mardi 14 janvier 2020

À chacun sa m...

Le premier djihadiste français de l'Etat islamique en Irak et au Levant est sorti hier lundi de prison après avoir fait son temps. Sans doute, comme Gilles le Guen capturé à Tombouctou et libéré pour bonne conduite l'an dernier, le dit Abdel Fattah (Flavien Moreau de Nantes) sera-t-il astreint à un pointage quotidien au commissariat du quartier, surveillé et soumis à d'autres mesures que nous ignorons. Une vingtaine vont le suivre cette année.
Au même moment, le Garde des Sceaux Belloubet se déclare favorable au retour des enfants regroupés dans les camps du Levant et au rapatriement des assassins-combattants qui ne peuvent pas être jugés en Irak pour d'évidentes raisons de sous-capacités du système judiciaire irakien. Les veuves noires feraient partie du lot.

Puisqu'en cherchant un peu, on trouve tout sur Internet, ce billet limite son ambition à réfléchir sur un dilemme majeur de notre époque et laisse chiffres et détails à la navigation de chacun. Disons simplement qu'on parle en centaines d'individus. Tant le président Erdogan que le président Trump demandent aux nations européennes de récupérer leurs ressortissants pour l'instant parqués dans divers camps (kurdes souvent) afin de garantir qu'ils ne s'évaporent pas un jour vers les zones de conflits à la faveur d'un aléa de la guerre au califat, et pour soulager l'ordinaire et le sanitaire des communautés qui les détiennent. La démarche se résume fort bien par l'expression triviale : "A chacun sa merde !" Les Européens - sauf les Danois qui les groupent dans une sorte de château d'If - sont très embarrassés parce que leurs systèmes judiciaires sont débilités par des décennies de "compréhension" à l'endroit des coupables en voie de repentir. Même si les condamnés ayant purgé leur peine restent normalement sous contrôle, sauf quand ils vont égorger le Père Hamel à St Etienne du Rouvray, nulle assurance n'est donnée quant à leur "conversion", leur retournement, leur normalisation. Les souvenirs des atrocités auxquelles ils ont assisté ou participé sont imprimés au fond de l'âme et rien n'indique que le plaisir qu'ils prirent jadis ne ressurgisse pas demain au moins en intentions. On en vient vite à la question de la peine de mort : c'est la seule police d'assurance et la moins chère en primes. Qui soutiendrait, et sur la base de quoi, que le peuple français broncherait à la liquidation de djihadistes ayant perpétré des crimes de sang dans toute l'horreur que l'EIIL nous a montré complaisamment dans ses reportages de propagande ? Une seule photo suffira, celle des Coptes égyptiens égorgés pour leur foi en Libye, mais il y en a de bien plus atroces que nous ne publierons pas pour éviter d'être accusé de racolage.


Une nation saine aurait déjà rapatrié ses ressortissants qui lui avaient déclaré la guerre. Mais la France n'en est plus une. Entre les débats byzantins sur la déchéance de nationalité, l'application tatillonne des jurisprudences quand le code ne suffit plus, le confort de l'incarcération sur instruction, les circonstances toujours atténuantes, les remises de peine, le pays est exposé comme jamais il ne le fut depuis l'armistice de juin 40. Qui a compris ça :

Nous avons en France une masse importante de musulmans radicalisés au seuil du terrorisme (FSRPRT): on parle de presque vingt mille ! Rapatrier les djihadistes de l'EIIL c'est à terme incorporer leurs chefs dans l'armée future du califat. Ce ne sont pas des caïds de cité qui rentreront mais des "cadres" ayant combattu dans les pires conditions et rescapés de durs combats où tombèrent des milliers de leurs camarades. Sans parler du prestige qu'auront ces détenus auréolés de gloire dans nos prisons françaises, on n'imagine pas l'influence des libérés sur parole dans cinq ou dix ans sur leurs communautés d'origine ! Et c'est bien là la faute majeure de ces gouvernements de danseuses qui ne savent pas trancher au col. Nous formons inconsciemment l'armée islamiste de l'intérieur. Espérons seulement que les bonnes âmes y passeront les premières.

Que faire d'autre sinon qu'une révolution ? Ce n'est pas la peine d'attaquer Mme Belloubet ; c'est la classe politique qui est rongée par l'affaissement moral de notre société, à moins que l'Etat profond qui est raisonnablement "tueur" ne prenne le dessus sur les intermittents de la Bêtise.

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