'eau et formant une carène liquide annulant la stabilité du bateau. La cabine du Carrera est échouée sur la plage. L'enquête nous dira tout, si la mer rejette aussi la coque.
Le canot tout-temps "SNS061 Patron Jack Morisseau" était supposé insubmersible et auto-redressable quoique en fassent douter les larges surfaces vitrées et son dessin de carène. Conçu dans les années 80 sur un profil de pêche côtière mais sur-motorisé, il éprouva beaucoup de mauvais temps dans sa longue carrière, mais avait quand même été mis en réserve à la station des Sables d'Olonne, remplacé par un meilleur modèle nouvelle génération présentement en maintenance. Le nouveau aurait-il fait mieux ? Rien ne le prouve si la vitrerie de la timonerie est la même.
SNS061 en mission


Les faits relatés aujourd'hui en conférence de presse dans les bureaux de la SNSM des Sables se résument à peu de choses en dehors de l'horreur du chavirage. Une vague verticale plus forte que les autres a explosé les carreaux faisant s'engouffrer des paquets de mer dans la timonerie qu'ils ont rendue inutilisable. Chargé dans les hauts, le canot a chaviré et s'est redressé au moins deux fois, embarquant plus d'eau à chaque tour. Visibilité extérieure nulle. Visibilité intérieure nulle. Des marins jetés à la mer, d'autres bloqués dedans, la carène drossée sur les rochers de la côte par une mer déchaînée. C'était un jour sans, sans bonne étoile.
Plutôt que de polémiquer, saluons le courage de cette troisième race* d'hommes et envoyons chacun un chèque à la Société nationale de sauvetage en mer, et préservons la liberté d'accès à l'océan contre les régulateurs en tout genre qui nous pourrissent la vie pour notre bien. Payons à la SNSM des canots plus sûrs capables d'affronter les éléments naturels de nouvelle génération. Nos condoléances aux familles des sauveteurs morts par devoir.


SNSM - LES SAUVETEURS EN MER
8, Cité d’Antin
75009 Paris
Tél. 01 56 02 64 64

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(*): « Il y a trois races d’hommes : les morts, les vivants et ceux qui vont sur la mer » disaient les anciens Grecs


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