La réunion africaine de Pau sur les terres de Bayrou le visqueux est un coup d'épée dans l'eau du terrorisme. Alors que l'ambition du président Macron était d'engager plus avant les armées africaines du Sahel, formées convenablement par des instructeurs occidentaux depuis plus de deux ans, et d'enrôler sur un volet "renseignement et rezzou" les forces spéciales de nos partenaires européens, la décision finale est d'augmenter (petitement) le contingent français et le son des incantations collaboratives. Les réponses européennes arrivent timidement par pure compassion, mais le refus de l'Allemagne d'y participer détruit l'esprit de fraternité établi par la brigade franco-allemande. Sur le fond de l'affaire qui reste politique quoiqu'on en pense, il n'y a aucun progrès. Le colonel Goya a fait un point de situation remarqué auquel le Piéton renvoie ses lecteurs militaristes : De ma terre jusqu'au Sahel.
D'autres observateurs spécialisés, comme Lugan, nous promettent un ensablement au Sahel, et mon opinion est que, sans règlement contraint de la question touarègue et sans l'implication des deux armées arabes du Nord (Algérie et Maroc), nous chauffons dans le manteau un petit afghanistan qui va nous bouffer le foie. Après la reddition contrôlée d'Abidjan sur le crime colonial qui donne des billes à nos adversaires à l'intérieur et en Afrique, les revers probables au désert, où seule tient bon la Mauritanie, annihileront la politique africaine de la France. Ce sera sans doute le dernier clou dans le cercueil des ambitions de Brigitte Trogneux pour son élève !
Le reste va venir plus vite. Allons à l'essentiel : la mère de toute réforme socio-politique en France est la réduction du périmètre de l'Etat, partant, la réduction d'une dépense publique que le pays ne peut plus soutenir sauf à quêter en permanence chez les émirs du Golfe. On ne reviendra pas sur le péril de la Dette pour un pays moyen petit, sans rente ni imagination. Le retournement de conjoncture sur le marché des bons appellera un service de la dette qui ne pourra être assuré qu'en séquestrant l'épargne populaire résidente, l'épargne technique des initiés n'ayant pas attendu l'orage pour fuir.
Or M. Macron n'a pas avancé d'un pouce depuis deux ans et demi sur cet axe qui commande tout. Les réformes catégorielles (code du travail, statut de la SNCF) ne sont pas au niveau de l'enjeu. Ce pays crève de ridicule quand il est comparé à ses voisins. Qu'on parle du taux de prélèvements obligatoires, de chômage, du classement PISA, des dysfonctionnements généralisés dans la sphère publique (hôpitaux, transports, agriculture, services de proximité, désorganisation judiciaire, gestion de l'immigration, la liste est longue), nous sommes partout moins bons... et plus chers. Ce qui affecte mécaniquement le taux de confiance que nous accordent nos partenaires européens qui semblaient, à en croire la presse officielle, favorablement disposés à notre égard lors de l'avènement du jeune empereur. L'Europe sérieuse ne demandait pas moins que l'impossible à ce nouveau tribun dont les discours rappelaient les grandes envolées de la Société des Nations. Et la réforme de l'Europe, moins comptable, plus entreprenante, se paraît des atours de la conviction partagée. Il n'en reste plus rien ! Indice ? Après l'échec de la conférence libyenne de Moscou, c'est Berlin qui hébergera la conférence des Nations-Unies avec participation des protagonistes. Bien que présente dans le groupe des membres permanents du Conseil de sécurité, la France est marginalisée. Angela Merkel ne va pas se laisser voler la vedette par le président bavard d'un pays en faillite. Deuxième indice ? La défense européenne, marotte française, ne fait plus recette à Bruxelles ; la Commission envisage de faire des économies drastiques sur le volet PSDC du budget de l'Union et le Parlement européen a voté avant-hier le rapport annuel sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune par seulement 364 voix sur 707 exprimés. Greta Thunberg qui a "fait" 482 voix, pèse plus lourd qu'Emmanuel Macron.
L'Europe, défiée quotidiennement par les empires revenus et embringuée dans des conflits où elle refuse de combattre, n'attend plus rien de M. Macron. Et le problème d'icelui est bien que le peuple français pour les deux-tiers n'attend plus rien de lui non plus.
Le quinquennat est terminé confiait William Thay aux Echos d'hier (clic). Le projet de loi synthétique sur les retraites, amalgamant au régime général des droits particuliers pour les corporations les plus bruyantes, croise à angle droit le régime universel du point au même prix pour tous. Ecrasé par le front syndical des privilégiés, le pouvoir qui a laissé bêtement s'y agréger toutes les professions libérales, et qui a géré le mécontentement des Gilets jaunes en dépit du bon sens, est dorénavant interdit de réforme par la rue. Indice ? Après quarante-deux jours de grève et de galère, la moitié des Français soutient le mouvement des privilégiés ! On mesure la haine que M. Macron et son gouvernement ont suscité.
Quelques idées furent bonnes mais non suivies d'effet, comme les cahiers de doléances des états généraux informels que la Commission nationale du débat public savait gérer mais que l'intelligence artificielle du gouvernement Philippe s'avère incapable aujourd'hui de transformer en propositions. Autre bonne idée, le Conseil des 150 pour contrer l'évolution climatique ; le tirage au sort a été biaisé et il n'ira pas plus loin que l'ambassade des pôles. Le bateleur de l'Elysée y trouvera peu de satisfaction tant l'audience est lassée maintenant du marathon didactique transformé en one-man-show.
M. Macron n'est pas venu de nulle part. Il est le champion de la haute bourgeoisie socialiste qui détient des journaux d'opinion, des banques, des réseaux d'influence comme les francs-maçons et des affiliations internationales. Mais le brillant lauréat du concours général de la Somme, que l'on a trop souvent félicité dans la sphère privée, a pris le melon dès sa victoire. Au bénéfice du doute, on lui passait tout. Après Hollande le grisâtre, il fallait bien que ça change ! Puis les erreurs se sont accumulées, à commencer par la suppression de l'Isf qui, bien que promise, n'était pas une urgence des cent jours. Vint après la jupitérisation un insupportable dédain des gens qui manifestaient leur mal-être, jusqu'à la coagulation sociale des mécontents de la basse classe moyenne étranglée d'impôts sur les ronds-points, lesquels eurent assez tôt le sentiment d'être pris pour des peigne-culs.
Crut-il renverser la contestation par les réunions foraines de ville en ville où il montrait ses capacités de débatteur infatigable en bras de chemise ? Sincèrement il y a cru. Mais la bonne connaissance des dossiers n'induisait pas leur solution. Et de ça les Français se rendirent vite compte. Quoiqu'il dise aujourd'hui, hormis dans le camp assez étroit (+/-20%) de ses supporters, les gens se bouchent les oreilles. Il agace.
Quand personne ne vous croit plus en démocratie, on s'en va ou on tourne au satrape. Bien des indices laissent penser qu'au prétexte moral toujours réinventé, le pouvoir tourne à la tyrannie. Avec la loi Avia qui complète les lois anti-terroristes, nous allons entrer dans l'ère de la chasse aux dissidents. Welcome in 1984 !
Pour l'Afrique, que des conseillers politiques ou même des diplomates aient pu dire en clair dans des journaux d'info généralistes, que la présence française, esseulée, subissait, et presque même plus en sourdine, le trait perfide de "néo-colonialiste", n'arrange pas beaucoup...
RépondreSupprimerIl a manipulation manifeste de foules oisives par des islamistes radicaux qui sont les fourriers civils des djihadistes.
SupprimerLe vrai problème vient des pouvoirs publics respectifs qui s'avèrent incapables de contrer intelligemment ces manifestations ; à leur décharge, ils sont décrédibilisés par leur impuissance, leur incompétence et leur corruption.