Il est difficile pour un blogue politique même à éclipse de ne pas dire un mot sur la disparition du Grand Jacques. Juste un mot. Par sa stature, sa gueule, sa carrière semée d'embuches qu'il franchira chaque fois, sa culture aussi, il restera comme le dernier président de la République à l'allure de président. Ses successeurs sont jusqu'ici à ranger dans la section des nains : Zébulon, Flanby et Micron ne font pas le poids.
Mais la carrure ne suffit pas, un président c'est de la politique ; et il y a du bon et du mauvais au bilan Chirac. On citera la défense inlassable de l'agriculture française à Bruxelles, la mise en porte-à-faux des faucons mouillés de l'administration Bush junior dans l'affaire d'Irak et en conséquence le refus à l'obstacle des principaux membres de l'OTAN, Royaume-Uni excepté. On lui doit aussi une politique d'équilibre au Proche Orient et une exploitation lucide et efficace des réseaux de la France-Afrique.
Le moins bon se résume pour moi à la dérive "rad-soc" où il s'abandonne aux combinaisons d'appareil et finalement cesse de faire pour ne pas mal faire ou ne rien défaire. Ses dernières années à l'Elysée furent très mérovingiennes, et ont suscité par son inaction chronique l'apparition de grands diseurs comme Sarkozy avec lesquels on allait voir ce qu'on allait voir mais qui se sont ligotés ensuite dans des sondages d'opinion pour s'abandonner à la petite politique, dans la grande tradition du régime démagogique que nous subissons.
Jacques Chirac est un personnage politique complexe qui entre dans l'histoire de France. Nul doute que la matière sera analysée en profondeur ; il y a de quoi faire de belles thèses à l'Université. Nos condoléances sincères à son épouse et sa famille ; où qu'il soit désormais, il aura quitté la guenille charnelle qui l'a trahi et sans doute est-ce un soulagement pour son entourage et lui-même. Qu'il repose en paix !
Par la messagerie de contact de ce blogue un lecteur me reproche une indulgence coupable vis à vis du président défunt. A dire vrai, il aurait disparu l'année de son départ de l'Elysée, j'aurais été bien plus sévère au plan politique et sans doute indiscret au plan personnel pour faire le buzz.
RépondreSupprimerMais depuis lors, trois présidents lui ont succédé à l'Elysée, que je considère comme des pignoufs. Aussi rehaussent-ils plus que de raison le souvenir que nous avons du "grand chef catholique" dans les arcanes de son humanité, avec ses erreurs, ses pires défauts, sa jovialité et son goût immodéré des "filles" comme disait son épouse. Chirac reste "humain" et puissant. C'est ce qu'il nous manque.