samedi 17 août 2019

Hong Kong, what next ?

Les pronostics sur l’issue de l’insurrection hongkongaise qui reprend des tours ce samedi, se perdent dans les sables de la géopolitique, analysée par des officines payées au mois. Et pourtant ils dépendent seulement du mental de quelques personnes du Comité central de Pékin, réunies dans une salle capitonnée à Zhongnanhai*.


Derrière son nouvel empereur, dont la pensée a été constitutionnalisée, les décideurs du PCC peuvent à regret accepter l’idée que Hong Kong n’est finalement pas indispensable au Projet du siècle, celui de ramener la République populaire sur les marches de l’empire disparu (c’est le programme du China Dream** endossé explicitement par Xi Jinping dès son accession). Si on n'intègre pas le China Dream dans l'analyse on n'y comprend rien.

Certes il y aura de graves inconvénients financiers à soumettre Hong Kong par la force, mais ceci ne les touchera pas personnellement puisque toute la nomenklatura se sera dégagée préalablement de l'île aux chimères. L’exode probable des expatriés non-Chinois et celui des jeunes Hongkongais diplômés qui auront trouvé un point de chute, sera compensé immédiatement par l’arrivée massive de Continentaux, présentement en surnombre dans certaines villes. Ceux-là resteront reconnaissants à jamais de cet ascenseur social. Hong Kong reste la perle de l'Asie quoiqu'on dise.

On s'attendra à ce que le niveau général des résidents baisse beaucoup, savoir-faire, talents et compétences étant partis, mais le projet du PCC de créer un cluster de trois métropoles (Shenzhen, Zuhai, et Hong Kong), déjà reliées par le « pont du siècle », diluera les inconvénients de la répression brutale dans le développement de la conurbation. Le peuple et l'Occident oublieront vite l’épisode, comme il en fut jadis à Pékin.

Je crois ces quatre ou cinq personnes capables d’encaisser quelques centaines de morts et dix fois plus de blessés et prisonniers pour garder la face ! D'autant que l'appel aux libertés démocratiques commence à résonner en Chine continentale dans certains milieux d'intellectuels. Pour bien caler les idées, souvenons-nous que le budget que Deng Xiaoping avait donné à Li Peng en 1989 était de 200.000 morts, la Chine éternelle valant bien ça ! A voir les conditions actuelles de conversion forcée des Ouighours au Xinkiang (plus d’un million en camps de redressement), on ne peut pas douter que ces réflexes subsistent ! Les dirigeants actuels sont le produit de la précédente génération d'assassins.

A ceux-là qui se fient à la bonhommie du grand leader Xi, j'offre un courte vidéo de la parade militaire offerte à Hong Kong pour le vingtième anniversaire de la restitution britannique. Observez les détails, vous n'êtes pas à Pyongyang, et pourtant. Chacun comprendra que le président-prophète ne risquera jamais de se laisser ridiculiser, ce qui en Asie est mortel, contrairement à chez nous. S'il faut écraser, cette armée écrasera ! Aucune autre considération que la face ne sera déterminante pour les maîtres d'un pays sans Etat de droit. L'artiste dissident Ai Weiwei croit l'écrasement possible. Partout l'inquiétude monte car chacun sait que le communisme ne sait pas débattre ! Espérons nous tromper !




(*) Zhongnanhai est le complexe gouvernemental central à Pékin, situé à côté de la Cité interdite.

(**) Le Projet chinois réside tout entier dans le China Dream auquel le Piéton du roi se réfère toujours et qu'il résume à nouveau pour ses lecteurs récents :
- Revenir sur toutes les marches de l'Empire du Milieu en mobilisant partout le génie et le labeur chinois ;
- Dominer sans partage ni contestations dangereuses de la Selenge mongole aux Spratleys (nord-sud) et du K2 jusqu'à l'Amour (ouest-est) ;
- Contenir les empires voisins dans leurs frontières naturelles, l'Inde sur le piémont himalayen, la Russie blanche dans la steppe stérile au-delà des Mongols, le Japon vieillissant dans son archipel ;
- Acheter la neutralité bienveillante des nations de la péninsule indochinoise par des échanges économiques fructueux et des soutiens à contre-emploi (en Birmanie et au Cambodge);
- Tenir la mer (carence fatale aux Mandchous steppiques).

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