Quand le président Giscard d'Estaing proposa que les chefs des six plus grands pays de l'OCDE passent trois jours ensemble loin des affaires pour discuter de l'état du monde, il n'eut qu'à choisir un des nombreux châteaux de France, proche d'un aéroport. Et ce fut Rambouillet. Chacun savait parler directement à son homologue, le sommet était en anglais et en français, et les fauteuils les plus occupés étaient ceux qui regardaient la cheminée. On était en novembre. La déclaration finale mérite sa lecture en cliquant ici. Les pays s'orientaient vers la libéralisation des échanges pour palier les désagréments du choc pétrolier de 1973. Notons qu'il y avait eu précédemment des réunions à Washington entre ces mêmes partenaires pour harmoniser les réactions vis à vis du défi pétrolier "arabe" provoqué par Kadhafi et Mattei (ENI) contre les Sept Soeurs*.
En pleine guerre froide, la géopolitique du moment était pire qu'aujourd'hui. On ne se posait pas la question d'être sérieux. Aujourd'hui on cherche à faire sérieux ! D'où le barnum du 45ème G7 à Biarritz. Le président Macron, à qui l'on reconnaît une belle aisance rhétorique, joue l'affaire comme un festival d'Avignon basque. Admirez-moi, admirez-moi ! Et toute la côte est sous occupation du pouvoir central pour que la parade des démocraties soit réussie. Le détail des dispositions de confinement a de quoi surprendre en plein mois d'août le long de la très touristique côte basque. Qui entrera dans la ville bunkerisée pendant les trois jours de l'exercice ? Mais le maire de Biarritz est content. Il sera sur la photo.
Bien sûr le sommet appelle un contre-sommet qui lui se tiendra à Hendaye. Sans émeutes, quoi se mettre sous la dent ? La presse attend du sang comme à l'accoutumée, en rappelant les G7 qui ont dérapé comme à Gênes. Elle fait des émissions sur le black block, parle d'abondance des alter-mondialistes, antifas et autres alternatifs écologistes jaunes ou verts. Jean-Dominique Merchet, et bien d'autres avec lui, ne saura se contenter des punchlines de Donald Trump et du communiqué final en langue de bois. Il énumère sur LCI tous les risques potentiels avec une gourmandise non dissimulée. Il va y avoir du sport, ne quittez pas l'écran !
Mais il manquera l'acteur qui donnait la réplique jadis. Aussi pour rehausser le prestige national, monsieur Macron a recréé le prologue de Paillasse en invitant le petit Csar à Brégançon. Débarqué d'un hélicoptère lourd plus grand que le "fort", Vladimir Poutine s'est prêté à la représentation théâtrale qui s'est déroulée à nul effet, comme prévu. La Russie est prise au piège de l'hybris poutinien qui a fait l'erreur stratégique de Crimée. Si la reprise de la municipalité russe de Sébastopol pouvait se fonder sur des motifs historiques qu'on ne rappellera pas (Catherine II etc), capturer toute la Crimée était stupide à deux points de vue : cela déclenchait la bronca occidentale et des sanctions très pénalisantes ; le pays est un désert stérile sans eau ni électricité, cher à entretenir et à sécuriser, pure perte ! Eut-il réfléchi avant de lancer ses troupes anonymes, que Poutine aurait eu tout le temps d'expliquer pourquoi "Sébastopol" était russe pour l'éternité et moyennant une compensation financière, aurait réglé la question avec l'Ukraine (qui se gardait le désert !). Et qui pis est, la guerre à bas bruit du Donbass et de la passe de Kertch n'est justifiée chez l'état-major russe qu'en défense de la péninsule de Crimée. En attendant ? en attendant on fera semblant.
Le G7, qui a dérivé lentement du club anglais plein cuir à la foire de Chatou, va être remodelé par la présidence française, ainsi que nous l'explique le site officiel de l'Elysée :
Vont donc s'ajouter aux fondateurs, l'Afrique du Sud, le Chili, l'Australie, l'Inde, Le Burkina Faso, l'Egypte, le Sénégal, le Rwanda ; et des associations de défense des libertés civiles dont le nom est affublé du chiffre "7", tels Youth7, Labour7, Women7 etc...
Si on dit barnum, c'est bien le Barnum historique à trois pistes où seule la piste centrale est intéressante.
Fallait-il bloquer le Pays basque en plein été pour trois jours de cirque ? On notera pour finir qu'à l'exception des Etats-Unis, aucun des pays participants n'a de problème avec un autre pays présent à Biarritz. Mais tous ou presque ont de graves problèmes avec des pays hors-G7. Ce qui souligne l'inutilité du show diplomatique à l'intention des masses laborieuses et démocratiques.
En pleine guerre froide, la géopolitique du moment était pire qu'aujourd'hui. On ne se posait pas la question d'être sérieux. Aujourd'hui on cherche à faire sérieux ! D'où le barnum du 45ème G7 à Biarritz. Le président Macron, à qui l'on reconnaît une belle aisance rhétorique, joue l'affaire comme un festival d'Avignon basque. Admirez-moi, admirez-moi ! Et toute la côte est sous occupation du pouvoir central pour que la parade des démocraties soit réussie. Le détail des dispositions de confinement a de quoi surprendre en plein mois d'août le long de la très touristique côte basque. Qui entrera dans la ville bunkerisée pendant les trois jours de l'exercice ? Mais le maire de Biarritz est content. Il sera sur la photo.
Bien sûr le sommet appelle un contre-sommet qui lui se tiendra à Hendaye. Sans émeutes, quoi se mettre sous la dent ? La presse attend du sang comme à l'accoutumée, en rappelant les G7 qui ont dérapé comme à Gênes. Elle fait des émissions sur le black block, parle d'abondance des alter-mondialistes, antifas et autres alternatifs écologistes jaunes ou verts. Jean-Dominique Merchet, et bien d'autres avec lui, ne saura se contenter des punchlines de Donald Trump et du communiqué final en langue de bois. Il énumère sur LCI tous les risques potentiels avec une gourmandise non dissimulée. Il va y avoir du sport, ne quittez pas l'écran !
Mais il manquera l'acteur qui donnait la réplique jadis. Aussi pour rehausser le prestige national, monsieur Macron a recréé le prologue de Paillasse en invitant le petit Csar à Brégançon. Débarqué d'un hélicoptère lourd plus grand que le "fort", Vladimir Poutine s'est prêté à la représentation théâtrale qui s'est déroulée à nul effet, comme prévu. La Russie est prise au piège de l'hybris poutinien qui a fait l'erreur stratégique de Crimée. Si la reprise de la municipalité russe de Sébastopol pouvait se fonder sur des motifs historiques qu'on ne rappellera pas (Catherine II etc), capturer toute la Crimée était stupide à deux points de vue : cela déclenchait la bronca occidentale et des sanctions très pénalisantes ; le pays est un désert stérile sans eau ni électricité, cher à entretenir et à sécuriser, pure perte ! Eut-il réfléchi avant de lancer ses troupes anonymes, que Poutine aurait eu tout le temps d'expliquer pourquoi "Sébastopol" était russe pour l'éternité et moyennant une compensation financière, aurait réglé la question avec l'Ukraine (qui se gardait le désert !). Et qui pis est, la guerre à bas bruit du Donbass et de la passe de Kertch n'est justifiée chez l'état-major russe qu'en défense de la péninsule de Crimée. En attendant ? en attendant on fera semblant.
Le G7, qui a dérivé lentement du club anglais plein cuir à la foire de Chatou, va être remodelé par la présidence française, ainsi que nous l'explique le site officiel de l'Elysée :
Le G7 [sera] l’occasion, en 2019, de faire évoluer le format du groupe, en y associant 1/ de grandes démocraties qui ont une influence régionale majeure ; 2/ des partenaires africains pour bâtir un partenariat renouvelé ; 3/ des acteurs clés de la société civile, avec l’objectif de former des coalitions autour de projets et de solutions pour lutter contre toutes les formes d’inégalités, de façon plus efficace, légitime, concrète.
Vont donc s'ajouter aux fondateurs, l'Afrique du Sud, le Chili, l'Australie, l'Inde, Le Burkina Faso, l'Egypte, le Sénégal, le Rwanda ; et des associations de défense des libertés civiles dont le nom est affublé du chiffre "7", tels Youth7, Labour7, Women7 etc...
Si on dit barnum, c'est bien le Barnum historique à trois pistes où seule la piste centrale est intéressante.
Fallait-il bloquer le Pays basque en plein été pour trois jours de cirque ? On notera pour finir qu'à l'exception des Etats-Unis, aucun des pays participants n'a de problème avec un autre pays présent à Biarritz. Mais tous ou presque ont de graves problèmes avec des pays hors-G7. Ce qui souligne l'inutilité du show diplomatique à l'intention des masses laborieuses et démocratiques.
(*) Les Sept Soeurs : BP, CFP, Texaco, Mobil, Chevron, Shell et Standard Oil